Les Musées du
Vatican ne se laissent pas apprivoiser facilement ! Comment appréhender,
autrement qu’avec désinvolture, tant de siècles de beauté et
d’excellence réunis en ces lieux, gager d’en « faire le tour », triviale
expression, comme on le ferait d’un square ou d’un pâté de maisons…
C’est avec humilité et désir de se laisser gagner par l’esprit des lieux
qu’il faut aborder ces hauts lieux de la culture, surtout lorsque l’on
peut le faire sans les cohortes des nouveaux légionnaires que sont
devenus les touristes d’aujourd’hui ! Il faudra flâner, avec réserve
cependant, pour ne pas se perdre dans les tréfonds des génies créateurs,
mais suffisamment pour échapper à toute consommation de l’art, et Dieu
sait si les offres sont parfois trop alléchantes. C’est en butinant,
avec délectation mais également raison, que le promeneur pourra suivre
le parcours suggéré par la signalétique des musées du Vatican, en
gardant à l’esprit les quelques six kilomètres qui circonscrivent les
lieux...
Le point de mire, la quête ultime toujours affichée sur
les multiples panneaux, demeure la fameuse Chapelle Sixtine, à l’angle
sud-ouest des palais pontificaux, mais il faudra patienter, bien
agréablement il faut l’avouer, serpenter, bien souvent il faut le
constater, avant d’arriver dans cette Chapelle de l’art, véritable
atelier du divin. Trop souvent, les admirables musées étrusque et
égyptien seront injustement négligés et le visiteur, dans la hâte
d’arriver à bon port, remontera également trop vite la Galerie des
Candélabres, qui était à l’origine une loggia ouverte, avec la vue
qu’elle autorise sur les jardins du Vatican, ses belles statues romaines
et ces incroyables candélabres que l’on imaginerait presque éclairés…
Puis c’est toujours la ligne droite, qui semble ne plus finir, avec la
Galerie des Tapisseries, un musée à lui seul, qui regorge d’œuvres d’art
flamandes tissées, inspirées par les travaux préparatoires des élèves de
Raphaël. Et que dire de ce plafond de Bernardino Nocchi, en
clair-obscur, où le vert, le mauve et l’orange jouent de concert pour
émerveiller des yeux déjà ébahis…
On arpente toujours tout droit, la pancarte indique bien « Chapelle
Sixtine » depuis une heure déjà…
La Galerie des
Cartes géographiques vous offre un dépaysement exotique, quelques
kilomètres de plus… Nous approchons, mais un nouveau détour nous fait
découvrir les fameuses Chambres de Raphaël que l’on pensait connaître
tant elles nous étaient familières, et qui dans une ambiance feutrée,
jettent leur magnificence sans réserve.
On se prête au
jeu de découvrir quel pape est représenté dans tel ou tel personnage
peint sur la fresque de la Chambre de la Signature et on imagine Jules
II travailler en ces lieux où disputatio théologique et évocation
des grands maîtres de la philosophie antique devaient fournir un cadre
bien propice à l’élévation de la pensée… Ces quatre Chambres
mériteraient à elles seules une visite, et si les Loges restent fermées
à la visite du public, l’art de Raphaël peut tout de même être apprécié
dans toute son étendue. Cet artiste prématurément mort à l’âge de 37 ans
repose dans sa tombe au Panthéon de Rome, celle-ci porte l’épitaphe
suivante : « Ci-gît Raphaël, qui durant toute sa vie fit craindre à
la Nature d’être maîtrisée par lui et, lorsqu’il mourut, de mourir avec
lui ».
Et finalement,
le grand moment arrive, on entre par une petite porte dans le Saint des
Saints, la fameuse Chapelle qui subitement vous happe vers son sommet,
vos yeux rivés à une véritable fresque animée, à vous donner le
tourbillon, avant le Jugement dernier… La menace pèse certes dans cette
représentation magistrale du Jugement mais l’espérance aussi comme le
rappelle le pape théologien, Benoît XVI, dans son encyclique Spe
Salvi, au nom évocateur. Cette espérance, souvent oubliée de
nos contemporains, éclaire ces traits et ces couleurs ravivées par une
heureuse restauration. Et si la main terrifiante du Christ menace, le
tourbillon qu’elle entraîne ramène, grâce à une loi physique, vers le
centre occupé par la personne divine, démontrant par là-même que seuls
ceux voulant s’exclure par un vain individualisme échapperont à cette
attraction d’espoir. Ce livre ouvert pourrait être « feuilleté » des
heures durant et il faudra abandonner les lieux à regret pour prendre
quelques repos, dans l’agréable espace de restauration au bout de la
terrasse donnant sur les jardins impeccablement entretenus. Quelques
instants précieux pour goûter la douceur romaine en cet automne tardif,
méditer ces leçons de beauté et repartir découvrir l’incroyable
Pinacothèque des Musées du Vatican, invitant les maîtres les plus
illustres de la peinture dans ces murs...
Lexnews tient à remercier la Direction des musées du
Vatican pour leur concours à l'élaboration de cette visite.
L'Hôtel de
Russie ou le jardin des Hespérides retrouvé !
Un dîner aux chandelles dans le
restaurant « Le Jardin de Russie »
C’est une
force irrésistible qui mène Johann Wolfgang von Goethe lors de son
voyage en Italie à Rome. « C’est seulement sous la porte del Popolo que
j’ai été certain de tenir la ville de Rome » confesse l’illustre poète
après son arrivée le 29 octobre 1786. C’est en haute estime qu’il tenait
la ville éternelle, il déclarait en effet que celui qui avait vu Rome
avait tout vu ! C’est sous ces heureux auspices et avec la proximité de
la maison habitée par l’écrivain de génie à quelques mètres de là qu’a
pris place l’hôtel de Russie en 1837, quelques décennies plus tard.
L’architecte de génie, Guiseppe Valadier, allait bâtir un élégant
bâtiment qui serait rapidement le havre de paix de nombreux membres de
la maison impériale et de l’aristocratie russe au XIX° siècle.
C’est en
2000 que l’hôtel va connaître une véritable renaissance. Sir Rocco
Forte, propriétaire de la chaine bien connue d’hôtels portant son nom,
va se porter acquéreur de cette demeure emblématique de Rome et avec
l’aide de l’architecte Tommaso Ziffer ainsi que de la designer Olga
Polizzi, sœur de Rocco Forte, va redonner une nouvelle vie à cette oasis
de verdure en plein cœur de Rome. Car, s’il est un fait particulièrement
remarquable lorsque l’on franchit les portes discrètes de l’Hôtel de
Russie, c’est l’incroyable surprise qui empoigne l’hôte lors de sa
première visite.
Un véritable
fleuve végétal déferle sur le visiteur urbain, plus habitué à la pierre
et aux pavés qu’à la chlorophylle, reine en ces lieux.
La sobre demeure enserre en effet en un délicat
jardin des cascades de palmiers, d’orangers, d’essences rares mariées
pour l’occasion à des grottes minérales. C’est également la renaissance
de ce que fut le « jardin secret » conçu par Valadier qu’il est possible
aujourd’hui d’admirer du restaurant, de la terrasse jouxtant l’hôtel ou
depuis sa chambre côté jardin.
L’été, bien entendu, mais aussi dés le printemps et jusque tard en
novembre, le jardin secret offre ses charmes aux nombreux visiteurs
romains et étrangers qui visitent ces lieux, soit pour y séjourner ou
seulement pour y gouter la savoureuse cuisine du restaurant Le Jardin
de Russie… Mais les charmes de l’Hôtel de Russie ne se limitent pas,
tant s'en faut, à son délicieux jardin.
Il faut déambuler dans le confortable salon aux lourds fauteuils en cuir
dont il est presque impossible de se relever tant on s’y sent bien ! Les
longs couloirs distillent une décoration sûre d’elle qui rassure à la
fois l’esthète amoureux des décors sobres et classiques et en même temps
l’âme des personnes osant une modernité faite de raison où le bon goût
n’est jamais oublié.
Le vert rappelle sans que l’on s’en aperçoive l’omniprésence du jardin,
les éléments de décoration tels ces masques antiques scandent les pauses
que les hôtes s’offrent dans ces lieux enchanteurs…
Les chambres sont à l’image de ces extérieurs et une sensation immédiate
de bien-être et de luxe discret s’offrent aux heureux privilégiés de cet
hôtel urbain en plein cœur de la ville de Rome.
Tout a été pensé, soigné, afin de prévenir les moindres besoins d’une
clientèle internationale habituée aux établissements haut de gamme. Rien
ne vient en défaut qu’il s’agisse de la salle de bain avec ses beaux
marbres verts ou les discrètes mosaïques qui rappellent le savoir-faire
hérité de cette antiquité si proche en ces lieux.
Les couleurs, les éléments de décoration décidément remarquables en ces
lieux, promettent un repos et une pause de détente dans la frénésie des
arts et des magasins de mode, légions en ces contrées…
L’Hôtel de Russie est plus qu’un havre de paix et avec un
peu d’imagination, les oranges mûres du jardin en cet automne romain
pourraient bien être les pommes d’or du fameux jardin des Hespérides de
la mythologie !
Dîner dans le fameux restaurant situé au cœur des jardins de l’Hôtel de
Russie est d’une certaine manière rétablir les anciens usages d’une
capitale prestigieuse, ceux qui prévalaient dans cette Rome du XIX°
siècle et qui accueillaient les hôtes les plus illustres dans un espace
d’exception et de beauté. Rien n’a changé dans l’esprit même si le
confort et l’esthétique ont su s’adapter aux goûts du jour… L’heureux
résident de l’hôtel n’a qu’à descendre de sa suite spacieuse pour
trouver place dans l’agréable salle du restaurant, mi-véranda, mi-jardin
elle-même tant les nombreuses fenêtres ouvrent au cœur de
l’impressionnant jardin dessiné par le célèbre urbaniste Giuseppe
Valadier.
La beauté de l’aménagement de la salle répondant au goût
très sûr de la designer Olga Polizzi fait hésiter le
regard entre la blancheur des murs aux allures d’orangerie et les
touches de vert soulignant des masques antiques au centre des murs. Le
jardin est omniprésent et si vous avez la chance d’être installé à une
petite table donnant directement sur l’extérieur, c’est littéralement
sous les palmiers et les orangers que vous aurez l’impression de diner
alors que vous êtes en plein cœur de Rome. Très rapidement le service
chaleureux des lieux se met en branle. Vous êtes à Rome, avons-nous dit,
et on tient à le respecter.
Nazzareno Menghini
Chef,
sommelier et nombreux serveurs vont être à votre écoute de manière
discrète et néanmoins chaleureuse pour prévenir et exaucer tous vos
souhaits. La carte est inspirée par le célèbre Chef italien Fulvio
Pierangelini, deux étoiles Michelin, et dans les cuisines œuvre le
talentueux Chef Nazzareno Menghini, deux hautes pointures pour un lieu
d’exception. Autant dire que c’est à un véritable feu d’artifice
culinaire auquel nous aurons droit.
Après une
coupe de champagne qui scintille sous les lumières et des amuse-bouche à
la truffe blanche, une salade de rougets et de calamars survient comme
une œuvre d’art où la saveur du poisson rivalise avec la préparation des
petits calamars. Le savoir-faire et la qualité des ingrédients font d’un
plat simple une ode à la saveur et à la déclinaison habile des goûts.
La même surprise attend le gastronome pourtant averti par
ce tour de force : des raviolis au fromage et au poivre pourraient
apparaître bien simples pour un tel lieu, il n’en est rien tant
l’association délicate du fromage fondant et de la pâte fraiche est
subtilement rehaussée par un poivre doux et élégant, une harmonie
rassérénante en ces temps de complications culinaires…
Le sommelier
redoutablement efficace dans ses choix nous a proposé un Il Bosco
Cortona Syrah qui accompagne à merveille ces palettes méditerranéennes
avec un vin de grande concentration, fruité et aux notes de poivre doux.
Nous sommes prêts pour la suite des agapes alors même que
les lanternes et les bougies du jardin en terrasse attirent nos regards
avec magie… Un risotto au safran décoré de crevettes et de pistaches
s’avère être un bel hommage à cette cuisine italienne mariant avec
bonheur tradition du nord et du sud.
Le safran
rehausse délicatement l’association des crevettes et de la pistache dans
une harmonie toujours discrète et délicate, un mot d’ordre décidément
pour ce repas !
Le loup de mer aux artichauts est une merveille, surtout
qu’en cet automne l’artichaut est à son meilleur à Rome. Doux et
fondant, il est un des classiques de la cuisine des Romains et l’on
comprend pourquoi, à la seule dégustation de ce légume qui fait pourtant
partie de la famille des chardons.
Les viandes sont également à l’honneur avec le
remarquable Chef Nazzareno Menghini qui sait tout aussi bien exhaler les
saveurs de côtelettes d’agneau avec de la chicorée que le cochon de lait
aux épices, le tout servi avec une purée de pommes de terre à l’olive
d’olive inoubliable !
Les gourmets gourmands se régaleront également avec les
desserts savoureux du Jardin de Russie : baba traditionnel au rhum,
fruits des bois et chantilly, un Montblanc plein d’humour décliné à
l’horizontal ou encore une petite tarte au chocolat fondant avec un
sorbet aux fruits de la passion…
Un expresso,
un dernier verre de vin avant une promenade dans le jardin de l’Hôtel de
Russie et le bonheur n’aura plus de secret après une telle soirée passée
au Jardin de Russie !
Interview Stefano Gegnacorsi,
General Manager de l’Hôtel de Russie.
Interview du chef
Fulvio Pierangelini
Lire pour voyager, voyager pour lire…
LEXNEWS : «
Quelle est l’origine de l’appellation Hôtel de Russie ? »
Stefano Gegnacorsi : « A l’ origine, notre hôtel a pris
rapidement le nom Hôtel de Russie en raison du fort nombre
d'hôtes venant de ce pays. Cette tradition et fréquentation a perduré
jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Après cela, les lieux ont abrité les
bureaux de la télévision RAI, jusqu'il y a 25 ans. Sir Rocco Forte a
repris la gestion des lieux afin de faire de cet endroit l’hôtel le plus
prestigieux de Rome. Cela a bien évidemment demandé une rénovation de
fond en comble, à la fois des murs, mais également du jardin. C'est
ainsi en avril 2000 que l'hôtel de Russie a retrouvé son lustre d'antan.
»
LEXNEWS : «
Le visiteur est immédiatement surpris par le contraste entre la rue
passagère et le havre de verdure et de calme donnant sur le jardin. »
Stefano Gegnacorsi : « Oui, vous avez tout à fait raison ! Nous
avons, en effet, la chance d'avoir avec cet hôtel un magnifique jardin
de 3000 m², en plein centre de Rome. C'est un grand luxe dont nous avons
pleinement conscience, surtout lorsqu'il est associé avec une saison
très longue qui commence tôt au printemps, et se prolonge très tard
l'automne. C'est, ainsi que vous le releviez, une caractéristique qui
distingue radicalement notre hôtel des autres hôtels au cœur de Rome.
C'est d'autant plus une chance incomparable que ce jardin a été
initialement dessiné par le grand architecte Valadier, dont nous avons
conservé l'esprit grâce aux nombreux documents historiques et plans de
l'époque. Il y a de ce fait une très forte imbrication entre le jardin
et l'hôtel. Il suffit de se promener pendant la belle saison pour
remarquer les liens étroits entre le restaurant et le jardin, l’un se
fondant dans l'autre. Vous êtes en plein cœur de la ville entre la
piazza del Populo et la piazza de Spagna et en même temps vous pouvez
prendre votre petit déjeuner en compagnie des oiseaux ! »
LEXNEWS : «
L’ensemble de votre hôtel est marqué par une décoration harmonieuse
faisant la transition entre le végétal et les éléments minéraux. »
Stefano Gegnacorsi : « Oui c'est un élément important, le design est
la création d’Olga Polizzi, la sœur de Sir Rocco Forte. Elle a un goût
contemporain et chaque hôtel du groupe intègre des éléments de la ville,
et ici à Rome, vous pouvez en effet constater de nombreuses reprises de
l'histoire romaine. Chaque hôtel a son identité. C'est à la fois un
rappel du classicisme, et en même temps une touche de modernité. Les
couleurs sont très nuancées, sans être pour autant minimalistes. Vous
avez l'impression d'être chez vous, sans ostentation. La couleur verte
revient souvent comme un rappel de notre fameux jardin. »
LEXNEWS : « Vous avez des Suites magnifiques si l’on pense à la Suite
Nijinski… »
Stefano Gegnacorsi : « Nous sommes en effet en plein centre de Rome
et cette Suite que vous avez visitée bénéficie en effet de 300 m² de
superficie et 200 m² de terrasse ! Le tout à quelques dizaines de mètres
de la rue la plus commerçante de Rome. C'est quelque chose d'unique tout
en préservant cette hospitalité chère à de nombreuses célébrités qui
viennent nous voir régulièrement. Les grands acteurs d'Hollywood
apprécient en effet ces lieux à la fois pour le jardin que nous
évoquions, la situation au cœur de la ville, mais également ce luxe
discret qui nous caractérise. De nombreux Romains d'ailleurs ont
également à cœur de venir dîner ou prendre un verre dans notre hôtel.
Nous privilégions cette hospitalité à quelque niveau que cela soit, pour
un verre ou un dîner."
