REVUE CULTURELLE

Votre Webmag de la Culture

depuis 1999

ACCUEIL   

CINEMA-DVD

FESTIVALS

EXPOS

CD-ROM

DISQUES

CONCERTS

TEMOIGNAGES

LIVRES

THEATRE

INTERVIEWS

SPORTS

SAVEURS

GASTRONOMIE

SPIRITUALITES

ESCAPADES

CADEAUX

 

Édition Semaine n° 19 - mai 2012

LEXNEWS EXPRESS : à noter sur vos agendas...

 

 

 

LES SELECTIONS CONCERTS LEXNEWS

LEXNEWS VOUS ACCOMPAGNE CHAQUE SEMAINE DANS L'UNIVERS DE LA MUSIQUE : CONCERTS, SALONS,...

OPERA DE NICE et L'Ensemble Baroque de Nice
 

INFOS EXPRESS

 
 

Collège des Bernardins
Jeudi 24 mai 2012, 20h
Nef

Ensemble Les Éléménts
(24 chanteurs a capella / dir. Joël Suhubiette)

Œuvres pour deux, trois, quatre, cinq et six chœurs.

Programme :
Giovanni P. da Palestrina, Stabat Mater à deux chœurs
Thomas Luis de Victoria, Magnificat Sexti Toni à trois chœurs
Josquin Desprez, Qui Habitat à six chœurs
Alexandros Markeas, Medea Cinderella à quatre chœurs
Felix Mendelssohn, Ehre sei Gott in der Höhe à deux chœurs
Frank Martin, Messe pour double chœur a cappella à deux chœurs.




Depuis le XIe siècle, la Maîtrise Notre-Dame de Paris et la Cathédrale ont accueilli des compositeurs qui ont constitué un patrimoine musical unique : Léonin, Pérotin, Renaut de Reims, Antoine Brumel, André Campra, Jean-François Lallouette, Jean-François Lesueur, Pierre Desvignes…
Cette liste est complétée par les nombreux organistes-compositeurs qui se succédèrent aux claviers du Grand-orgue de Notre-Dame et qui contribuèrent eux-aussi à l’enrichissement d’un répertoire spécifique à Notre-Dame. La valorisation de ce patrimoine inestimable constitue donc l’un des axes majeurs de programmation de la Maîtrise Notre-Dame de Paris.

Mais Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris est aussi attachée à la diversité de sa programmation musicale, du chant grégorien à la musique contemporaine, en passant évidemment par les chefs d’œuvre du répertoire vocal.
Dans le cadre d’une politique active d’ouverture artistique, des partenariats sont régulièrement mis en place avec des chefs et des ensembles vocaux ou instrumentaux prestigieux, qui permettent d’aborder dans les meilleures conditions artistiques les différents répertoires. Les activités de diffusion musicale de Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris s’exercent naturellement et prioritairement dans le cadre de la cathédrale Notre-Dame : concerts de la Maîtrise, auditions et récitals d’orgue, offices quotidiens et dominicaux, célébrations diocésaines, nationales et internationales.
Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris produit ainsi chaque année près de 120 manifestations (concerts de la Saison, auditions d’orgue dominicales, auditions de chœurs invités venant du monde entier) qui touchent un public de plus de 50 000 auditeurs. Au-delà, son action est perçue par les 13 millions de visiteurs qui viennent chaque année à Notre-Dame de Paris.
La Maîtrise Notre-Dame de Paris se produit aussi régulièrement dans de nombreux festivals : Festival d’Art Sacré de Paris, Festival d’Ambronay, Festival des Cathédrales de Picardie, Festival de Masevaux, Festival de Saint-Jean de Luz, Jeux d’orgues en Yvelines… Enfin, des enregistrements discographiques prolongent les activités de formation et de diffusion, mettant notamment en valeur le répertoire médiéval mais aussi la création contemporaine

 

 

Mercredi 9 mai 2012, 20h30 : MUSIQUE AU TEMPS DES PAPES D’AVIGNON
- CHANT GRÉGORIEN ET MUSIQUE MÉDIÉVALE
Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes
Direction Sylvain DIEUDONNÉ
 

Mardi 29 mai 2012, 20h30 : CANTIGAS DE SANTA MARIA
- CHANT GRÉGORIEN ET MUSIQUES MÉDIÉVALES
Maîtrise Notre-Dame de Paris
Direction Sylvain DIEUDONNÉ


Mardi 5 juin 2012, 20h30 : MAGNIFICAT
- PRAETORIUS, GABRIELI
Maîtrise Notre-Dame de Paris
Les Sacqueboutiers, Ensemble de cuivres anciens de Toulouse
Direction Lionel SOW
 