LEXNEWS : «
Vous avez développé une palette de services particulièrement entendue,
quels sont ceux qui ont votre priorité ? »
Stefano Gegnacorsi : « Notre SPA est
particulièrement développé avec toute une gamme de Beauty Treatment ;
nous avons également un coiffeur qui est ouvert tous les jours de
l'année, week-end y compris ! Nous offrons des services une fois encore
avec simplicité et excellence. Nous faisons en sorte que nos clients
n’aient aucune appréhension pour toutes leurs demandes. Bien entendu, le
restaurant est l'élément le plus réputé de nos services. Nous avons la
grande chance de bénéficier de l'expertise et des conseils du grand chef
Fulvio Pierangelini qui intervient dans tous les hôtels du Groupe. Une
fois encore, la cuisine pratiquée par le chef Nazzareno G. Menghini, en
accord avec le Chef Fulvio Pierangelini, reste simple tout en étant
centrée sur l'excellence des produits et de leur préparation. Vous
pourrez constater qu'il est souvent beaucoup plus difficile de faire des
plats apparemment simples que certaines recettes trop sophistiquées.
C'est cet esprit qui anime notre restaurant. Le monde de la politique,
de l'économie, de la mode… apprécie de venir déjeuner ou dîner dans
notre restaurant avec le reste de notre clientèle. »
Stefano Gegnacorsi
La
Casa di Goethe vous ouvre ses portes…
« Me voilà maintenant à Rome et tranquille, et, à ce qu’il semble,
tranquillisé pour toute ma vie. C’est en effet commencer une vie
nouvelle, que de voir de ses yeux l’ensemble que l’on connaît en détail
intérieurement et extérieurement. Tous les rêves de ma jeunesse, je les
vois vivants aujourd’hui…». Tous les rêves de ma jeunesse,
ainsi s’exprime le poète en découvrant cette Rome si chérie, des rêves
qui prennent vie alors que Goethe quitte son pays, presque en fuyard.
Cette quête absolue d’une nouvelle renaissance est un peu déçue par la
fête de la Toussaint qu’il espérait plus grande et plus belle, ce qui ne
sera pas le cas. Il sera récompensé par contre par ce bouquet d’œuvres
d’art offert par chaque palais, chaque église, presque à chaque pas… Au
bout de sept jours, Goethe cède à ce penchant si rassurant de se
familiariser avec le plan de la ville, d’espérer pouvoir circonscrire ce
qui ne peut l’être ! Que ses mots sonnent familièrement au visiteur du
XXI° siècle, lorsqu’il avoue observer les ruines, les édifices, visiter
une villa puis une autre, éternelles pérégrinations. « (…) je me
contente d’ouvrir les yeux », quel effort digne d’un Sisyphe
heureux…
La tache entreprise est en effet impossible, embrasser la ville
avec appétit et euphorie comme le fit Goethe est presque ontologiquement
gâté : « Mais avouons que c’est un pénible et triste travail de
déterrer la Rome antique de dessous la moderne, et pourtant il faut le
faire, dans l’espoir d’une satisfaction inestimable. » note-t-il le
7 novembre 1786, quelques jours après son arrivée. Un terrible dilemme
attend celui qui avait tant rêvé Rome, être réduit au silence alors même
que toutes les pierres, toutes les œuvres d’art crient à son cœur : «
mais ici, on arrive dans une grande école, où un jour dit tant de choses
qu’on n’ose rien dire du jour. Oui, l’on ferait bien, séjournant ici des
années, d’observer un silence pythagoricien ». Voici l’univers de
Goethe, fait d’émerveillements, de surprises, de dilemmes, tous réunis
autour d’une résidence, sa maison, sise via del Corso au numéro 18. Ces
silences envisagés seront, fort heureusement pour nous, comblés par la
suite par l’auteur du Voyage en Italie, dont une partie importante sera
réservée à la ville éternelle. La Casa di Goethe est un petit écrin de
toute cette période si fertile et riche pour les années vécues par
Goethe à Rome et surtout pour tout ce que cela aura de conséquences sur
ces créations ultérieures. Il faudra réserver quelques instants précieux
pour déambuler dans l’agréable appartement du premier étage qui a gardé
de si belles poutres et sols. Il faut sonner à la porte de l’immeuble
puis prendre un petit ascenseur qui pourrait bien être un contemporain
de Goethe…
Nous découvrons le quotidien de l’écrivain, ami du peintre
Tischbein qui résidait ici avant son arrivée. C’est d’ailleurs grâce aux
peintures de ce dernier que nous pourrons nous faire une idée de ce que
fut ce séjour romain en cette fin du XVIII° siècle. Carnets, lettres,
livres de compte donnent une nouvelle vie à l’auteur des Affinités
électives, du Faust et des Souffrances du jeune Werther.
On se plait à s’attarder sur les nombreuses informations généreusement
présentées, il faudra revenir…
Via del Corso 18
(Piazza del Popolo)
00186 Rome / Italy
Tel. 0039 06 32 650 412
Fax 0039 06 32 650 449
www.casadigoethe.it
LEXNEWS : «
Qui est Fulvio Pierangelini, l’un des chefs d’Italie le plus connu
internationalement ? »
Fulvio Pierangelini : « Je vais commencer par répondre à votre
question en vous précisant que je n'ai jamais aimé suivre les tendances
ou les modes. J'ai toujours, jusqu'à aujourd'hui, mené ma vie, ma
cuisine, mes désirs… J'ai toujours rêvé de cuisiner, je n'ai jamais
travaillé dans un restaurant ni dans un service de cuisine, mais j'ai
commencé à travailler à l'âge de 17 ans dans des hôtels. J'ai commencé
comme plagiste, puis moniteur de voile tout en faisant des études de
sciences politiques à Rome et à Genève. J’avais toujours rêvé d'être un
ambassadeur ! Et je dois vous avouer que l'idée que je me faisais de
cette fonction était celle d'un ambassadeur à Versailles avec de belles
réceptions… C'était bien évidemment une vision idéaliste assez éloignée
de la réalité et de toute manière je n'étais pas né dans une famille qui
permettait de réaliser ces rêves. De plus, on ne peut pas dire que
j'étais politiquement correct ! Parallèlement, le fait de cuisiner a été
un réel désir, et en même temps une nécessité, très tôt dès l'âge de 14
ans. »
LEXNEWS : «
N'avez-vous pas d'une certaine manière réalisé votre rêve premier en
devenant ambassadeur de votre propre pays sur le plan culinaire ? »
Fulvio Pierangelini : « Malgré moi, je suis en effet devenu d'une
certaine manière ambassadeur de mon pays. Mais je dois vous avouer que
ma vie a changé depuis trois ans. Jusqu'à cette date, je cuisinais pour
moi, c'était ma vie, mon rêve, mon désir et mon plaisir, même si cela me
coûtait très cher, dans tous les sens du terme. Je ne voulais pas être
le représentant de la cuisine, avoir cette figure de porte-parole du
monde culinaire. Je ne souhaitais même pas
parler avec mes convives, le seul fait de les regarder avant, pendant et
après le repas me suffisait. Regarder leur sourire, leurs visages, la
transformation de leur attitude... Tout cela n'a pas besoin de mots ! Et
à partir de cette expérience, je suis en effet - peut-être devenu malgré
moi- le cuisiner italien le plus connu internationalement, mon
restaurant était en première place en Italie pendant plus de 15 ans…
pleins d'amis venaient me voir du monde entier… »
LEXNEWS : « Comment expliquer ce changement dans votre vie ? »
Fulvio Pierangelini : « J'ai décidé un jour de fermer mon
restaurant, et cela n'était pas dû à la crise puisque j'avais encore à
l'époque plus d'une quinzaine de jours de réservations à l'avance alors
même qu'il se trouvait au bord de la plage, dans un lieu isolé. Vous
savez je n'ai jamais fait d'études de marketing, et cette approche
commerciale ne m'a jamais intéressé. Je voulais seulement cuisiner. Si
cela n'avait pas été le cas, je n'aurais pas choisi un tel lieu aussi
isolé, sans aucun commerce, ni ville à proximité. Il n'y avait qu'une
route, la Via Aurelia, celle des anciens Romains, et la mer ! Je
voulais seulement cuisiner tout en regardant la mer avec le coucher du
soleil chaque soir... Et lorsque je n'ai plus trouvé ce bonheur, lorsque
je me suis rendu compte
que je
n'aimais plus la façon dont les gens parlaient de ma cuisine, à un
moment donné j'ai pris conscience que je n'avais pas les défenses
suffisantes pour me protéger de tout cela. On avait beau m'adorer, il
suffisait qu'un imbécile dise le contraire pour se distinguer et j'étais
déstabilisé !»
LEXNEWS : « A l'image d'un artiste - ce que vous êtes
dans la cuisine - vous avez eu l'impression d'être d'une certaine
manière étouffé par le succès ? »
Fulvio Pierangelini : « Oui, je pense que l'on peut dire cela et en
plus je ne croyais plus à la gastronomie. Pour moi la gastronomie était
finie, il n'y avait plus les clients, ni le personnel de la grande
époque, même si mon restaurant était quelque chose de très décalé par
rapport à ce à quoi je fais référence. Je n'ai jamais pratiqué dans mon restaurant un
service de palace, il y avait plutôt des plats « sauvages ». Pour moi,
un plat est plein d'énergie. Je n'aime pas l'idée de recettes, d'ajouter
ceci ou cela, mes plats les meilleurs ne figuraient même pas dans ma
carte ! C'était une partie de moi et si cela devenait une routine,
c'était la mort de cette création. Ma cuisine part souvent de trois
saveurs, à partir de produits les meilleurs, et si le résultat recherché
est la simplicité, il y a tout un parcours, un chemin pour y arriver qui
ne doit pas apparaître, au risque de faire compliqué, artificiel. C’est
un peu cela ma cuisine. »
LEXNEWS : « Plus qu’un ambassadeur, c'est le
véritable don de vous-même que vous pratiquez dans votre cuisine. »
Fulvio Pierangelini : « Absolument, très souvent, lorsque je
cuisine, je me dis : tiens, c'est moi ! Je crois même que l'on peut dire
que mon âme est dans l'assiette avec le respect qui est au cœur de tout
cela. Je n'avais pas besoin de goûter à ma cuisine, car tout était déjà
fait dans ma tête avant même de la pratiquer. Naturellement, dans
presque tous mes plats, il y avait un côté rassurant, une sorte de
rappel au souvenir, à ces plats de mémoire. J'ai toujours eu à cœur de
sublimer au maximum un produit, et ce sans artifices, ni tromperie. Vous
savez, le seul fait de couper un brocoli ou une tomate de telle ou telle
manière peut changer radicalement la saveur et le résultat de ces
produits. Qui plus est, je n'achetais pratiquement aucun produit puisque
je faisais produire presque tous les ingrédients pour moi. Pour les
poissons par exemple, mon fils allait directement les pêcher en face du
restaurant et selon qu'il me disait qu'il les avait attrapés à tel ou
tel endroit, je pouvais savoir d’avance les variations de saveur.
C'était cela pour moi la vraie cuisine, je tentais d'exprimer au maximum
ce que le produit pouvait offrir, sans artifices. Tout cela bien sûr
s'ajoutait à la technique et au savoir-faire d'une pratique de 40 ans de
cuisine. Je crois réellement que cette époque est révolue et qu'elle ne pourra pas revenir. Il y avait un
véritable génie des lieux, et toute une histoire qui est terminée… Nous étions douze dans le restaurant, mais
j'étais le seul à cuisiner, et si je ne pouvais pas être présent, je
fermais tout simplement l'établissement. Aujourd'hui, c'est une autre
époque.
Je ne suis
plus dans les cuisines et mes plats sont faits par d'autres. Je donne
aujourd'hui les produits avec les mêmes exigences que par le passé et,
après, je propose mes recettes et mon savoir-faire aux différentes
cuisines des hôtels du groupe, à Rome, à Florence, à Bruxelles… Mais,
bien entendu, je ne peux pas transmettre mes émotions et ma sensibilité.
»
LEXNEWS : « Vous ne pensez pas qu’à l’image des grands maîtres de la
Renaissance italienne qui avaient des ateliers et déléguaient la plupart
du temps une partie de leur création à des assistants, il vous est
possible de réaliser la même chose ? »
Fulvio Pierangelini : « J'étais à New York au Frick Museum, un musée
magnifique que j'ai adoré, et il y a là un tableau très bizarre de
Rembrandt, le Cavalier polonais. Rembrandt avait toujours besoin
de produire, car il avait toujours de grands besoins d'argent. Et ce
tableau est étrange, car si le paysage est plus ou moins réussi, par
contre il y a un cheval de toute beauté, quelque chose d’admirable.
Cette représentation donne vraiment l'impression d'une œuvre composée à
plusieurs avec un décalage flagrant quant à la réalisation de l'animal.
Je ne veux pas obligatoirement dire par là que le travail des élèves
soit toujours inférieur, bien au contraire, mais je pense qu'il faut
toujours une petite touche du maître. Je n'ai pas envie d’arriver à ces
décalages. Je n'ai vraiment pas envie de faire un cheval magnifique dans
un tableau moyen. C'est pour ces raisons que je ne cuisine plus. Mon
idée aujourd'hui est plutôt de pousser ces équipes à l'excellence, de
leur donner tous les moyens pour produire le meilleur résultat. »
LEXNEWS : « Nous sommes toujours dans cette idée de générosité qui
caractérise visiblement votre parcours. »
Fulvio Pierangelini : « Vous venez de prononcer un mot qui pour moi
est au cœur même de ma vie et de ma cuisine : la générosité. Pour moi,
en effet, la générosité est véritablement à la base de la cuisine. Si la
technique est bien évidemment au départ indispensable, il faut savoir
par la suite l'oublier, par contre la générosité, elle, ne doit jamais
disparaître.
Et pour reprendre notre exemple du Cavalier polonais, si un
« cheval » semble trop compliqué à réaliser, je ne le mets pas à la
carte ! Aujourd'hui, je suis un peu un conseiller, je leur donne tout de
ce que je sais et parfois même j'arrive à me détester pour cela… Je
n'aimais pas apprendre aux autres auparavant alors qu'aujourd'hui je
parle parfois beaucoup pour éviter toutes les distorsions qu'on évoquait
avec l'exemple du tableau de Rembrandt. Je n'hésite pas à leur dire : « Caressez vos tomates, prenez-les de telle manière… Ne les jetez pas
comme cela… ».
C'est peut-être un peu fou à dire, mais cela manifeste le
respect qui est au cœur de tout cela également, je pense que cette
démarche exprime bien les rapports qu'il y a entre la personne et la
matière. »
Les mosaïques de Saint-Pierre de Rome,
352 pages Format : 24 x 32,5 cm Reliure : sous jaquette et étui
illustrés, 2011, Citadelles & Mazenod, 2011.
La mosaïque
n’est-elle pas le reflet de notre âme, morcelée et en même temps unie
par un tout, représentation générale et incroyable diversité du détail ?
Cet art hérité de l’Antiquité ne cesse d’étonner et d’émerveiller le
spectateur contemporain, toujours interdit par tant de virtuosité mise
en œuvre à partir du presque rien. La basilique Saint-Pierre est bien
connue pour constituer à elle seule une représentation non seulement
architecturale mais également picturale du sacré. Lorsque ces deux
réalités se rencontrent, cela donne un festival d’art sacré, un
véritable livre ouvert de la foi depuis ses fondements les plus intimes,
jusqu’à ses manifestations les plus liées à l’histoire du christianisme.
Des milliers de mètres carrés s’offrent à celles et ceux qui ont cœur à
pénétrer dans l’esthétique de la transcendance et en même dans le sein
même de notre humanité. Comme le relève le cardinal Angelo Comastri, ces
œuvres d’art uniques constituent d’une certaine manière une catéchèse en
images qui était familière aux générations passées et beaucoup plus
éloignée de nos contemporains. Il appartient ainsi au siècle présent de
ne pas laisser s’échapper cet héritage et de renouveler la diffusion de
ce message spirituel dans le contexte de notre époque moderne. Une telle
entreprise éditoriale en est le signe le plus convaincant. Les tesselles
de ces tableaux de pierre parlent de nouveau, elles perpétuent ainsi ce
message fondateur du « Tu es Petrus » initié par le Christ au
premier apôtre et à ses successeurs. Cette pierre est constitutive de
l’Eglise, la pierre angulaire rejetée et en même temps clé de voute de
toute l’humanité. Par analogie, la pierre témoigne de cette espérance
des hommes : à la fois témoignage, acte de foi et en même temps
célébration du divin fait homme. Chaque niche, chaque coupole, même la
plus petite lunette abritant une mosaïque livre dans ce somptueux
ouvrage cette éternelle louange de Dieu qui impressionne toujours autant
les visiteurs de la basilique et dont il sera possible de mieux
comprendre le message grâce à cet ouvrage !
La Chapelle Sixtine, préface d’Alexandre Gady,
340mm x 400mm, 40mm dos, 288 pages, 3540g, Relié sous jaquette, 210
illustrations Editions Place des Victoires, 2011.
Il fallait un
ouvrage à l’ampleur de la tâche : représenter la Chapelle Sixtine, l’un
des plus hauts lieux de l’art sacré aux yeux de l’humanité, et l’essai
est réussi ! A celui qui a fait l’expérience de visiter la Chapelle et
de suivre cette découverte par la lecture de cette nouvelle parution, il
sera réservé une heureuse surprise : le génie des lieux dans sa
puissance évocatrice monumentale est associé à la possibilité simultanée
d’en goûter les détails, un à un, chose impossible à réaliser du
parterre de la Chapelle. Les lectures de cette voute sont multiples et
les admirables photographies des détails des fresques en facilitent leur
découverte et analyse. Nous avons l’étrange impression d’être monté sur
un échafaudage, une bougie au front et une palette à la main en ce XVI°
siècle italien, nous oserions presque imaginer nos premières esquisses
dans la pénombre tant le génie de Michel Ange est ainsi palpable,
accessible, humain même pour le commun des mortels. C’est cette alchimie
extraordinaire que réalise cette édition des détails des fresques, à
savoir l’idée d’un art non plus inaccessible du parterre de notre
quotidien de touriste anonyme mais au contraire cette volonté de partage
de l’idée de beau, alors même qu’elle est honorée par l’un de ses plus
illustres représentants. Cette communion qu’autorise l’art est ici
parfaitement rendue, nous intégrons ces représentations de la Chapelle
Sixtine en méditant sur le visage inoubliable du prophète Jérémie, le
visage penché à l’idée de l’annonce du Jugement…
Les scènes sont parfois d’un dramatique à faire pâlir d’envie les
réalisateurs de cinéma du XXI° siècle, la force d’évocation gagne en
enfonçant un coin qui définitivement ébranle nos certitudes. Quel
contraste entre ces bienheureux montant au ciel, progressivement, la
peau de leur corps quitte leur habit de pénombre et gagne la lumière
éternelle. Et combien plus terrible nous apparaît la lugubre barque des
damnés, leur visage semble comme résigné face à la terreur qui les
empoigne physiquement, et broie littéralement leur cœur dans un étau.
Tout cela s’anime dans un tourbillon incroyable sur le papier, surtout
lorsque nos souvenirs introduisent cette expérience d’une visite qui
donne une autre lecture, d’ensemble celle-là, indissociable pour la
compréhension générale de l’œuvre. C’est un beau voyage auquel nous
invite cette parution monumentale, un voyage inoubliable dans le cœur de
ce que l’homme a à dire de plus beau !
Visiter Saint-Pierre de Rome, cardinal Angelo
Comastri, collection Guide de Voyage, Artège Editions, 2011.
Avoir le privilège de visiter la basilique la plus connue de la
chrétienté avec un cardinal est chose possible avec ce guide
particulièrement bien conçu ! Il faut avouer, et c’est chose commune,
que l’on peut se sentir légitimement un peu perdu lorsque l’on aborde
ces lieux. Le cardinal Angelo Comastri est archiprêtre de la Basilique
et en connaît les moindres recoins. Le point de départ de ces lieux est
marqué bien évidemment par le martyre et la sépulture de l’apôtre
Pierre, sépulture qui sera la première édification d’une extraordinaire
succession de bâtiments et d’œuvres d’art pour en célébrer la mémoire.
La célèbre parole du Christ Tu es Petrus allait ainsi prendre
vie, non seulement dans la foi des hommes et des femmes des premiers
siècles de la chrétienté mais également dans les pierres, les fresques
et les œuvres d’art qui suivront dès les premières basiliques. Notre
prestigieux guide poursuit la visite en nous invitant à partir de la
place Saint-Pierre pour en admirer la perspective et nous retourner vers
la façade de la basilique avant de passer par l’atrium, lieu de
transition entre la sphère publique et sacrée. A partir de cet instant,
nous irons de découverte en découverte ! Le cardinal sait attirer notre
attention non seulement sur les pièces majeures de la basilique mais
également sur un détail d’un bénitier ou la richesse historique d’un
disque de porphyre du pavement que nous aurions allègrement ignorés alors
même que les rois et les empereurs tels Charlemagne s’y agenouillaient
pour être couronnés par le pape !
Goethe « Voyage en Italie » édition établie par
Jean Lacoste, Bartillat, Omnia éditions, 2011.
Il peut
paraître surprenant que ce Voyage en Italie, paru pour la première fois en
1816, ait été si longtemps indisponible en France. Cela est d’autant
plus étrange que les conditions dans lesquelles Goethe a décidé ce voyage, et la façon
dont il a caché son départ à ses proches, témoignent d’une volonté
fondamentale de
rupture dans sa vie : « Je me suis enfui de Carlsbad à trois heures
du matin : autrement on ne m’aurait pas laissé partir. » Ce long
voyage de 1786 à 1788 le mènera du nord au sud, jusqu’à Palerme en
Sicile. Véritable initiation à l’art mais aussi aux peuples rencontrés,
cette expérience incomparable va marquer de manière indélébile son
inspiration et son écriture, même si l’art de la peinture qu’il
chérissait tant souffrira définitivement de ce long séjour. C’est à Rome
que Goethe prend conscience de ce qu'est un homme au sens vrai du
terme, bien que l’auteur des Affinités électives notera de manière un peu
amère qu’il n’a plus jamais connu une telle élévation des sentiments
depuis lors. Il semble ainsi essentiel de suivre les pas de ce géant de
la littérature dans cette marche vers le sud, en débutant par le très
bel essai de Jean Lacoste qui a une connaissance presque intime de ce
ressentir évoqué par Goethe. Nous irons ensuite de villes en villes,
Vérone, Venise, Florence, Rome bien entendu avant Naples et Palerme. Les
impressions laissées ne sont jamais anodines mais témoignent d’une
pensée marquée par cette renaissance de soi révélée par le voyage.
Au-delà de toutes les beautés, de toutes les découvertes, c’est bien en
effet à la découverte de soi qu’invite cette pérégrination inspirée !
Rome, insolite et secrète, Guide Point2, Seuil,
2012.
Voici un petit guide fort réussi sur la ville de Rome écrit par ses
habitants, ce qui est chose originale ! L'idée qui a été retenue pour
cette édition est d'offrir une vue insolite sur la ville sans pour
autant négliger les classiques. Ce petit livre, mais fort épais en
raison de son papier bible, tient dans une poche et se lit comme un
carnet à l'italienne, ce qui ajoute à l’originalité de la réalisation.
C’est un peu comme si vous déambuliez dans votre propre ville et,
habitué à ses richesses, vous en découvrez d’autres, moins évidentes,
plus cachées et réservées aux initiés ! Gagnons ainsi du temps et osons
une messe en araméen, la langue de Jésus, dans l’église Santa Maria in
Campo Marzio (p. 101) ou, de manière plus profane, découvrons les
latrines romaines de la Via Garibaldi, témoins prosaïques du quotidien du
II° siècle après J.-C. ! Et si malgré tout cela, vous êtes en panne
d’idée dans votre visite de Rome, vous apprendrez qu’il existe un musée
de la pathologie du livre qui n’attend plus que votre venue…
Portrait Suites, tout le luxe d'un pied
à terre romain…
La maison Keats, piazza di Spagna, le
dernier souffle d’un poète…
Dans les profondeurs de l'Histoire de
Rome : Visite des catacombes de San Callisto...
Il y avait
Salvatore Ferragamo, le fameux « chausseur des étoiles », il faudra
maintenant également connaître Leonardo, son fils, qui administre le
groupe familial de cet l’univers du luxe italien. Les Portrait Suites
sont nées de cette expérience et de cette passion du luxe, une habitude
déjà ancienne dans la famille. L’idée de départ était d’offrir en plein
cœur de la ville, et dans sa partie la plus luxueuse, un havre de paix
et d’accueil chaleureux, le tout dans une atmosphère d’intimité
préservée. Autant dire que l’objectif est atteint, sans aucune réserve.
Les Portrait Suites ont en effet réussi cette gageure de réunir de très
belles Suites haut de gamme en plein cœur du quartier du luxe de Rome
tout en bénéficiant d’un calme et d’une atmosphère avenante où l’idée de
service est déclinée sous toutes les formes !
Votre
chauffeur aura peut-être un peu de mal à se faufiler à travers les
ruelles pour parvenir à la Via Bocca di Leone mais lorsque vous
apercevrez le magasin Salvatore Ferragamo juste en face de l’enseigne
Hermès, vous saurez que vous êtes arrivés à bon port...
Vos bagages disparaissent rapidement grâce à une équipe jeune et
dynamique, parfaitement polyglotte (le français est à l’honneur en ces
murs…). Tout a été ici conçu pour vous donner l’impression d’être chez
vous. Un manager spécialement attaché à votre Suite vous offre dès votre
arrivée un accueil individualisé et agréable. On vous propose un verre
ou un café, on s’enquiert de vos envies dans un petit salon privatif où
le cuir règne en maître, cela s’impose…
Le concept a été de vous donner pendant quelques jours, le temps de
votre séjour, l’impression que vous arrivez dans votre pied à terre
Romain, le service en plus. Afin d’éviter les pertes de temps pour un
court séjour, des visites de la ville et de ses
trésors peuvent être organisées avec billets déjà réservés et chauffeur
à votre disposition. Une liste impressionnante vous attend dans votre
Suite, vous n’avez qu’à faire votre choix… Vous prenez ensuite
l’ascenseur, tout de cuir revêtu, on dirait que l’on vous transporte
dans une belle malle d’époque, l’air en plus ! Votre Suite est organisée
à l’image d’une chambre spacieuse de palace, avec en plus un
coin-cuisine, bien équipé, pour les hôtes souhaitant profiter plus
longtemps de l’intimité de leur intérieur.
Le petit-déjeuner est servi
dans votre chambre à l’heure de votre choix sur une belle table dressée
en toute discrétion. Les couverts scintillent, les pains et
viennoiseries sont de qualité, un jus de fruit frais donne un belle note
de couleur dans ce tableau saisissant. A tout instant, quelques pas vous séparent du même ascenseur qui vous
dirige en quelques secondes au septième étage où une terrasse panoramique remarquable vous donne une vue sur les sept collines de la
ville éternelle. La villa Médicis semble à portée de main et l’église
Sainte-Trinité-des-Monts pourrait bien entendre vos murmures… Du matin
jusqu’au soir, le bar est en libre-service, vous pouvez prendre un
cocktail, un verre de champagne ou un café, le seul effort à faire sera
de se servir, vous êtes ici chez vous !
Cette intimité préservée est
omniprésente et que l’on ne pense pas que le personnel soit absent. Un
signe ou un appel et tous vos désirs sont exaucés. Vous souhaitez
l’édition américaine du magazine Vogue ? Elle se trouve quelques
instants après sur votre table de chevet. L’envie vous prend de faire du
shopping via Condotti ? Une voiture vous accompagne et un membre du
personnel de l’hôtel portera vos emplettes…
C’est cela le goût Ferragamo, l’amour des belles choses, sans
ostentation et avec délectation !
Portrait Suites
Via Bocca di Leone, 23
00187 Rome - Italy
Tel +39 06 69380742
Fax +39 06 69190625
portraitsuites@lungarnocollection.com
www.lungarnocollection.com
Le cœur de Keats cessa de battre à
quelques pas de notre Suite, piazza di Spagna, dans une maison faisant
l’angle avec les superbes marches de l’escalier montant à l’église
Sainte-Trinité-des-Monts, église qui recueillait tout à l’heure nos
confidences du haut de notre perchoir. John Keats aimait à regarder ce
spectacle de la petite fenêtre de sa chambre où il cessera
définitivement sa vie terrestre de poète, une nuit du 23 février 1821,
il n’avait que vingt-cinq ans…
Il est des vies qui ne durent qu’un souffle, le temps d’un chant de
rossignol, mais quel chant ! Cette fugacité semble durer éternellement
lorsque l’on arpente les pièces de ce qui est devenu le musée Keats.
Le
poète arriva dans la ville après un épuisant voyage qui aurait dû le
tuer avant l’heure selon son ami Joseph Severn. A l’image de Goethe
quarante ans plus tôt, il connaîtra paradoxalement la ville en hiver,
mais cet hiver lui sera fatal. Avant de rester reclus dans cette petite
chambre que nous pouvons aujourd’hui visiter et qui ne saurait laisser
indifférent, le jeune poète osa des promenades journalières, à cheval,
en compagnie d’un jeune officier anglais, lui-même atteint de
tuberculose.
L’imagination court aussi vite que le galop des deux cavaliers et on les
verrait presque encore mener une petite foulée bien cadencée dans le
parc si proche de la villa Borghèse, parmi les pins et les chênes
éternellement verts…
Ce tout petit musée, qui honore également la
mémoire de deux autres poètes renommés, Shelley et Byron, est une
invitation à la rêverie et en même temps à la gravité. Si le visiteur a
la chance d’y parvenir par une journée pluvieuse, en fin de journée, ce
qui peut arriver à Rome en novembre, il sera immédiatement transporté
deux siècles en arrière et croira entendre le poète murmurer au
rossignol :
Mourir plus que jamais voluptueux me semble,
Cesser d’être à minuit sans douleur aucune
Alors que tu répands ton âme au loin
Dans une telle extase !
Tu chanterais encore, et moi l’oreille vaine –
Pour ton haut requiem je ne serai que terre.
(« Ode à un rossignol et autres poèmes » Traduction Fouad El-Etr,
Editions La Délirante, 2010.)
Piazza di Spagna 26, 00187 Rome
www.keats-shelley-house.org
BRIGHT STAR !
Bright star ! would I were steadfast
as thou art-
Not in lone splendour hung aloft
the night
And watching, with eternal lids apart,
Like Nature's patient,
sleepless Eremite,
The moving waters at their priestlike
task
Of pure ablution round earth's
human shores,
Or gazing on the new soft-fallen mask
Of snow upon the mountains and
the moors-
No—yet still
steadfast, still unchangeable,
Pillow'd
upon my fair love's ripening breast,
To feel for ever
its soft swell and fall,
Awake for
ever in a sweet unrest,
Still, still to
hear her tender-taken breath,
And so livre ever—or
else swoon to death.
John Keats
Les catacombes
San Callisto sont les plus grandes de Rome avec une superficie de 15
hectares de terrain que l’on a du mal à imaginer lorsque l’on se promène
sur les chemins de la via Appia… C’est à une profondeur pouvant
atteindre 20 mètres qu’il va falloir « plonger » afin d’atteindre les
premiers temps de la chrétienté ! Ces galeries qui se faufilent sur
quatre niveaux ont été creusées dans le tuf, une pierre friable qui au
contact de l’air se cimente en un matériau résistant. Vingt kilomètres
de galeries seront ainsi la dernière demeure de plus de 500.000
chrétiens au fil des siècles avec parmi eux de nombreux enfants en bas
âge. Du fait des trafics de reliques, le IX° siècle décidera du
transfert des restes des papes et des nombreux saints dans les
différentes églises de Rome. Oubliée pendant près de mille ans, la
catacombe de Saint-Calixte, du nom d’un diacre qui deviendra par la
suite pape, sera redécouverte par Jean-Baptiste Rossi au milieu du XIX°
siècle et réhabilitée progressivement, de nombreuses galeries restant
encore à rouvrir. On accède aux catacombes par une entrée datant du IV°
siècle, un escalier assez pentu vous entraine dans les profondeurs du
sol, et de l’histoire…
Petit à petit,
le visiteur aperçoit de petites cavités, les loculi, qui
recueillaient les corps des défunts enveloppés dans un simple linceul.
Ces petits espaces étaient fermés selon la richesse de leurs propriétaires
par une plaque de marbre ou, le plus souvent, par des tuiles. Quelques
mots inscrits sur la plaque accompagnaient le défunt dans son dernier
repos. D’autres salles plus vastes, les cubicules, recevront des
décorations et des fresques plus riches, les symboles chrétiens se
multiplient, le bon pasteur, le poisson, l’encre marine… vont ainsi
marquer l’iconographie de ces premiers siècles chrétiens.
Parfois, au
détour d’un chemin, une salle interpellera le visiteur. Il se trouve
subitement devant le caveau des papes enterrés ici, la catacombe San
Callisto en comptant seize, dont trois martyrs. La tombe de sainte
Cécile, patronne des musiciens, sera également source d’émotions, la
jeune sainte refusant de renier sa foi sera décapitée, mais sa mémoire
est perpétuée grâce à la célèbre représentation de son martyr évoquant
jusqu’à la fin son profond attachement à sa foi… Il faudra déambuler
longtemps encore pour s’imprégner d’un univers totalement hors du temps,
patiemment entretenu, restauré et mis en valeur par une administration
efficace et dévouée à ce patrimoine de la foi.
Lexnews tient à remercier la Direction
des Catacombres de San Callisto pour l'organisation de cette visite.
Residenza Napoleone III
Dans l’un des plus anciens Palais de
la ville, une suite d’exception sur les toits de Rome…
Lire pour voyager, voyager pour lire…
Le Palazzo Ruspoli ne peut laisser indifférent… On le découvre
immédiatement, à l’angle de la fameuse via Condotti et de la via
Fontanella Borghese, tant sa prestance et le respect imposés par le temps
lui ont donné cette dignité naturelle des œuvres faites pour durer,
témoin de l’excellence des siècles passés. L’édifice bâti au XVI° siècle
a su braver les temps et depuis qu’il est la propriété de la famille Ruspoli, c’était au XVII° siècle, il n’a eu cesse de faire resplendir
son esthétique raffinée. Il fut la demeure des aristocrates romains, le
lieu où ambassadeurs, notables, hommes d’église et de pouvoir se
pressaient pour être vus dans ses murs. Napoléon III y a séjourné en
1830 avec sa mère Hortense. Combien de secrets, de murmures de
gouvernements ou de passions privées garde-t-il dans ses lambris ? avec
un peu de temps, peut-être que…
Le rêve est à son apogée lorsque l’on entre dans ce palais admirable,
non seulement de l’extérieur, mais aussi de la cour intérieure,
transformé en palais de princesse à l’occasion d’un mariage lorsque nous
le découvrîmes. Nous pensions nous être trompés d’adresse, avoir pris un
numéro pour un autre… Nous étions bien attendus pour découvrir un lieu
enchanteur, fait d’histoire et de passion qu’il est encore possible de
goûter, aujourd’hui, au XXI° siècle. Nous prenons un ascenseur
extraordinaire, qui mériterait à lui seul toute une histoire. Il est
hérité de ces temps où on ne se pressait pas dans des boites hermétiques
plus proches d’un conditionnement alimentaire que du transport d’êtres
pensants ! Nous grimpons à une vitesse rassurante en découvrant la beauté
de cette cour intérieure, et de cet escalier majestueux que l’on
regretterait presque de ne pas avoir emprunté... Nous poursuivons par un
petit escalier, puis un plus petit encore et nous y sommes !