Mardi 26 juin 2012, 20h30 : CONCERT DE CLÔTURE
Maîtrise Notre-Dame de Paris
Direction Lionel SOW

LE MONDE DE LA LUNE de Joseph Haydn

THEATRE MOUFFETARD


 

Ah, bien sûr, nous sommes loin, ici, de l’ampleur de l’Opéra Bastille, des moulures du théâtre des Champs-Elysées, des dorures de l’Opéra Comique ou de la majesté de Garnier. Et je dois avouer que j’étais quelque peu intrigué, voire dubitatif, à la perspective d’aller voir un opéra au théâtre Mouffetard.
De fait, les premiers instants peuvent un peu déconcerter l’habitué des salles prestigieuses : un piano forte sur un coin de scène, un ancêtre d’ordinateur (version usine à gaz des premiers temps de l’informatique) au milieu, une tunique de technicien d’aéroport... Mais où est Haydn ?
Et bien, Haydn n’est pas très loin ! Il se cache derrière tout ça et ne tarde pas à apparaître. Alors, oui, c’est un Haydn sobre, dépouillé, presque minimaliste, avec seulement les chanteurs et le piano forte. Et dans cette petite salle, passé les premiers moments où l’on peut être un peu déconcertés, on peut tout à fait – et c’est ce que nous fîmes – se laisser prendre par cette intimité et cette proximité entre la scène et le public, tout à fait inhabituelles pour lesdites salles prestigieuses, mais aussi – et surtout - très agréables. De plus - le thème du livret s’y prêtant à merveille - la mise en scène et les décors, décalés et quelque peu impertinents, voire irrévérencieux, achèvent de créer une complicité pleine d’humour entre les chanteurs et le public. Et c’est ainsi que l’on part à la découverte de cet opéra peu connu et peu joué et que l’on passe une très agréable soirée à suivre le stratagème d’Ecclitico, un passionné d’astronomie, qui, afin d’épouser la fille du riche Buonafede, se fait passer pour un astrologue qui pourrait l’amener avec lui sur la lune... Une jolie farce façon 18ème pour se moquer de la morale étriquée et de la crédulité d’un bon bourgeois égoïste, mais qui se révèle, en fin de compte, pas si méchant que ça.

 

Dans le Monde de la Lune, qui sera son dernier opéra bouffe, Haydn adapte pour la troisième fois un livret de Goldoni. Ce très joli « dramma giocoso» (drame joyeux) aux traits profonds et étranges est ici transposé dans des années 1970 où se fondent et se confondent illusion et réalité, sur fond de lutte des classes et d’émancipation féminine - toujours d’actualité depuis le 18ème siècle - ici au service de l’amour et de la liberté.
Oui, la lune est belle...

Livret d'après Carlo Goldoni
Créé au château Esterhàzà d’Eisenstadt, le 3 août 1777

 



Mise en scène : Alexandra Lacroix
Direction musicale : Camille Delaforge
Avec : Charlotte Dellion, Cecil Gallois, François Rougier, Guilhem Souyri et en alternance Anna Reinhold et Pauline Sabatier
Pianoforte : Camille Delaforge
Scénographie : Alexandra Lacroix assistée de Marine Dillard
Lumières : Romain de Lagarde assisté de Vassili Bertrand
Création sonore : Martin Fouilleul et Olivier Rosset
Costumes : Aline Ehrsam
Surtitrage : Estelle Lembert

Production : Compagnie Manque Pas d’Airs
Résidence de création au Studio Théâtre de Vitry-sur-Seine
Avec le soutien de l'Adami, de la Spedidam et de Véolia Propreté

Jusqu’au 21 avril 2012
Du mercredi au samedi à 20h30, dimanche à 15h

THEATRE MOUFFETARD
73 rue Mouffetard - Paris 5ème
métro Place Monge - bus 47, 84, 89 (jusqu'à 21H)

2004 : ANNÉE MARC-ANTOINE CHARPENTIER 

JORDI SAVALL ET MARC-ANTOINE CHARPENTIER : une interview exclusive accordée aux lecteurs de LEXNEWS !

Notre revue a eu le grand plaisir de demander à Jordi SAVALL quelles étaient ses impressions quant au grand musicien français dont nous fêtons le 300ième anniversaire de sa mort. Avant le concert consacré à CHARPENTIER qu'il donnait cette soirée à Vézelay, il a bien voulu rappeler quelles furent les conditions de sa rencontre avec l'oeuvre du musicien et quels conseils il propose à l'auditeur contemporain pour aborder cette oeuvre délicate...