Une magnifique Suite se déroule devant nos yeux, faite de
véranda, de tonnelles, d’espaces fermés ou ouverts selon les endroits,
le tout avec une vue sur l’ensemble de la ville de Rome, à une hauteur
où rien ne vient faire obstacle…
De nombreux pots de terre cuite abritent une multitude de
plantes aromatiques, une idée heureuse pour vous rappeler que vous êtes
en Italie au pays des senteurs du sud. Une fois la surprise passée, un
beau plateau vous accueille avec des grappes de raisin, une rouge dans une
coupe argentée et une blanche dans le même appareil, en vis-à-vis pour
la couleur ! Un jus d’orange fraichement pressé est servi dans une
carafe, le soleil est au rendez-vous, tout est fait pour que vous
puissiez poursuivre votre rêve dans votre palais…
Les
espaces décorés avec un goût certain sont marqués par la touche de la
princesse Ruspoli, une dame polyglotte et dont le français vous ferait
rougir de votre méconnaissance de la langue de Dante.
Les peintures de chevaux sont omniprésentes, une passion
de la maîtresse des lieux, nous la comprenons bien volontiers. Les
canapés confortables, les livres dans toutes les langues que vous pouvez
lire à satiété, ces terrasses ouvertes sur la ville pour votre seul
plaisir semblent irréels dans notre époque trépidante.
La Residenza Napoleone III a cultivé la
tradition des choses bien faites : le soir, vous pouvez profiter des
éclairages discrets, des bougies sur les tables basses afin de prolonger
les discussions sur les beautés de la ville découvertes dans la journée,
le matin.
Un petit-déjeuner composé avec goût vous est servi royalement
dans une belle vaisselle par un majordome du palais, tout est parfait,
vous n’avez qu’une envie, revenir découvrir le reste des habitations de
cette inoubliable demeure qui charmera encore des siècles durant ses
bienheureux hôtes !
Fabrizio Bisconti Le Pitture
delle Catacombe Romane – Restauri e interpretazioni, Tau Editrice,
Italie, 2011.
Grand spécialiste des peintures des catacombes romaines, Fabrizio
Bisconti est professeur à l’Ecole de spécialisation de l’Institut
pontifical d’archéologie chrétienne. Son dernier ouvrage paru s’attache
à l'un des arts les plus anciens et enterré sous des
mètres en dessous du sol : les peintures des catacombes. Si l’auteur
souligne que l’art des catacombes est certes assez simple sur le plan de la
technique, son contenu demeure quant à lui d’une richesse qu’il convient
d’apprécier à sa juste valeur. Les représentations du Jugement dernier,
du Salut, de la vie et de la mort témoignent d’une profondeur
insoupçonnée. Il suffit, pour s’en convaincre, d’arpenter les kilomètres
de galeries où les premiers chrétiens enterraient leurs morts. Ce voyage
dans les fondations de la chrétienté permet ainsi d’admirer de
nombreuses représentations de Moïse frappant de son bâton le rocher, la
figure du Bon Pasteur, omniprésente, mais aussi des scènes très précises
de la résurrection de Lazare ou de la multiplication des pains… Ce sont
des centaines de références à l’Ancien et au Nouveau Testament qui
prennent vie dans ces galeries et dans les pages de ce livre de
référence, prélude à ce que sera l’art sacré des futures basiliques et
grandes cathédrales des siècles plus tard. Cette vie spirituelle a ceci
de touchant, par rapport à l’art sacré qui suivra quelques siècles plus
tard, qu’elle reste étroitement associée à la vie de tous les jours. Nous
y voyons des petits métiers du quotidien représentés très explicitement
: commerçants et artisans figurent ainsi sur ces fresques afin de bien
montrer que les chrétiens sont des personnes comme tout le monde comme
le disait Tertullien mais avec la foi en plus ! L’ouvrage, superbement
illustré, nous plonge dans le détail de ces fresques en montrant quels
ont été les choix de restauration entrepris avant de pouvoir interpréter
ces témoignages exceptionnels des premiers temps de la foi chrétienne.
ROMA. Catacombe di via
Anapo. Immagine di un’orante
(foto PCAS).
L'Art de Rome sous la direction
de Marco Bussagli, 326mm x 286mm, 48mm dos
680 pages, 4038g, Couverture cartonnée, 692 illustrations, Editions
Place des Victoires.
Qui ne révérait pas d’un ouvrage unique, réunissant tout ce que Rome
peut offrir d’art au visiteur impénitent, gourmand et inquiet de passer
à côté de ce que la ville lui réserve de plus beau ? Les éditions Place
des Victoires ont conçu cet ouvrage grâce à la plume inspirée de Marco
Bussagli et des meilleurs spécialistes des différentes strates
culturelles que le lecteur pourra découvrir, en prenant son temps, au
fil de la lecture. Au risque de se perdre, dans toutes les acceptions du
terme, l’amoureux de la Rome des arts aura tout intérêt à maîtriser sa
fougue et à patiemment découvrir chacune de ces époques qui ont non
seulement marquer l’Urbs mais également le monde de son époque,
indissociablement liés. Impossible de comprendre la richesse des restes
archéologiques encore présents au Forum, et dans ses alentours, sans
faire la démarche de comprendre le sens du développement urbain pour
Rome. La propagande, l’idée de puissance qui la sous-tend, la gestion
d’un empire sans cesse croissant aux confins du monde impliquent des
structures, des édifices dont on a le plus souvent oublié les fonctions
lorsque l’on se promène innocemment sur le pavé antique de ces lieux
érigés en musée. De la même manière, c'est-à-dire avec science et en
même temps didactisme, la Rome chrétienne, qu’il s’agisse de ses
premières constitutions ou de son autorité revendiquée au Moyen Age,
éclaire toutes les œuvres d’art qui nous sont données à admirer dans les
différents musées de la ville. Comment en effet comprendre ces objets
d’orfèvrerie médiévale sans les influences qui ont concouru à leur
réalisation ? Tout cela est expliqué dans ces études accessibles
nourries par une iconographie irréprochable. La richesse picturale de la
ville prend sens, les Primitifs italiens livrent leur message et
l’influence de Giotto à Rome s’éclaire avant les feux de la Renaissance
qui ne cesseront de briller jusqu’à nos jours. Nous pénétrons dans des
lieux que nous n’aurions pas même imaginés car ils ne figurent pas
toujours en tête de liste des guides rédigés à la hâte…
L’ouvrage décidément sans limites se permet même de nous emmener jusqu’à
la seconde guerre mondiale et des artistes contemporains du XX° siècle
comme Renato Guttuso ou encore Emanuele Cavalli offrent la découverte de
leurs œuvres au visiteur qui aurait trop rapidement arrêté ses choix de
visite à la Rome classique…
L’ouvrage est exigeant mais jamais rebutant, il pèse lourd et
nécessitera de nombreuses heures de lecture, mais il est de ceux qui
nourrissent et auquel on reviendra régulièrement pour mieux comprendre
l’art inépuisable de la ville de Rome !
L’hôtel Atlante
Star, le Vatican a portée de main…
Un repas, la tête dans les Etoiles et
le regard porté vers Saint-Pierre…
Au cœur du Trastevere,
un repas chez Checco er Carettiere…
Après avoir
traversé le Tibre et être parvenu à l’hôtel Atlante Star, une présence
s’impose, immédiatement visible et omniprésente : la basilique
Saint-Pierre et l’ensemble des édifices du Vatican sont en effet à
portée de main, à quelques centaines de mètres de vous… A peine arrivé,
on ne peut résister à l’attraction majeure des lieux, à savoir le
dernier étage où se trouve l’un des restaurants les plus appréciés de
Rome pour sa vue inoubliable sur l’ensemble de la place Saint-Pierre et
du Vatican. Le panorama ne s’arrête d’ailleurs pas là et c’est bien à
une vue sur l’ensemble de Rome qu’invitent les lieux même si tous les
yeux sont rivés sur le plus petit État du monde…
Cela fait plus de 40 ans que l’établissement appartient à
la même famille et les années n’ont rien changé à l’affaire, la relation
personnelle est au cœur du service offert, les propriétaires tiennent à
cette caractéristique en venant chercher gracieusement leurs hôtes à
l’aéroport. Les lieux sont recherchés bien évidemment pour la proximité
du Saint-Siège et lors des grands évènements, l’hôtel sert souvent de QG
à la presse internationale, et au monde de la politique et religieux qui
apprécient le calme et les nombreuses installations permettant d’y
travailler dans les meilleures conditions.
Il faut
choisir les Suites donnant sur le Vatican afin d’apprécier jour et nuit
l’une des plus belles vues de Rome. Le matin, au petit-déjeuner, c’est
également au sixième étage dans la salle du restaurant Les Étoiles
que l’on pourra prendre son petit-déjeuner avec cette vue panoramique
décidément irrésistible ! Mais, c’est surtout à la tombée de la nuit
qu’il faudra réserver une table, de préférence le plus près de la grande
baie vitrée, pour goûter à un spectacle inoubliable, le dôme de la
basilique éclairé de nuit et les appartements pontificaux dont une
fenêtre éclairée rappelle que le pape travaille encore à ses dossiers en
cette soirée…
Hotel Atlante Star,
Restaurant Les Etoiles,
Via Vitelleschi 34 , Roma 00193, Italia Hotel
Tel +39 066873233 info@atlantehotels.com
www.atlantehotels.com
Dîner dans un lieu mythique de la
Dolce Vita
au
Restaurant Le Grotte
Le restaurant annonce la couleur « Mangiare con gusto
», manger avec goût, et ce dans un cadre original puisqu’il abritait
l’une des plus anciennes boites de nuit de la ville au temps de la Dolce
Vita ! Le Grotte, que l’on peut traduire par les grottes, porte bien son
nom. Vous entrez dans un antre digne d’une taverne tout droit sortie du
moyen-âge… Le décor est impressionnant, des fresques directement
récupérées près du forum romain par un ancien propriétaire lors des
grands travaux de construction du monument Victor-Emmanuel, la fameuse «
machine à écrire », comme la nomment irrespectueusement les Romains.
Les briques antiques sont également omniprésentes,
mettant en valeur des petites cavités abritant une petite table pour un
couple d’amoureux ou au contraire une vaste salle voutée pour des
réunions d’affaires, tout est possible ici. La cuisine est une affaire
familiale et les Romains aiment à venir dîner ici que ce soit en famille
ou en réunion d’affaires. Un très beau buffet d’antipasti
continuellement renouvelé et d’une fraicheur irréprochable gagne les
suffrages pour le premier plat, comme on le nomme en Italie. Pour le
second plat, le dilemme sera de choisir entre les très beaux poissons
qui proviennent d’un arrivage journalier, là encore de toute première
fraîcheur et les viandes succulentes, rôties à point et toujours
accompagnées de légumes alléchants. Nous y avons dégusté un très beau
turbot, préparé avec goût ainsi que des côtelettes d’agneau, cuites
selon les règles de l’art avec des pommes de terre au four fondantes à
souhait…
Pour bien terminer le repas, goutez à l’Affogato ou au Millefeuilles
fait maison !
Ristorante "Le Grotte"
Via della vite, 37
00187 - Roma
Ouvert tous les jours
www.legrotte.eu
L’ascenseur, la nuit tombée, vous fait grimper au dernier
étage de l’Hôtel Atlante Star pour arriver au restaurant bien nommé,
Les Étoiles. Partout, le verre domine, aucun obstacle ne vient
arrêter le regard comme médusé par le spectacle ! La salle baigne dans
un éclairage très doux, crépusculaire, et subitement une cascade
architecturale ressort de ce tableau onirique : le dôme de la basilique
est éclairé et vous êtes dans la pénombre, l’ensemble des appartements
pontificaux est presque à portée de main, vous avez l’impression de
dîner dans le Vatican…
De belles tables sont dressées avec goût et rapidement un
service très professionnel et discret va opérer sans vous déranger dans
votre contemplation des lieux. Un verre de champagne, quelques
amuse-bouche et vous êtes encore plus dans le décor, celui du rêve et
des étoiles. Vous jetterez votre dévolu sur les blinis de fromage de
brie, fondants et savoureux à souhait à moins que vous ne préfériez
l’accord relevé d’une salade de pousses d’épinard tendrement mariée à
une sauce roquefort assaisonnée à point !
Le repas commence bien, les bougies sont allumées pour
faire une discrète concurrence aux illustres illuminations voisines… Le
restaurant honore une cuisine italienne préparée avec soin et avec les
meilleurs ingrédients (les propriétaires sont également récoltants d’une
délicieuse huile d’olive) aussi nous choisirons des raviolis accompagnés
de fleurs de courgettes et des fettuccine dont le ragoût de crustacés
est une merveille. Pendant que vous dînez, vous remarquez, bien
indiscrètement, qu’une lumière s’est allumée dans les appartements du
pape, et l’on se prête à imaginer le Saint-Père lisant un dernier
dossier ou bien méditant son bréviaire avant la nuit…
Les lieux sont sacrés depuis l’histoire la plus ancienne.
Saint Jean Chrysostome notait déjà au IV° siècle : « Toutes affaires
cessantes, rois, chefs et soldats accourent au sépulcre du Pêcheur »
et, depuis, la tradition n’a pas failli, il suffit pour s’en convaincre
de se promener dans les lieux un mercredi matin ou un dimanche à l’heure
de l’Angélus. Alors même que vous réfléchissez à toute la richesse de ce
patrimoine, l’art culinaire fait également la preuve de ses talents et
de somptueuses Gambas marinées et grillées arrivent devant vous avec ses
petits légumes italiens, vous pensez alors que les cuisines se sont
trompées et ont commandé un plat pour deux personnes. Vous faites erreur
! Tout cela est bien pour vous seul… Après ces agapes, le regard repart
vers le dôme et l’on a peine à imaginer qu’ici, en 319, l’empereur
Constantin déposa son diadème en signe d’humilité, prit une pioche et
creusa douze pelletées de terre en mémoire des douze apôtres pour
désigner l’emplacement de ce que serait la future basilique. Nous sommes
près de dix-sept siècles plus tard, que de chemins parcourus…
Notre repas prend fin après un savoureux gâteau glacé au Grand Marnier
accompagné d’une sauce aux agrumes qui vous rapproche encore plus du
ciel étoilé ! Vous ne parvenez plus à quitter les lieux tant
l’atmosphère qui s’en dégage et sereine et discrète, vous y reviendrez,
c’est sûr pour goûter aux plaisirs des yeux et des papilles pour votre
plus grand bonheur !
Visiter les plus beaux
musées de la ville
avec le Roma Pass !
Rome est une ville aux innombrables
musées et il est facile de se perdre avec une telle pléthore d’offres.
La Roma Pass est née d’une heureuse initiative de la Commune de Rome et
du Ministère des Biens et Activités Culturelles afin de regrouper les
principaux lieux à visiter à partir d’une carte centralisée.
Cette carte est valable pendant 3
jours à partir de son activation et donne accès gratuitement aux deux
premiers musées ou sites archéologiques visités. Les autres musées
peuvent être visités à l’aide de cette carte avec un tarif réduit. Les
avantages ne s’arrêtent pas là : la Roma Pass offre la gratuité sur tous
les transports en commun Atac (bus, lignes A et B du métro…).
La carte est vendue avec un kit complet qui inclut la Roma Map avec
toutes les informations touristiques et de transports, la liste des
musées fonctionnant avec la carte, un accès à des informations
culturelles et pratiques par Internet.
Un autre exemple des nombreux services offerts par cette carte
indispensable : Au Colisée, une entrée prioritaire a été prévue qui
permet d’éviter les nombreuses files d’attente des autres visiteurs, un
plus vraiment appréciable en période d’afflux touristique !
et dans tous les points
d’Informations Touristiques de la ville.
Les pas se perdent dans les ruelles étroites du
Trastevere. Nous sommes au-delà du Tibre, comme l’indique l’étymologie
de ce quartier. Au détour d’une ruelle, une magnifique église surgit au
milieu d'une place de rêve par une douce soirée romaine.
Nous apprenons qu’il s’agit de la basilique Sainte-Marie
du Trastevere, un des premiers édifices chrétiens ayant été ouvert
publiquement au culte, au III° siècle… Clin d’œil à l’ancien
persécuteur, ses vingt-deux colonnes de granit viennent des thermes de
Caracalla, lorsque le syncrétisme se fait visible d’une aussi heureuse
manière, on ressort rasséréné d’une telle visite et l’arpenteur des
venelles du Trastevere aura grand intérêt à tomber sur une adresse
mémorable à l’heure de dîner : Checco er Carettiere, au numéro 10 de la
Via Benedetta !
Ici, on cultive le goût pour les traditions, celles qui
ont fait de ces lieux un endroit incontournable où dîner, les nombreux
témoignages des prestigieux clients sont là pour s’en convaincre. C’est
ainsi que depuis les années 40, artistes, hommes politiques, acteurs ont
arpenté les lieux et profité de la cuisine généreuse qui y est servie
dans un décor fait de vieilles lanternes, de multiples cartes et photos
et autres boiseries.
L’atmosphère est familiale et aujourd’hui encore les
petits-enfants de Carrettiere perpétuent la tradition. Ici, la nouvelle
cuisine et autres inventions modernes ne sont pas en odeur de sainteté,
et après avoir goûté aux délicieux poissons, d’une fraicheur
irréprochable, ou à une savoureuse pièce de bœuf, on acquiesce sans
réserve. La carte des vins est également très complète et il ne faudra
pas oublier les desserts faits maison, simples mais excellents. Checco
er Carettiere entretient le mythe des grandes heures romaines, celles de
la Dolce Vita, et le samedi soir, la jeunesse romaine se mêle
joyeusement aux nombreux touristes avertis de l’ambiance et de la
qualité des lieux.
Entre les plats, on s’amuse à reconnaître les célébrités
d’autrefois et d’aujourd’hui, c’est cela Checco er Carettiere, une
tradition perpétuée, jour après jour, dans l’un des plus beaux quartiers
de Rome !
Checco Er Carettiere Via Benedetta 10,
00153 Roma - Italia Telefono +39 06.5817018 info@checcoercarettiere.it
www.checcoercarettiere.it
Lire pour voyager, voyager pour lire…
Rome, aquarelles de Fabrice
Moireau, textes de Dominique Fernandez, Les Editions du Pacifique, 2011.
C’est voyager d’une autre manière dans Rome qu’emprunter les chemins
offerts par les aquarelles de Fabrice Moireau. Nous voyageons
en effet différemment et le regard s’arrête sur des détails que seul l’œil de
l’artiste a su capter et rendre dans ces lavis subtils et influencés par
la lumière si particulière de la ville éternelle. Il suffit d’embarquer
sur le Mont Palatin, premier lieu emblématique du regard porté sur la
ville par le peintre pour redescendre vers l’île Tibérine et plonger son
regard dans les remous insondables du Tibre si bien rendus par Fabrice
Moireau ! Le dialogue entretenu entre le texte ciselé de Dominique
Fernandez et les couleurs de Fabrice Moireau ne cesseront pas d’ailleurs
d’étonner car nous avons là à faire deux véritables amoureux de la ville
même si parfois le texte peut s’avérer bien sévère à l’encontre du
Saint-Siège accusé de tous les maux et notamment celui d’atrophier la
vie culturelle… Mais la mauvaise humeur ne dure guère longtemps et
l’auteur n’hésitera pas à rendre grâce à la beauté des uniformes des
gardes suisses… Les couleurs de Rome, celles que relevait déjà Valéry
Larbaud, avec cet ocre inimitable et pourtant décliné presque à l’infini
dans la moindre ruelle ont marqué la palette de l’aquarelliste et les
sublimes vues des toits de la ville, l’une des positions les plus
importantes pour prendre son baromètre. Les deux auteurs plongent
également au cœur des quartiers et de ses vies parmi les vendeurs de
toute sorte, les petites échoppes, les artisans de l’inimaginable…
Il faut avouer que l’entreprise est réussie, au final, le lecteur a
littéralement été au contact de cette ville extraordinaire, a entendu
ses bruits, senti presque les odeurs de ses venelles, et a été baigné
par la palette infinie de ses couleurs à nulle autre pareille. C’est un
beau voyage qui nous est ainsi proposé et de bien belle manière !
Transferts Aéroport sans soucis
avec Pegaso Limo & Services…
Au cours de ce séjour, nous avons pu apprécier les
services irréprochables proposés par la société Pegaso Limo & Services
pour nos transferts d’aéroport. Cette société, qui s’est dotée d’une
structure de communication à la pointe de la technologie, offre une
réactivité irréprochable dans les services proposés avec un service
joignable 24/24h. Les véhicules luxueux de la société sont composés de
modèles récents au confort maximal. Les chauffeurs sont d’une
ponctualité rare et connaissent la ville comme leur poche, même dans les
ruelles les plus étroites de Rome !
Pegaso Limo&Service
Roma, Via Pietro l'Eremita, 3 - 00100.
Tel. 06.4429.0011 Fax 06.4429.2481
info@limousinepegaso.it
www.limousinepegaso.it
Du Piémont à la Lombardie en passant par
Milan
Rêves de Palaces...
Lac d'Orta
Villa Crespi
Rêve d’Orient au Sacro Monte…
« Le lac surgit devant moi, de la main de quelque prestidigitateur
invisible, puis l’île sacrée, avec ses monastères et ses grands arbres
pareils à des jouets paisibles, minuscules et bon enfant ! »
(Lawrence Durrell « Le sourire du Tao »)
Au détour d’une petite route serpentant
à travers bois, après que vos yeux aient suffisamment joué des rayons du
soleil filtrés par les arbres, Orta vous ouvre subitement ses bras, sans
autre transition. Balzac l’a comparé à «une perle dans un écrin vert », et
ce lac fier de ses couleurs changeantes selon les humeurs du temps s’offre
ainsi à votre admiration. Là, dans toute sa beauté, son calme, son
originalité, le lac d’Orta est le paysage idyllique pour « écouter » une
merveilleuse histoire, celle de la découverte d’un palais, à nul autre
pareil dans ce Piémont enchanté…
A partir de cet instant, le temps s’arrête ou tout au moins imprime un
ralentissement aux choses du quotidien. Est-ce cette vision architecturale
qui a bouleversé le cours des choses ou bien la sensation de sérénité en
ces lieux qui calme les sens ?
Nul ne le saura à moins d’interroger
l’âme des personnes qui ont gravi à quelques pas le chemin vers le fameux
mont sacré, tel Nietzsche et Lou Salomé dont les amours impossibles se
seraient croisés, sans s’arrêter vraiment, en ces lieux chargés
d’émotions.
Nous avons bien du mal à nous dire que
nous sommes dans le Piémont, au nord de l’Italie, au XXI° siècle et seuls
les graviers crissant sous les pneus de notre limousine s’arrêtant devant
les marches du Palais nous signifient qu’il est « temps » de nous éveiller
et de découvrir les lieux. Ce que nous faisons bien volontiers, notre
chauffeur nous dépose devant le seuil et là un bal enchanteur débute.
Un dîner...
à la Villa Crespi…
Diner à la Villa Crespi...
Diner à la Villa Crespi, juste à la tombée de la nuit, appartient au
domaine de l’évanescence. Vous ne savez plus si l’on vous a subrepticement
transformé en Grand Meaulnes dans le roman d’Alain Fournier à l’approche
de la fête mystérieuse ou si vos pas vont rencontrer ceux de Shéhérazade
pour une ultime évocation. Le personnel vous semblerait presque en livrée
et c’est avec chaleur et grand style qu’ils guident vos pas vers un dédale
de salles toutes aussi belles les unes que les autres. Votre choix
s’arrêtera sur la salle verte, aux espaces majestueux, ou bien sur le
charme discret et élégant de la salle bleue profond rehaussée d’or,
soulignée par le cristal étincelant d’un lustre fier de ses effets, à
moins que vous ne choisissiez l’écrin chaleureux de la galerie mauresque
qui ouvre ses arcades vers le parc et vous transporte si loin à la cour
d’un grand sultan...
A partir de cet instant, l’enchantement opère une nouvelle fois, c’est
décidément une agréable manie en ces lieux !
Interview du Chef Antonino
Cannavacciulo, Villa Crespi, Orta, 27/07/11
Lexnews : « De quelle région d’Italie
êtes-vous originaire et quelle a été l’influence pour cette cuisine servie
ici au Piémont ? »
Antonino Cannavacciulo : « Je suis né dans la campagne de Naples et
j’ai gardé de cette région un souci tout particulier pour la richesse et
la qualité de ses produits. Mais, j’ai surtout gardé précieusement avec
moi tout ce que cette Italie natale m’a laissé comme impressions
indescriptibles, et c'est ce que je tente chaque jour d’exprimer dans ma
cuisine, ici, dans ces lieux extraordinaires. C’est dans cet esprit que je
peux parfois transformer des produits de cette partie nord de l’Italie en
véritable festival méditerranéen grâce à cette inspiration qui est restée
gravée en moi.»
Antonino
Cannavacciulo et sa femme
Lexnews : « Nous avons remarqué dans
votre cuisine un véritable respect des saveurs originelles, il n’y a pas
chez vous de complications inutiles.»
Antonino Cannavacciulo : “ La
cuisine qui paraît simple ne signifie pas pour autant facile. Aujourd’hui,
dans notre monde moderne, la simplicité est la chose la plus difficile à
réaliser. Si vous prenez l’ombrine que vous avez dégustée, elle peut
apparaître simple dans sa présentation, mais c’est un poisson très
exigeant pour pouvoir être préparé de la manière dont je la conçois. Il y
a ainsi beaucoup de travail dans le concept et dans la préparation de ces
plats."
Nos valises s’envolent comme par magie, un
accueil chaleureux vous attend et vous vous retrouvez dans une ambiance
digne d’un palais de Maharadja à apprécier un apéritif maison délicatement
offert dans des fauteuils confortables… Vous êtes à la Villa Crespi, au
cœur de ce rêve un peu fou, né d’un riche industriel italien, Cristoforo
Benigno Crespi, épris d’Orient.
Surplombant le lac d’Orta, la villa voue un culte à la
beauté. Qu’il s’agisse des décorations et de l’aménagement des nombreuses
salles, tout a été choisi avec goût et équilibre, chose admirable dans ces
lieux qui inviteraient plutôt à la démesure !
Les parquets séculaires vous regardent amusés, ils en ont
vu tant d’autres et s’ils jouent de leurs décorations, ce n’est pas pour
vous impressionner, mais bien pour être digne des nombreuses soieries qui
ornent chaque recoin des lieux et refléter de leur mieux la magnificence
des plafonds de stuc sculptés d’innombrables entrelacs, volutes et autres
arabesques …
Le chef Antonino Cannavacciulo anticipera tous vos rêves culinaires, même
ceux que vous ignoriez jusqu’alors. Sa cuisine inventive et d’une
fraicheur proportionnelle à la chaleur dégagée par l’homme va s’exprimer à
partir de variations incroyables qui flattent les papilles, sans jamais
les agresser, surprennent vos sens, sans jamais les trahir.
L’homme est un esthète des produits les plus fins et c’est avec génie
qu’il développe une harmonie délicate et sincère tout au long de la carte
inventive que l’on ouvre sous vos yeux. Vous pouvez vous laisser guider et
suivre « L’itinéraire du Sud au Nord de l’Italie », menu ou plutôt voyage
culinaire auquel le chef vous invite de sa Naples natale à sa région
d’adoption. Nous sommes ici dans le Piémont, et toute l’Italie vous ouvre
ses portes grâce à l’expérience de cette cuisine si attentive aux leçons
du passé et ouverte à la modernité avec sagesse. Vous pourrez
préférer suivre votre propre itinéraire, quoiqu’il en soit, la route ne
sera pas semée d’embuches.
Les brochettes de Saint Jacques et langoustine apparaissent sous un jour
nouveau lorsqu’elles sont marinées à la ciboule et au citron et qu’un
serveur vient à l’impromptu arroser d’une théière emplie d’une infusion de
pomme verte rehaussée de céleri… Des crevettes rouges et dans leur plus
simple appareil sont posées sur une crème de jaune d’œuf avec du caviar
pour couronner le tout ! Les convives sont charmés, la vaisselle scintille
autant que les regards et vous commencez à oublier tout ce qui est vain et
inutile.
Lexnews : « Quelle est l’influence
des lieux exceptionnels dans lesquels nous nous trouvons dans votre
cuisine ? »
Antonino Cannavacciulo :
“ Les lieux dans lesquels je pratique ma cuisine ont une très grande
importance. Si vous prenez une journée comme aujourd’hui où le soleil
succède à la pluie, ces effets de lumière et de senteurs ne peuvent rester
sans influences sur la façon dont je conçois ma cuisine. Ces variations
m’inspirent des plats avec des notes de champignon. Il est vrai qu’au
départ.
Ces lieux ont une très forte influence car
je les découvrais pour la première fois. Après quelques années, j’ai
appris à concilier ces influences avec ma propre créativité qui ne cesse
d’évoluer au fil des saisons et des années. Je me sens assez libre
aujourd’hui pour développer ma cuisine en utilisant le meilleur des
produits sans me sentir emprisonné par tel ou tel régionalisme. »
Lexnews : « Quelle est l’attente de
votre clientèle qui vient du monde entier ici ? »
Antonino Cannavacciulo :
“ La clientèle internationale vient ici pour découvrir une cuisine
italienne moderne avec une certaine identité des saveurs et nos hôtes
italiens recherchent un retour à la simplicité. En ces temps de crise
économique, les gens recherchent la sécurité, même dans la cuisine de haut
niveau. Nos clients recherchent quelque chose de très difficile à réunir.
C’est un peu comme la mode, nous avons des cycles. Aujourd’hui, les gens
n’ont plus faim et c’est plus difficile de faire manger des personnes qui
sont rassasiées par une multitude de saveurs offertes sur le marché.
Ici, les couleurs et les formes
s’ingénient à se marier ensemble avec bonheur : un vert amande avec un
bleu profond, de l’or qui joue de ses reflets sur un bar presque urbain.
La décoration des lieux a réussi ce pari fou d’être unique, riche et en
même temps harmonieuse, le tout dans une cascade architecturale qui
n’arrête pas de déverser ses beautés devant nos yeux d’enfant. Mais,
montons quelques étages en découvrant un escalier somptueux qui vous fait
oublier l’ascenseur incongru en ces lieux et que vous réserverez pour les
soirées d’extrême fatigue…
Vous n’aurez jamais goûté à un tel gratin d’escargots aux herbes, lard et
crème anglaise à l’ail doux, ni même osé penser à une salade frisée
liquide avec de la langoustine si ce n’est dans une histoire de Lewis
Carroll ! Vous croyez rêver et vous êtes éveillé, à moins que ce ne soit
le contraire. L’ombrine présentée avec des dés de pommes de terre, du
choux fleur et de la tapenade vous fait goûter à cette simplicité pourtant
si difficile à réussir.
Si vous osez céder à la magie des fromages, c’est une véritable carte
d’Italie qui vous est présentée sur un chariot d’argent. Vous serez au
défi du choix et le temps de vous décider, on vous demandera délicatement
de patienter quelques minutes le temps de vous préparer tout spécialement
un pain brioché truffé de quelques pépites de chocolat pour accompagner
les morceaux que vous aurez choisis, comble du raffinement !
Il nous faut retourner à l’essentiel et
notre art est de justement de raviver les papilles gustatives des
personnes qui viennent nous rendre visite.
Même si nous avons les lieux pour cela,
il faut noter que nous ne sommes pas dans une grande ville et malgré cela,
pour la soirée d’hier le restaurant était complet, c’est un signe que ce
message commence à être écouté !»
Les ferronneries d’époque des riches rampes rivalisent avec les arabesques
des murs, c’est à qui fera le plus de contours et de détours pour attirer
notre regard médusé !
Une double porte à deux vantaux digne des plus belles demeures vous
laissent subitement découvrir votre chambre :
L’œil
ébahi n’attend plus que les desserts, quel gourmand ! On se demande
si la surprise est encore possible après un tel festival de saveurs. Les
surprises seront bien encore là lorsque vous aurez goûté à l’Espressionnisme
qui est une déclinaison de ce que le café peut offrir de meilleur
lorsqu’il n’est pas servi dans une tasse…
VILLA
CRESPI
Via G.Fava, 18 - 28016 Orta San Giulio (Novara)
Tel +39 0322 911902 - Fax +39 0322 911919
Mobile +39 334 6052912
info@villacrespi.it
un lit à
baldaquin trône au milieu de la pièce avec ses riches tentures et ses
soies chatoyantes, une tête de lit sculptée retient votre regard alors que
le cristal des lustres attend votre attention et que les marqueteries
guident délicatement votre regard vers les arbres du parc. Vous êtes dans
un rêve et le riche mobilier qui vous entoure complète ce tableau
extraordinaire dont vous faites dorénavant partie !
Le dessert au chocolat vous présentera quant à lui une incroyable sphère
d’or fourrée de crème qui attire tous les regards des voisins jaloux de ne
pas avoir fait ce choix. Ils n’auront qu’à revenir, c’est ce que nous
ferons une autre fois… pourvu qu’elle soit proche !
Il se fait tard, la sérénité a définitivement gagné votre cœur, vous
pourrez marcher quelques pas en direction du Sacro Monte, si cher à
Nietzsche, à moins que vous ne préféreriez profiter de la terrasse de la
villa illuminée la nuit, pour un dernier verre…
Milan…
...sur un air d’opéra
avec
un hôtel de légende !
L’imagination est à peine sollicitée lorsque nos pas approchent du Grand
Hotel et de Milan : vous oubliez votre limousine en échange d’un carrosse
et vous entendez immédiatement résonner le bruit des lourdes roues sur les
pavés de Milan, quelques dames en crinoline croisent votre regard, de
minuscules nuages sont également présents pour mieux souligner le bleu du
ciel… Vous revenez au XXI° siècle, mais le Grand Hotel, lui, a à peine
changé. Vous entrez dans un lieu où l’Histoire est un éternel présent et
il vous appartient d’en partager chaque minute, en invité de marque, comme
le furent en leur temps, Verdi, Caruso ou Maria Callas. Le Grand Hotel et
de Milan a certes la réserve austère, en façade, à l’image des plus belles
maisons de Milan, mais s’il affecte de ne point être ostentatoire, vous
succomberez immédiatement à ses charmes dans le goût d’un luxe historique
qui a fait ses preuves et qui ne cède en rien à la facilité.
Grand Hotel
et de Milan
Nous évoquions Verdi, le génial compositeur avait élu domicile en ces
lieux, où il vécut les trente dernières années de sa vie. Les Milanais
déposèrent même délicatement de la paille sur la chaussée de la via
Manzoni afin que le bruit des attelages ne dérangent pas ses derniers
instants…
Visite des Suites d’exception du Grand Hotel et de Milan avec Riccardo
Santi, manager.