 

© LEXNEWS 2004

LEXNEWS : « Comment avez-vous découvert CHARPENTIER dans votre parcours musical ? » 

Jordi SAVALL : « J’ai découvert CHARPENTIER dans la première période de mon parcours où j’étudiais la musique française de Marin MARAIS, François COUPERIN, et bien d’autres encore que je découvrais avec passion à la Bibliothèque Nationale et également à la Bibliothèque de Versailles. C’est avec ce travail de recherche que je me préparais à apprendre à jouer de la viole de gambe et à cette occasion je me suis rapidement rendu compte que CHARPENTIER était l’un des plus grands de cette époque. C’est à cette même époque que j’ai réalisé que autant LULLY, et après lui Marin MARAIS et François COUPERIN, avait pris une place très importante dans la musique d’opéra et la musique instrumentale, autant CHARPENTIER avait vraiment développé avec la musique religieuse un art dans lequel il excellait au dessus de tous. J’ai essayé en premier lieu de m’imprégner de son œuvre. Après quelques années de travail, j’ai pu réunir un bon ensemble de chanteurs avec la Capella Reial  et en 1989 nous avons fondé le Concert des Nations avec lequel nous avons pu réaliser le premier enregistrement de CHARPENTIER. J’essayais alors de choisir des pièces qui montraient le parcours de la vie de Marie mis en musique. C’est ainsi que j’ai pu introduire des pièces dans ce disque qui dataient de ces premières années de recherche. Je dois avouer que c’est toujours un souvenir émouvant que d’évoquer cette période où j’avais réussi à réunir toute l’œuvre complète de CHARPENTIER en microfilms : cela tenait en 4 ou 5 grands rouleaux de microfilms ! C’est ainsi que je pouvais aller d’un livre à l’autre et choisir à loisir toutes les œuvres de ce grand musicien. C’est en plus une musique qui est écrite de manière très claire, la plupart des œuvres que nous avons enregistrées pour ce disque ont d’ailleurs été jouées à partir de l’original sans transcriptions. C’est en effet un de mes meilleurs souvenirs quant au travail sur la musique religieuse baroque de cette époque avec MONTEVERDI ! »

LEXNEWS : « Quel conseil Jordi Savall pourrait il donner à un auditeur contemporain pour écouter CHARPENTIER de nos jours ? »

 

Jordi SAVALL : « Je pense que c’est une musique qui comme toutes les musiques est tributaire de son interprétation. Il y a certes des musiques qui s’avèrent être plus tolérantes quant à leur approche. Elles peuvent supporter des interprétations plus souples sans pour autant les dénaturer. A l’inverse, pour la musique de CHARPENTIER, comme celle de Marin MARAIS d’ailleurs, l’interprétation, le jeu de la viole, la manière de chanter ainsi que tous les autres processus contribuent à la dimension spirituelle de cette musique. Les œuvres de CHARPENTIER comme celles de MONTEVERDI ou celles de Tomas Luis de VICTORIA sont beaucoup plus que de belles compositions ou de beaux contrepoints, il y a toujours un message spirituel très fort et il faut le retrouver. Il faut vraiment dépasser le cadre du concert et considérer ces musiques comme de véritables œuvres vivantes spirituelles. Je pense que c’est ce qui fait que ces musiques sont parfois plus difficiles d’accès à un auditeur si l’interprète n’est pas véritablement habité par cette approche. Je pense que c’est le danger de faire du CHARPENTIER comme on pourrait faire du HAENDEL ou du VIVALDI, ce n’est pas la même chose ! Si des œuvres de CHARPENTIER peuvent apparaître de prime abord comme spectaculaires, ce n’est pas cet aspect qui prime chez ce compositeur… Je pense qu’il est possible de lui appliquer cette phrase de COUPERIN qui disait : « J’aime mieux ce qui me touche que ce qui me surprend » ! CHARPENTIER offre toujours une musique pleine de grâce, de finesse, de contrepoint, d’harmonies très recherchées ainsi qu’un travail sur les voix, sur la conception même de l’œuvre.

Les œuvres de CHARPENTIER ont un peu souffert d’autres répertoires plus populaires. A l’époque le prestige qu’avait LULLY grâce à ses privilèges éclipsait les autres musiciens de faire connaître leur art. Il ne faut surtout pas considérer l’œuvre de CHARPENTIER sous cet angle car il n’est pas un musicien de cour. Son œuvre religieuse est d’une grande pureté inspirée notamment par l’Italie avec le travail réalisé avec CARISSIMI. Pour moi, c’est un  peu le PURCELL français avec qui il partage sa dimension créatrice, sa maîtrise du contrepoint et  son goût pour la recherche d’harmonies très hardies.

Il me semble que le meilleur conseil que je puisse donner à un auditeur contemporain c’est de prendre son temps pour découvrir tout cela. Il faut se laisser porter par la musique et essayer d’entrer dans cette dimension spirituelle et esthétique de l’œuvre de CHARPENTIER. »              

© LEXNEWS 2004