Riccardo Santi : « Nous sommes au premier étage et la Suite Verdi donne
directement sur la via Manzoni. Vous pouvez voir dans ce salon la copie du
bureau de Verdi où il a composé deux œuvres magistrales de son répertoire
: Falstaff et Othello, nous gardons d’ailleurs l’original dans notre
réserve, en raison du caractère historique de ce meuble. Verdi a passé
dans ces lieux restés dans leur configuration d’origine près de 30 ans de
sa vie ! Le Grand Hotel et de Milan est né en 1863 sur l’un des axes les
plus anciens de la ville puisqu’il s’agissait de la voie romaine nord/sud
qui structurait toutes les villes romaines, nous avons même découvert les
restes d’un mur romain dans la cave du restaurant Don Carlos, preuve que
les fondations de l’hôtel remontent à la plus haute antiquité de la ville.
C’est en tant qu’hôtel d’exception que notre établissement existe depuis
ce dernier tiers du XIX°
Un repas en cinq actes… au Don Carlos du Grand Hotel et de Milan !
On entre au « Don Carlos » comme par enchantement. A partir du grand salon
de l’hôtel, une petite porte discrète vous mène par un étroit couloir dans
un lieu incroyable. Deux petites salles se rejoignent en angle droit pour
former l’un des restaurants les plus mythiques de Milan. Tous les grands
noms de la culture, de la politique et de l’économie en ont fait leur lieu
de prédilection. La première impression est celle d’un lieu « cosy » où
rien ne vient heurter le murmure des boiseries sombres que seules
éclairent quelques appliques discrètes. Une incroyable collection de
gravures et de décors de scènes pour certaines originales vous rappellent
que la Scala est toute proche. Vous êtes accueillis avec chaleur et
délicatesse et vous êtes certains d’être dans un lieu familier.
C’est également dans ces lieux qu’il trouva l’inspiration pour Othello,
puis Falstaff, deux opéras passés à la postérité. Il faut imaginer le
délire de la foule réclamant l’apparition du grand maître au balcon de sa
suite pour une ovation ininterrompue lors de la première de ce même
Othello ! C’est toute cette mémoire qui empoigne votre cœur lorsque les
lourdes portes de bois de l’entrée s’ouvrent devant vous et qu’un chasseur
vous conduit au lobby, inchangé depuis ce XIXème siècle éternel en ces
lieux. Vous entrez décidément dans un environnement tissé de mémoires et
de multiples vies, vous pourriez presque les frôler du doigt, tant ces
présences sont proches et n’appartiennent plus qu’à votre seule
imagination… Le salon a conservé la plupart du mobilier d’origine même
s’il a fallu parfois céder au confort de l’époque moderne. Les partisans
du design moderne passeront leur chemin. Les amateurs de cheminées
antiques, du mobilier qui a fait ses preuves depuis tant de générations,
les solides rampes en fer forgé rassureront les amoureux des émotions
authentiques. Le Grand Hotel et de Milan est une dame d’âge mûr qui force
le respect. Sa dignité égale son goût exquis et vous êtes heureux d’être
en sa compagnie.
Vous pouvez pourtant très bien vous retrouver assis entre le Président de
la République Italien et Daniel Barenboïm, sans que cela ne surprenne qui
que ce soit, car, ici, la vedette œuvre derrière les fourneaux et il
s’appelle Angelo Gangemi, l’un des chefs les plus renommés d’Italie.
Quelques airs de Verdi vous rappellent que le célèbre musicien était un
résident permanent de la maison et que ces lieux enchanteurs ont nourri
son inspiration pour des œuvres passées à la postérité. Le chef est
italien, romain d’origine et milanais de cœur, il vous le rappelle avec un
trio de raviolis où l’amatriciana, le brocoli et les anchois se disputent
la prééminence du bon goût. Pour confirmer votre jugement et que
décidément le grand art peut même résider dans des pâtes, vous gouterez
aux tagliatelles maison mariées à des cèpes nappées d’une crème de basilic
de Prà, de tomates cerises et de buratta, un fromage des Pouilles à fondre
de plaisir ! Vous entendez entre quelques bouchées un air de La Traviata
et votre cœur se réchauffe aidé en cela par un vin rond et généreux, d’un
beau rouge rubis, un chaleureux Maim Costaripa, 2007.
Vous pousserez même le fétichisme en empruntant l’antique ascenseur
d’époque, en priant les dieux qu’il ne tombe en panne, la légende veut
même qu’à l’origine il était mû par un mécanisme vapeur… Une fois l’étage
gagné, des suites et de belles chambres se disputent une décoration
également sûre de ses valeurs.
siècle
jusqu’à nos jours. On peut donc dire que Guiseppe Verdi l’a connu à ses
tout débuts puisqu’il s’y est installé en 1872 jusqu’à la fin de sa vie,
le 27 janvier 1901. Cette Suite a été totalement redécorée en janvier
2011, les tapisseries ont été refaites par un artisan exactement dans le
style du XVIII° siècle.
Bien entendu, nous avons concilié les exigences d’une restauration
respectueuse de la nature historique des lieux tout en intégrant les
impératifs du confort moderne d’un palace du XXI° siècle avec
l’intégration de l’air conditionné. Vous avez ici l’une des chambres les
plus emblématiques de l’hôtel avec un caractère très classique, tel que
l’établissement les proposait à ses débuts. Et maintenant, vous pouvez
découvrir la chambre de cette même suite 105 qui communique avec le salon
que nous venons de voir. Nous retrouvons la couleur de la tapisserie.
C’est le lit où Verdi s’est éteint avec une seule concession à la
modernité : cette télévision discrètement cachée face au lit !
L’acte suivant voit des poulpes rôtis avec une crème de pomme de terre,
olives noires et haricots verts prendre place pour une symphonie de
saveurs inoubliables, Angelo Gangemi est un enchanteur, nous en sommes
convaincus ! Est-ce parce que le chef sait que vous êtes français qu’il a
décidé de vous proposer un « Chateaubriand de veau », nul ne le saura !
Le mobilier, souvent d’époque, vous replonge dans cette fin du XIX°
siècle, qui vous parait si proche. Il faut avoir visité, sinon résider,
dans la suite Verdi pour se faire une idée de ce qu’était la vie à Milan
dans un grand hôtel. Il ne s’agit pas là d’un musée, même si tout est là
tel que ce le fut dans ce derniers tiers du XIX° s. C’est plutôt un
sentiment incontrôlable de vie que vous ressentez à cette vue, une vie
plus forte que tout et qu’un siècle et demi n’a pu faire cesser de battre
le cœur.
Un
peu plus et vous entendriez encore la plume de Verdi gratter la partition
d’un dernier opéra en votre présence sur ce secrétaire qu’il affectionnait
tant ! C’est cela le Grand Hotel et de Milan, une succession d’émotions,
plus fortes les unes que les autres et toujours guidées par la rectitude
du goût, une tradition méritée par des décennies de qualité, legs
incomparable pour l’avenir…
Nous sommes véritablement dans l’Histoire avec ces lieux où il passa
tant d’années…
Notre clientèle russe apprécie beaucoup cette Suite qui est souvent
réservée pour cette expérience unique. Voici la Suite 123 de l’empereur du
Brésil Dom Pedro II, bien connu pour avoir aboli l’esclavage dans son
pays. C’est en 1888, le 30 avril, qu’il a fait les honneurs de notre
établissement.
Toujours est-il que ce plat accompagné d’une sauce au foie gras et
au petit pois est un morceau d’anthologie, digne de l’auteur des Mémoires
d’Outre-tombe…
La musique enchaîne ses airs d’opéra, l’humeur musicale est en accord
parfait avec la joie culinaire qui se dégage de ces compositions
merveilleuses.
Et c’est bien la saveur et la beauté des desserts présentés qui vous
feront oublier que votre appétit est pourtant rassasié. Un mille-feuille
de chocolat et de menthe semble si léger que vous osez gouter encore à une
tartelette de fruits rouges fondants, seuls les incorrigibles oseront
toucher à un strudel de pèches blanches, les autres seront « condamnés » à
venir le goûter à un autre repas !
Un déjeuner tendance au Restaurant Caruso…
Pour déjeuner tendance dans un des meilleurs hôtels de Milan et pour
prendre le baromètre de la ville en étant installé dans la véranda qui
donne sur la Via Manzoni à deux pas de la Scala, le Caruso vous enchantera
en restant toujours sur une tonalité d’opéra. La qualité de la cuisine se
décline dans des plats de saison où le risotto au safran est en première
position.
La Pinacoteca Ambrosiana :
"Pour
un service universel"
L’ancien propriétaire des lieux, Monsieur Spatz, l’a alors accueilli avec
tout le personnel réuni au complet dans le lobby que vous connaissez.
L’accueil qui lui fut réservé ici le toucha tant qu’il allongea son séjour
bien au-delà de ce qui était initialement prévu. Il faut vous imaginer les
salles de réception de l’hôtel décorées tel un jardin tropical et tout le
hall était empli de fleurs jaunes et vertes au couleur du drapeau du
Brésil ! Vous remarquez une ambiance totalement différente de la Suite
Verdi, avec une décoration chaleureuse et très claire.
Vous pouvez même voir sur ce mur les chroniques des journaux de l’époque
relatant la visite de l’empereur à Milan… Nous tenons beaucoup à cette
intégration discrète de l’histoire de notre hôtel dans la décoration de
nos suites et chambres. Cela est particulièrement apprécié par nos hôtes à
la recherche d’authenticité.
Je vous présente une dernière Suite qui vous donnera encore un autre
aspect de notre Hôtel avec cet appartement orientaliste. Vous remarquez
ainsi que chaque chambre a un aspect bien différent. Notre hôtel avec ces
différentes Suites offrent à notre clientèle des espaces qui appartiennent
véritablement à l’héritage aristocratique des siècles passés.
En cette année de 150ième anniversaire de l’indépendance italienne, un
gratin d’aubergine a été tout spécialement conçu comme emblème de
l’excellence de la cuisine italienne ! Le service est rapide tout en étant
élégant et discret. Pour le gourmant, le choix des desserts sera
l’occasion de rester encore quelques précieux instants à sa table… une
table qu’il faudra réserver avant un après-midi de shopping ou de musées !
Il est des lieux rares qui, à leur première visite, vous empoignent par
leur force, leur caractère, l’héritage laissé aux générations futures. La
Pinacoteca Ambrosiana née en 1618 et de manière générale l’ensemble
formant un tout conçu par l’admirable cardinal Federico Borromée,
archevêque de Milan, font partie de ces lieux marquants qui croisent votre
chemin plus que vous ne les avez choisis…
Si vous avez la chance de rencontrer l’un de ces personnages habités par
ces lieux tel Don Rocca, un des docteurs du collège de cette
institution, il soulignera dans ces premiers propos que l’institution fut
souhaitée par le grand humaniste afin de préserver la culture et de la
rendre accessible au plus grand nombre, surtout aux plus démunis. Il
évoquera tous ces trésors gardés depuis ce début du XVII° siècle, dans le
mouvement de la Contre-Réforme, afin de raffermir les croyants dans leur
foi dispersé par les suites de la Réforme. Il soulignera aussi quelques
anecdotes telle celle de la gratuité de l’accès à tous les ouvrages de la
Bibliothèque en son temps avec la menace d’une excommunication
irréversible pour tout vol de ces volumes… On est impressionné par tant de
savoir réuni entre les murs de ce palais, particulièrement calme en ces
heures d’été milanais.
Cette Suite est née d’une expérience de Monsieur
Bertazzoni, une ancienne famille milanaise propriétaire des lieux, qui a
voyagé un an en Inde et dès son retour a souhaité créer cette Suite avec
ces soies et ces lampes orientales. Nous avons à cœur de mettre à la
disposition de nos hôtes une décoration qui correspond le plus à leurs
affinités en restant toujours dans la beauté et l’excellence, sans
ostentation. »
GRAND HOTEL ET DE MILAN
- VIA MANZONI, 29 - 20121 MILAN
TELEPHONE: 02 723141 - FAX: 02 86460861
Email: reservations@grandhoteletdemilan.it
Entretien avec Angelo Gangemi, chef du Don Carlos,
restaurant Grand Hotel et de Milan, 28/07/11
LEXNEWS : « Vous êtes né à Rome et vous avez également étudié la cuisine
en France. Dans quelle mesure ces éléments ont-ils marqué votre création
dans votre cuisine ? »
Angelo Gangemi : « Je suis originaire de Rome, ville dans laquelle j’ai
passé vingt ans de ma vie. J’ai travaillé dans deux hôtels 5 étoiles dans
cette ville, puis j’ai passé trois ans en France au Touquet ainsi qu’à
Paris pour finalement arriver ici à Milan… La cuisine romaine est pour moi
la base même de ma cuisine. Ma mère m’a donné tous les secrets de cette
cuisine romaine. Je fais profiter ici à nos hôtes cette expérience
initiale parallèlement à la cuisine milanaise que j’apprécie beaucoup et
qui est à la base de nombreuses recettes servies ici au Don Carlos. Mais
attention, je tiens à vous préciser quelque chose d’important pour moi :
il ne s’agit pas d’un mélange de cuisine d’inspiration romaine et
milanaise, ces deux cuisines sont très différentes et il ne peut être
question de les mélanger. En Italie, nous tenons beaucoup à la spécificité
des régions dans notre cuisine. Bien entendu, cela ne m’empêche pas de
faire des recettes inspirées de ces régions mais repensées et revisitées
selon ma propre inspiration culinaire.
cardinal Federico Borromée
Un samedi matin d’été, à l’ouverture de la Pinacoteca di
Brera…
Je pense que pour faire une cuisine de qualité, même à niveau
international, il est très important de connaître la spécificité de ces
cuisines traditionnelles. Si vous prenez ici à Milan une recette bien
connue comme l’escalope qui porte le nom de la ville, il est très précieux
de savoir réussir ces plats à la base de la mémoire de nombreux italiens
qui viennent ici.
La mission léguée par l’illustre archevêque perdure encore aujourd’hui
avec la volonté de faire partager au plus grand nombre les trésors de la
culture héritée des siècles précédents tout en les confrontant aux
cultures d’autres civilisations et d’autres horizons. Chaque docteur,
membre du collège administrant l’Institution présidée par un Préfet
cooptés par eux, a sa spécialité, et elles sont diverses et variées.
Ainsi, ils travaillent chacun à leur domaine tout en bénéficiant du savoir
des autres spécialistes réunis en une seule et vaste salle de travail ou
seul le silence et l’étude ont droit de résidence…
Le visiteur ne voit bien évidemment que la face immergée de cet édifice de
savoir et de connaissance mais c’est grâce à une telle administration
qu’autant de chefs d’œuvre et de recherches conjointes ont pu être réunis
depuis plus de quatre siècles, exemple unique dans le monde. Des coffres
dignes de ceux des banques les plus sûres abritent en leur sein de
précieux et fragiles manuscrits, des centaines de mètres d’étagères,
savamment classées, conservent des codex incroyables tel cet exemplaire
unique et incroyable des œuvres de Virgile qui avait appartenu à Pétrarque
et annoté par lui ! Les lieux abritent également dans leur sous-sol, les
restes archéologiques du Forum de la ville à l’époque romaine au 1er
siècle de notre ère…
Il est impossible de réunir en quelques lignes tout ce que ces lieux
offrent à l’intelligence et à l’admiration de l’âme de nos contemporains.
Les plus pressés auront à cœur de découvrir les trésors renommés de la
peinture réunis dans la Pinacothèque, exposés avec goût et suffisamment
d’espace pour reprendre son souffle, et il en faudra, tant les signatures,
ici encore, impressionneront les plus blasés.
Titien La
Maddalena
Luini Gesù Bambino con l'agnello
Après les fondations antiques de la ville, gravissons quelques escaliers
et le premier regard pourra s’arrêter sur cette magnifique Madeleine
peinte par le Titien, un personnage que le cardinal appréciait tant en
raison du caractère humain qui s’en dégage, entièrement tourné vers la
source divine de toute lumière, même les plus fugitives… La même salle
offrira la tendre évocation de l’enfant Jésus enlaçant tendrement un
agneau évoquée par cette peinture de Bernardino Luini, une œuvre pourtant
si dramatique lorsque l’on réfléchit quelques instants à la symbolique
représentée par ce jeune animal.
Ces premières impressions ne sont que le
début d’une visite qui occupera plusieurs heures pour les plus
persévérants ou bien quelques découvertes flânées au hasard des salles
telle cette célèbre nature du morte du Caravage sous forme d’une corbeille
de fruits automnale si différente dans sa simplicité (elle s’autorise même
la figuration de feuilles à moitié desséchées) de celle figurant à la
Villa Borghèse à Rome. Impossible de passer à côté de l’admirable portrait
d’un musicien peint par Léonard de Vinci, le seul portrait masculin que
l’on connaisse du peintre et qui représente le compositeur Franchino
Gaffurio, auteur de nombreuses messes et motets pour la cathédrale de
Milan entre le XV° et XVI° siècle.
La liste est longue des trésors à découvrir dans ces lieux où le silence
règne et ou le personnel de surveillance est d’une délicatesse rare dans
les musées de nos jours. Il faudra encore réserver de longs instants pour
admirer le Codex Atlantico de Léonard de Vinci séparé en feuilles préservées de l’agression du
temps dans des vitrines protectrices alignées tout au long de
l’impressionnante Bibliothèque conçue selon la règle du nombre d’or,
prônant l’équilibre parfait des dimensions dont la Renaissance fera grand
usage. Un instant de sérénité extrême vous gagne et vous n’avez qu’un seul
désir à l’esprit, revenir goûter ces rares moments de bonheur dans des
lieux si généreux !
Au 28 via Brera, à Milan, se trouve un ancien convent, aujourd’hui
sanctuaire des plus belles œuvres de l’art italien. Une fois passée
l’austère façade de l’édifice, le regard se porte sur une statue érigée
par le sculpteur Antonio Canova en l’honneur de Napoléon Bonaparte dans la
cour intérieure, statue qui le représente en empereur romain et qui est
nettement moins sensuelle que celle qu’il réalisa de Pauline Bonaparte
dans la Villa Borghèse…
On gravit les marches d’un escalier monumental, et il est impossible de ne
pas croiser le regard de la statue de Cesare Beccaria, le grand juriste
natif de ce quartier de Milan, et qui fut l’un des fondateurs du droit
pénal moderne et premier adversaire de la peine de mort…
Alors même que de multiples trésors attendent à l’intérieur, flâner
quelques instants sur ce balcon intérieur qui longe toute la cour au
premier étage est un enchantement, surtout lorsqu’il est tôt, le musée
ouvre « aux aurores », et qu’un beau soleil éclaire tout l’espace qui vous
est réservé, sans l’ombre d’un autre visiteur. Une fois entré, vous
pourrez avoir l’agréable surprise d’une exposition temporaire, comme celle
réservée au peintre du romantisme italien Francesco Hayez dont on pourra
admirer le célèbre « baiser », ainsi que les portraits également passés à
la postérité de Verdi et de Manzoni. La collection permanente suit
immédiatement, et là, un dilemme se pose inéluctablement : comment
appréhender une telle richesse en une seule visite ! Il faudra naviguer,
comme autrefois lorsque le quartier était bordé de canaux comblés bien malencontreusement
par Mussolini, entre des chefs d’œuvre qui à eux seuls nourrissent
des monographies entières…
Il serait tentant d’aller immédiatement vers la Pietà de Giovanni Bellini,
représentation émouvante de la mort du Christ à faire pleurer les cœurs
les plus secs ou encore ses deux « Vierge à l’Enfant » qui vous feront
presque oublier la proximité d’admirables tableaux de Mantegna à quelques
mètres… Cette salle qui porte le numéro VI est décidément inoubliable, une
seule solution y revenir au plus tôt…
Un peu plus loin, c’est à Lorenzo Lotto que nos regards s’attarderont avec
une autre Pietà où deux anges soutiennent avec difficulté le corps du
Christ au bas de la Croix alors que sa mère effondrée est elle-même
littéralement tenue par saint Jean, la souffrance extrême à la
vue de son fils mort l’empêchant de se maintenir encore dans le monde des
vivants. A peine reposé le regard de cette scène chargée d’émotions, vous
apercevez tout à côté de vous des Tintoret, des Véronèse et même un
Titien, vous ne rêvez pas, vous êtes à Brera et vous irez encore longtemps
de découverte en découverte…
Piero della
Francesca La Vergine con il Bambino e santi
Il n’empêche que la cuisine romaine est pour moi au cœur même de ma
cuisine. La France m’a beaucoup appris surtout pour l’aspect de
l’organisation d’une équipe, soudée et qui doit savoir travailler
ensemble. Pour moi, il est très important que toute l’équipe s’implique
dans les recettes que nous élaborons. Ils doivent chacun goûter à ce que
nous faisons, le commenter, proposer un ingrédient en plus ou en moins.
Une fois cela réussi, le plat sera intégré dans le menu. Je travaille avec
mon second depuis plus de dix ans. Nous sommes au même diapason. »
Lexnews : « Vous êtes le chef d’un des meilleurs restaurants de Milan,
dans un hôtel où Verdi et de nombreuses célébrités ont demeuré, quelles
sont les influences de ces lieux dans votre cuisine ? »
Angelo Gangemi : “Nous sommes ici en effet dans un hôtel historique et la
cuisine traditionnelle a bien entendu une place très importante. Nous
réalisons beaucoup de menu à thème et nous insérons régulièrement des
appellations de plat faisant référence à des personnages célèbres qui ont
séjourné ici. Guiseppe Verdi vient bien entendu en premier puisque le nom
même du restaurant est un hommage direct à cet illustre compositeur. Nous
allons bientôt proposer un cappuccino Verdi dans cet esprit. Nous
réalisons également des plats qui font directement référence à l’histoire
de cet hôtel. Il est vrai que de nombreux personnages ici inspirent
directement ou indirectement des recettes et des créations que nous
réalisons tout au long de l’année. Comme vous avez pu le remarquer, notre
restaurant est très lié à la Scala avec toutes ces esquisses de décors
d’opéra directement accrochées au-dessus de la tête de nos convives. Tout
cela est en effet très présent dans ma cuisine. Les grands noms de la
saison lyrique nous font l’honneur de notre restaurant et notre Président
de la République est un habitué des lieux ! C’est en effet quelque chose
de très important pour moi… Cela ne m’éloigne cependant pas de ma priorité
absolue : le respect de l’identité de la cuisine que je propose. C’est
dans ce respect de la tradition que se situe le lien avec l’Histoire et la
culture. Parallèlement à cela, nous offrons bien entendu une cuisine qui
peut plaire à une clientèle internationale.»
Lexnews : « Qu’est ce qui caractérise votre cuisine et quelles sont les
priorités de votre cuisine ? »
Angelo Gangemi : “Je suis un partisan convaincu d’une cuisine qui respecte
la nature des saveurs des ingrédients. Pour moi, le produit est à la base
même de mes recettes, ce qui a longtemps été oublié dans les dernières
décennies de la haute gastronomie. Quand je déguste un poisson, je veux
pouvoir identifier ce poisson et reconnaître son goût. C’est pour cela que
vous ne devez pas ajouter trop d’ingrédients qui tuent ces saveurs
essentielles de départ. Je préfère acheter un excellent poisson un peu
plus cher mais qu’au moins vous reconnaissiez ce poisson. Pour moi, cinq
ingrédients sont suffisants pour accompagner un poisson ou une viande,
au-delà, on risque de dénaturer les choses. Certaines cuisines trop
sophistiquées sont en perte de vitesse alors même qu’elles étaient à la
mode il y a quelques années tout simplement parce qu’elles n’étaient pas
vraies ! Cela ne veut pas dire que je prône une cuisine facile… Quand un
nouveau cuisinier arrive dans mon équipe, je lui demande de me réaliser un
plat tout simple comme des spaghettis tomates basilic ! Je suis là et je
regarde : s’il réussit cela, pour moi il sera un bon cuisinier. C’est un
plat apparemment très simple et pourtant très difficile à bien réussir.
Bien entendu, nous partons de la cuisine traditionnelle pour proposer
quelque chose de plus sophistiquée qui corresponde à un restaurant d’un
hôtel cinq étoiles. Nous sommes bien entendu également influencés par la
cuisine française et espagnole.»
Lexnews : « Quelles sont vos priorités pour votre choix des ingrédients et
quelle est la place des saisons dans vos recettes ?”
Angelo Gangemi : “Nous recherchons bien évidemment les meilleurs
ingrédients, en donnant la priorité à l’origine italienne des produits
quand cela est possible, je suis un peu chauvin là-dessus, j’ai d’ailleurs
appris cela chez vous en France ! J’accorde également une grande
importance aux herbes, j’ai chez moi un petit jardin avec un grand choix
d’herbes. Cela me permet de tester nos plats avec des essais parfois
inédits d’herbes. Je viens de trouver une menthe particulière qui
ressemble à du chewing gum ! Mes clients étaient tellement surpris que
j’ai apporté la feuille à mes convives pour leur faire goûter crue…
J’accorde une grande importance aux saisons dans le choix des ingrédients.
Nous renouvelons la carte à 90% tous les mois, nous suivons donc de près
les saisons.
Vous constatez ainsi que la cuisine moléculaire n’a pas sa place ici, je
tiens à ma propre identité, il me semble que ma cuisine est arrivée à une
certaine maturité à laquelle je tiens.»
Ristorante Don Carlos
Grand Hotel et de Milan
Via Manzoni, 29
20121 Milano
tel. +39.02.72314640
La Cène de Léonard de Vinci
La fragilité d'une œuvre éternelle...
Un transport haut de gamme avec la Société de limousine Autonoleggio Pini
Ce sont plus exactement deux grandes œuvres qu’abrite le très sobre
réfectoire du couvent dominicain de l’église Santa Maria delle Grazie à
Milan : la Crucifixion de Montorfano, bien évidemment trop souvent occulté par la
fameuse Cène peinte par Léonard de Vinci !
C'est avec un nombre
très restreint de visiteurs que nous entrons pour voir l’une des évocations les plus belles
du dernier repas du Christ, objet de toutes les interprétations, même les
plus
farfelues, en raison de la notoriété de l’œuvre. Nous voyons cet espace
dans une ambiance certainement plus lumineuse qu’à l’époque du peintre,
car depuis, les ouvertures des fenêtres ont été agrandies. Cette lumière
reste cependant tamisée et bien entendu tous les regards se portent sur cette
fresque mémorable, que l’on n’imaginait pas ainsi alors même que l’on
pensait pourtant tant la connaître.
Mais laissons la parole à Goethe qui a consacré toute une réflexion à
l’auteur de cette fresque très tôt appréciée dans l’histoire de l’art :
« Telle était l’époque dans laquelle parut Léonard de Vinci, et en même
temps que son habileté naturelle lui rendait facile l’imitation de la
nature, son esprit profond remarqua bientôt que, derrière l’apparence
extérieure, qu’il savait si heureusement reproduire, étaient cachés encore
bien des mystères qu’il devait s’efforcer sans relâche de découvrir. Il
chercha donc les lois de la structure organique, la base des proportions ;
il étudia les règles de la perspective, de la disposition, du coloris ;
bref, il tâcha d’approfondir toutes les exigences de l’art. Mais ce qui
l’intéressait surtout, c’était la diversité de la figure humaine, sur
laquelle se manifeste aussi bien le caractère permanent que la passion
momentanée, et ce sera le point auquel nous devrons nous arrêter le plus
en étudiant le tableau de la Cène. »
Cette attention toute particulière portée par l’artiste aux caractères des
passions humaines par contraste à la Passion préfigurée par la trahison
tout juste évoquée dans ce dernier repas est au cœur de la fresque que
nous avons devant nous. Jésus vient d’annoncer qu’un des leurs, un
disciple donc, le trahira et la stupeur se lit sur tous les visages peints
par Vinci. Un espace se fait alors entre les disciples et le Maître,
réservant déjà une distance préfigurant les épreuves à venir dans les
heures que vont suivre.
Seul Jean semble sinon serein tout au moins à peine surpris par l’annonce,
nous savons qu’il sera le seul à rester jusqu’au terme du supplice et
qu’il recueillera la Vierge Marie chez lui selon les ultimes paroles du
Christ. La tempête règne plutôt chez les autres disciples, c’est à qui de
s’interroger : est-ce lui ? Est-ce moi ? Les mains sont particulièrement
éloquentes, la plupart des disciples, à l’exception de Jean, font des
grands mouvements de protestation, l’épreuve a débuté, et la Cène
préfigure la future Eglise en devenir qui aura fort à faire pour gagner
son unité et sa paix. On quitte avec peine cette salle du réfectoire mais
le temps est minuté pour ne pas endommager la fragile fresque réalisée par
Léonard de Vinci…
C’est très certainement l’une des sociétés les plus anciennes de transport
de personnes privées haut de gamme en Italie. La société Pini Limousine
fut en effet fondée en 1925 par Clementino Pini, et dés le départ cette
dernière avait
déjà pour mission essentielle de conduire dans toute l’Europe les hôtes de
marque qui venaient visiter l’Italie ou qui se rendaient dans les pays
européens. Déjà à cette époque, la société insistait sur le confort de la
limousine conduite par un chauffeur formé à cet effet, afin de fournir les
meilleures prestations possibles à ses clients renommés. C’est dans les
années 50 que l’économie offrit de nouveaux débouchés à cette société solidement assise en s’adressant également au monde des affaires et au
transport des managers et responsables économiques dans cette riche région
de l’Italie. Cet essor permit à la société de Clementino Pini d’atteindre la
première place des sociétés de transport de personnes privées haut de
gamme et ce 24h/24h. Dans les années 90, la société continua de se
développer sous l’égide de Mario Pini qui suivit les traces de son père
avec une très nette extension à l’international grâce à un réseau efficace
d’affiliations ainsi qu’une flotte de véhicules sans cesse accrue et
renouvelée.
La pratique d’un service de qualité à tout moment de la journée et de la
nuit a très rapidement valu à société Autonoleggio Pini le slogan “Style
autour du monde” en raison de la satisfaction de sa large clientèle.
Il n’y a en effet pas d’amateurisme dans cette société qui a près d’un
siècle de services dans le transport de personnes haut de gamme, ni de
chauffeur improvisé. Tout est minuté et disponible quasiment
instantanément à toute heure du jour et de la nuit et sans aucun oubli.
Les chauffeurs, tous polyglottes, arrivent systématiquement un quart
d’heure avant l’heure du rdv (constaté à chacun de nos transferts pendant
toute une semaine) et font preuve d’un professionnalisme rarement atteint.
La flotte de véhicules haut de gamme (Mercedes, Audi...) assure un voyage
dans les conditions maximales de confort et de luxe dans la plus grande
discrétion possible.
Incontestablement, la société Autonoleggio Pini est à recommander pour tous transferts d’aéroport, visite de ville, et déplacement dans
toute l’Italie et à l’international.
Autonoleggio Pini S.R.L. piazza Aspromonte 28, 20131 Milano
tel ++39 02 29400555 fax ++39 02 2047843
Un nouveau parfum pour femme nommé Paisley vient enrichir une collection
déjà riche de multiples fragrances de la marque ETRO. Paisley est plus
connu en France sous la dénomination de motif cachemire, inspiré d’un
motif floral qui a été largement répandu dans le textile, notamment dans
les soieries. Renvoyant à une métaphore de l’arbre de vie, cette
représentation
exprime l’idée d’un perpétuel renouvellement de la vie, source
d’inspiration pour de nombreuses cultures depuis les temps les plus
anciens. Paisley tire également son nom d’une bourgade en Ecosse dans les basses
terres, lieu qui développa l’industrie textile et notamment ce fameux motif
qui allait rapidement connaître une célébrité internationale.
L’Eau de Parfum Paisley est tout d’abord contenue dans un flaconnage qui à
lui seul est un bel hommage de la marque à un motif qui a depuis longtemps
inspiré la célèbre marque milanaise. A l’image d’un tatouage, le dessin
cachemire multiplie ses volutes enserrant l’ensemble du flacon
rectangulaire pour converger vers son sommet terminé par un bouchon
lui même gravé et argenté. L’Eau exprime immédiatement des nuances envahissantes et
séduisantes où l’Orient vient apporter des touches exotiques. La cardamone
vient à la rencontre du poivre rose où la bergamote nuance un subtil
mélange qui rappelle les entrelacs du cachemire. Les gousses de vanille et
l’ambre gris associés au patchouli d’Indonésie confère à cette fragrance
envoutante, une profondeur qui reste discrète et non entêtante.
Pour l’homme, l’Eau de toilette Pegaso est une référence explicite au
célèbre cheval ailé de l’antiquité, emblème de la marque ETRO. L’animal
fantastique monta rapidement au ciel pour assister Zeus dans
l’Olympe. Au terme de ses services, il deviendra une constellation dans
les cieux que nous pouvons toujours admirer par une belle nuit étoilée !
Cette inspiration mythologique a nourri cette eau où la bergamote est
sublimée par des nuances d'aromes méditerranéens de basilic. L’esprit de l’Olympe
et la force de cette fragrance sont également caractérisés par des senteurs
boisées venant du cèdre qui nous rappelle à l’élément fondateur de notre
humanité, la terre mère. Inspiration et raison, lumière et pénombre, les
expériences multiples qu’offre ce parfum subtil devraient séduire l’homme
actif, épris de profondeur et de sensualité.
Après les trépidations de la ville et ses tentations
multiples, il est grand temps de prendre l’air de la montagne et d’être
un peu plus à l’écoute de son corps, trop souvent négligé le reste de
l’année…
Pour cela, une direction de rêve est à inscrire sur la route de son
séjour dans la région de Milan. Il faut quelques dizaines de kilomètres
pour rejoindre les montagnes de Lombardie et plus précisément Castione
della Presolana, dans les Dolomites. Passées quelques vallées sans
attrait particulier, l’altitude gagne, nous laissons à notre droite le
lac d’Iseo, qu’il faudra revenir voir, puis notre voiture grimpe encore
et encore, on s’attendrait presque à voir la neige et une station de ski
! C’est à peine exagéré car ici, en hiver, les panneaux indiquent qu’il
vaut mieux rouler avec des pneus cloutés, nous sommes prévenus…
(...) Après une nuit calme et sereine à 1000 m
d’altitude, notre programme de la journée est préparé avec soin sur ordinateur. En
entrée, un massage Chakra avec des galets, puis en plat principal, un
parcours de relaxation au SPA, suivi au choix d’un scrub bergamasque ou d’un
masque « Oro Bianco » le must…
Le massage se pratique dans la pénombre avec une musique New Age. Une
masseuse dénoue un à un tous vos muscles tendus avec des mains dignes
d’une déesse indienne. Vous ne parvenez pas à comprendre comment vous
pouviez ressembler tant à une pelote de nerfs avant ce soin divin.
Interview Roberto Iannotta , responsable du Centre SPA –
Hotel Milano
Lexnews : « Comment est né cet hôtel et comment vous est venu l’idée
d’une spécialisation SPA et bien être ? »
Roberto Iannotta : « Notre hôtel est une affaire familiale ! Notre mère
a cuisiné pendant 50 ans ici et a même formé l’actuel chef.
Nous stoppons devant un hôtel familial qui a su évoluer
au fil des années pour devenir l’un des centres les plus à la pointe de
la remise en forme. La preuve en est qu’une des équipes de football les
plus connues de la région a profité des lieux pour un stage de
préparation physique dans ce même hôtel. Les chambres, modernes et bien
équipées, ont même un mini SPA avec jet d’eau, chromothérapie et hammam,
la couleur est annoncée ! Avant de profiter des installations, direction
le restaurant qui semble avoir la réputation d’être un lieu plus
gastronomique que diététique…
Au terme du massage, des galets réchauffés sont posés sur
les points Chakra de votre corps, afin de parfaire la relaxation. Une
voix douce vous demande « va tutta bene ? », vous ne pouvez que répondre
par l’affirmative…
L’après-midi, le parcours «relax » vous attend, ce n’est pas un parcours
du combattant, quoique…
On vous propose tout d’abord de marcher sur des galets
avec des jets alternativement chauds et froids, une expérience qui aiguise vos sens et stimule tout votre corps.
Cela fait plus de dix ans que nous avons compris
l’importance de cette orientation bien-être avec une avance notable sur
d’autres destinations grâce à l’excellence de nos soins dont plusieurs
sont une exclusivité nationale, voire internationale. Notre hôtel est
particulièrement recherché en été pour les rencontres d’entreprise où
les directions profitent de ces lieux exceptionnels pour souder leurs
équipes grâce aux nombreux soins que nous leur prodiguons ainsi que les
multiples activités en plein air qui sont possibles avec la montagne au
pied de nos installations. Comme vous pouvez le constater, c’est
également un endroit de premier choix pour les sportifs de haut niveau
qui viennent ici en stage de préparation, nous recevons actuellement
l’équipe de football d’Atlanta, renommée ici. Enfin, notre hôtel est le
lieu de destination rêvée pour les familles, les couples ou les
personnes seules souhaitant profiter d’une altitude modérée, nous sommes
à 1000 m, tout en étant qu’à quelques dizaines de kilomètres de Milan !
L’hiver, les lieux sont la première destination des Milanais et des gens
de Bergame pour pratiquer le ski avec des pistes à quelques kilomètres
de notre hôtel. »
La cuisine s’avère en effet très
généreuse et offre un bel éventail des spécialités lombardes et plus
précisément encore de la cuisine de cette région montagnarde. Les
fromages et la charcuterie sont une invitation au bonheur que seule la
diététique vient tempérer. Le chef, Giovanni Magri, a en effet conçu une
cuisine subtile et riche tout en variant ses déclinaisons à partir de
recettes régionales.
Vous entrez ensuite dans une large
piscine aménagée où vous passez sous une cascade d’eau qui vous masse
tous les muscles de vos épaules et de votre dos. Quelques longueurs et
vous vous allongez sur des lits d’eau à gros bouillons qui vous secouent
dans tous les sens. Encore un peu de jacuzzi avant de ressortir
complètement régénéré de ce parcours aquatique !
Lexnews : « Quelles sont les
caractéristiques pour les soins que vous prodiguez dans le cadre de
votre SPA ? »
Roberto Iannotta : « Je crois que le premier élément sur lequel il faut
insister réside dans la qualité et l’excellence que nous pensons avoir
atteint dans ce domaine. Nous ne nous sommes pas improvisés spécialiste
dans ce domaine comme c’est parfois le cas.
Une petite tisane bio vous est
proposée avec des quartiers de fruits frais que vous pouvez déguster sur
un transat à l’intérieur ou sur la pelouse extérieure au soleil. Une
fois remis de vos émotions, vous pouvez poursuivre avec une séance de
sauna doux suivi d’une douche à jets multiples avant de refaire un sauna
classique à près de 90°.
Un buffet « di Verdura » offre un véritable repas à lui seul avec ses
antipasti divers et variés et lorsque vous apprenez que deux autres
plats principaux suivront avant un copieux buffet de desserts, vous
comprendrez pourquoi les propriétaires des lieux ont installé un sauna
dans votre chambre !
Le service est digne des grandes tables avec une carte des vins
également généreuse, bref, vous vous dites que votre retraite
montagnarde commence plutôt bien avec toutes ces agapes… L’eau sera pour
demain, en attendant prenons encore un verre de ce bon vin rouge de la
région ! (...)
Nous avons conçu et élaboré de nombreux soins, souvent en étant les
premiers dans ces domaines. Nous avons ainsi choisi les meilleures
installations avec des produits bio ainsi qu’un personnel qualifié
chargé d’encadrer nos hôtes en fonction de leurs attentes. Différents
programmes sont ainsi élaborés en respectant toujours le critère de
bien-être qui doit être préservé dans tous les cas. Il n’y a pas de
salle de torture ici ! »
Lexnews : « Quelle est votre approche quant à la diététique ? »
Roberto Iannotta : « Nous ne sommes pas partisans de mettre les gens à
la diète durant leur séjour.
Une deuxième douche ou mieux, si vous avez le courage, un
bac d’eau glacée que l’on tire avec une corde au-dessus de soi viendra
vous rafraîchir les idées ! Encore une petite séance de hammam pour
terminer un parcours exceptionnel qui vous laisse sur un petit nuage
tout le reste de la journée…
Avant de diner, vous pourrez tester le scrub bergamasque qui comme son
nom le laisse entendre est une spécialité locale à moins que vous ne
préfériez un scrub au sucre de canne, au miel ou encore aux herbes
sauvages des Alpes . Une masseuse vous
enduit de polenta et vous frictionne afin d’éliminer toutes les
impuretés de votre peau et vous laisser presque comme neuf avant de vous
faire un massage nettement plus doux avec une huile relaxante. La peau
sort totalement régénérée par un tel traitement, exclusivité des lieux.
Vous savez, on ne prend pas autant de kilos que cela en
quelques jours et on ne perd pas non plus aussi vite un excèdent de
poids de plusieurs années ! Nous préférons mettre à la disposition de
nos hôtes une cuisine saine réalisée à partir de produits frais de la
région et rien n’empêche de préférer à nos riches fromages et
charcuteries un peu plus de crudités et d’antipasti que nous proposons
également dans notre restaurant… »
Lexnews : « Votre hôtel offre beaucoup d’activités en relation avec le
village et la région.»
Roberto Iannotta : « Vous insistez sur quelque chose de très important
et qui compte beaucoup pour nous.
Notre hôtel est en effet particulièrement attaché à être
en résonnance avec tout ce que le village et la région peuvent offrir en
termes d’activités culturelles et sportives. Nous proposons
régulièrement à nos hôtes des soirées musicales où nous faisons tout
particulièrement venir des musiciens selon des thèmes retenus. Nous
participons également à la découverte de la région ainsi qu’à de
nombreuses manifestations locales. »
Roberto Iannotta
responsable du Centre SPA – Hotel Milano
L'autre soin phare de l'Institut, l’Oro bianco, est
presque aussi précieux que le fameux métal. Importé de l’île de Rügen
dans la Mer du Nord, cet extrait minéral composé à 98% de calcium est
hérité des temps les plus anciens et est un concentré de bienfaits pour
la peau. Réputé pour ses propriétés depuis l’aube des temps, les femmes
de l’île de Rügen ont depuis toujours été remarquées pour la beauté de
leur peau grâce à cet Oro Bianco qui agit comme une éponge en absorbant
toutes les toxines de l’épiderme. Après un scrub initial, l’application
est laissée 40 mn sur la peau avant un massage final. Les glandes
lymphatiques sont activées pour une peau retrouvant sa souplesse et son
éclat, une vraie cure de jouvence au naturel !
Hotel Milano Alpen Resort -
Via S. Pellico 3 - 24020 Castione della Presolana - Bratto (BG) - Tel.
+39 034631211 - fax +39 034636236 - info@hotelmilano.com
www.hotelmilano.com
Le Palazzo della Ragione per Accademia Carrara
et une exposition de peinture italienne à Bergame…
« Vincere il Tempo », vaincre le temps… tel est
l’ambitieux programme de cette nouvelle exposition dans l’éternel
Palazzo della Ragione, symbole architectural de cette victoire sur le
temps tant l’édifice a surmonté les siècles avec fierté et peut même
s’enorgueillir de vieillir en beauté ! Dans un espace à couper le
souffle avec une voute de plusieurs mètres de haut, cerné de toute part
par des fresques sur les murs de pierre de taille et surmonté d’une
charpente comme on ne peut même plus les rêver, voici réunie une
sélection des plus beaux tableaux de l’Accademia Carrara.
Nous quittons les hauteurs alpines
pour rejoindre les hauteurs médiévales de Bergame. Au loin se profile la
fière colline au sommet de laquelle un festival architectural vient
d’avoir lieu… ces derniers siècles… A Bergame, en effet, pas une seule
maison moderne et le parpaing est un mot inconnu. Ici, le temps s’est
arrêté à l’âge de la pierre, la pierre taillée bien sûr par les
meilleurs artisans. Nous descendons au GombitHotel dirigé par Massimo
Santilli, le seul hôtel à avoir pris place dans l’une des tours les plus
anciennes de la cité haute puisque les murs entre lesquels nous
habiterons datent du XIII° siècle et le confort du XXI° !
Interview Massimo Santilli, general manager du
GombitHotel
LEXNEWS : « Comment s’est déroulée cette rencontre avec
un lieu aussi exceptionnel que la Tour Gombit en plein centre de la cité
haute de Bergame et comment avez-vous décidé d’en faire un hôtel ? »
Massimo Santilli : « L’édifice était l’un des plus
anciens de la ville. Il s’est trouvé qu’il était inutilisé et que nous
avons eu l’opportunité d’en disposer. Ce choix a été fait dans l’optique
de proposer un lieu plein de charme et, en même temps, qui serait marqué
par l’hospitalité que nous souhaitions à tout prix dans nos priorités. »
LEXNEWS : « La décoration et le subtil équilibre entre le
classique et le moderne confèrent une touche bien particulière à votre
hôtel. Quel est votre designer et quels étaient les impératifs à suivre
pour un projet aussi délicat ? »
Massimo Santilli : « Nous devons la réalisation de la
décoration du GombitHotel à notre designer Giò Pozzi .
La vénérable institution est en travaux jusqu’à sa
réouverture que l’on espère proche, en attendant des expositions se
poursuivent néanmoins dans ce très beau Palazzo della Ragione .
C'est ici que se tient la très belle
exposition « Vincere il Tempo » qui poursuit d'une certaine
manière l’exposition qui avait été menée
jusqu’aux portes de Caen l’année passée avec une présentation des œuvres
réunies par le comte Giacomo Carrarra tout au long du XVIII° siècle. La
visite permettra ainsi d’apprécier toutes les œuvres de Lorenzo Lotto
conservées par l’Accademia, un peintre qui réalisa un grand nombre de
tableaux de qualité dans la ville et dans les églises avoisinantes en
cherchant à entretenir un certain dialogue entre l’art vénitien et l’art
lombard.
Giovanni Bellini
Lorenzo Lotto
Madonna con il Bambino
Noces mystiques de Ste Catherine
Sensation très étrange que d’entrer
dans l’époque médiévale la plus conservée de la ville (pas d’effets de
la Renaissance ou du baroque ultérieur), et en même temps d’être
accueilli par un art moderne omniprésent qui a réussi par magie et bon
goût à parfaitement s’intégrer dans ces lieux historiques. Pas une seule
chambre ne se ressemble (il y en a treize) et pourtant une griffe
commune les unit, celle du designer Gio Pozzi et de l’entrepreneur Nadia
Galeotti. Ce n’est pas une galerie, le lieu est beaucoup plus
chaleureux, mais les œuvres d’art y ont résidence, c’est un hôtel mais
c’est également plus que cela, les livres y sont nombreux car un
De nombreux chefs d’œuvres furent réunis grâce à l’esprit
visionnaire de collectionneurs avisés tels Carrara mais également
Giovanni Morelli au XIX° siècle, qui surent réunir des peintures de
Pisanello et de Bellini avec notamment cette magnifique Madonna col
Bambino acquise en 1891. Le visiteur se laisse entraîner par une belle
scénographie circulaire, presque dans la pénombre, allant de merveilles
en merveilles de la peinture italienne détenue par l’Accademia Carrara…
Ayant une longue expérience dans l’univers de la mode et
du stylisme, elle s’est progressivement rapprochée du monde de la
décoration d’intérieur, tout en gardant ses influences premières. Il en
résulte une impression immédiatement perceptible dès l’arrivée dans
notre hôtel d’élégance et de précision dans sa façon de concevoir les
lieux dans cet espace unique. Elle est particulièrement sensible à
l’atmosphère historique des lieux qui a guidé ses inspirations avec un
grand respect des matériaux présents depuis des siècles à l’intérieur de
nos murs. »
Diner un soir d’été à Bergame
sur la terrasse du restaurant Colleoni…
ingénieux système d’échange d’ouvrages entre différents lieux permet de
prendre un livre ou d’en déposer un, réseau ouvert à l’amour généreux de
la lecture ! L’accueil est à la hauteur des lieux… Un personnel jeune et
dynamique, polyglotte, répond immédiatement à une clientèle qui se
partage entre le monde des affaires et le tourisme de qualité venu
visiter les richesses de l’endroit. Vous choisissez votre chambre, la
décision sera parfois délicate tant les goûts et les couleurs sont
possibles ici, mais dans tous les cas, une parfaite harmonie règne dans
l’espace que vous aurez choisi ainsi qu’ un calme olympien, rarement
atteint dans les hôtels contemporains. Les vieilles poutres plusieurs
fois centenaires se marient parfaitement avec le lin et les œuvres
modernes qui donnent une petite touche minimaliste du plus bel effet.
LEXNEWS : « Nous avons remarqué que chacune de vos
chambres était unique et en même temps un lien les unit. Comment
avez-vous réussi cet exploit ? »
Massimo Santilli : « C’était en effet un défi car nous
souhaitions un design bien particulier pour chacune des chambres qui se
répartissent en quatre catégories selon leur taille. C’est grâce à ce
sur-mesure rendu possible par la grande expérience de notre designer que
nous avons pu imprimer un caractère à la fois particulier à chaque
espace, tout en essayant de donner une certaine unité à l’ensemble. »
LEXNEWS : « Quel est le profil de vos clients et comment réagissent-ils
à l’ambiance des lieux ? »
Massimo Santilli : « Notre clientèle se répartit selon
Vous arrivez à la tombée de la nuit sur l’inénarrable
piazza Vecchia dans la cité haute de Bergame et vous êtes invité à
prendre place à l’une des belles tables de la terrasse du restaurant
Colleoni avec comme voisin l’antique palais de la « Ragione » que
nous venons de visiter. L’influence de Venise se fait ressentir dans les
détails des édifices et pour peu vous entendriez un gondolier vous
proposez ses services…
Est-ce cet air vénitien qui nous a fait choisir le menu
de la mer proposé par le propriétaire des lieux, Pierangelo Cornaro,
lui-même chef renommé et avocat pourtant réputé de la cuisine lombarde ?
Nous ne le serons pas mais après un apéritif savouré dans
cet espace unique avec un temps estival, nous découvrons les premières
agapes avec ravissement.
Quel bonheur que de flâner de jour et de nuit dans la
cité haute, entre ces murs chargés d’histoire et de passions, on en
n’oublierait presque le monde moderne, heureusement une connexion à
Internet, gratuite et ouverte jour et nuit, vous attend dans l’accueil
si vous vous sentez trop aspiré par l’Histoire et l’âme de cette ville
inoubliable.
le pourcentage suivant : 60% d’étrangers et 40%
d’Italiens, et nous pouvons dire que 60% de notre clientèle appartient
au monde des affaires et 40% au tourisme. La réaction première est la
surprise quant à l’équilibre réussi entre la modernité et l’histoire des
lieux que vous releviez tout à l’heure sans que cela ne porte préjudice
au confort que nos hôtes soulignent régulièrement lors de leur visite. »
LEXNEWS : « Vous semblez très ouvert à la culture avec de nombreuses
œuvres d’art présentes dans votre hôtel et nous avons également remarqué
de nombreux livres en libre accès. Quelle est la place que vous réservez
à la culture dans votre hôtel ? »
Massimo Santilli : « Vous mettez le point sur quelque chose qui est en
effet très important pour nous. Nous avons décidé de créer une
bibliothèque ouverte avec nos hôtes avec un système de « book-crossing »
qui vous permet de prendre le livre qui vous plait et de le laisser dans
un autre lieu relais à la disposition de quelqu’un d’autre.
Nous sommes immédiatement étonnés car nous pensions
trouver une cuisine locale de qualité et nous sommes immédiatement en
présence de la cuisine du chef Pinato Odorico, une cuisine de haute
volée, rivalisant avec la beauté des lieux.
Les Amuse bouche de purée de lentille de Castelluccio
avec ses trippes de morues en surprendront plus d’un, nous les premiers,
et la salade légèrement grillée de turbot aux citrons confits relevés
d’un filet d’huile de
GombitHotel
Via Mario Lupo, 6 - 24129 - Bergamo - Italy
T +39 035 247009 - F +39 035 233341
info@gombithotel.it
www.gombithotel.it
Nous estimons que l’hospitalité peut également aller
jusqu’à partager quelque chose qui vous appartient et qui vous tient à
cœur. Je pense d’ailleurs que c’est un concept qui est également adapté
à la culture et à l’art ! »
noix vous assure immédiatement que c’est bien une cuisine
de haut niveau que vous avez trouvée tout en haut de cette colline
médiévale ! Il est fort probable que parvenu à cette étape de votre
repas, vous entendiez subitement une cloche assourdissante sur les coups
de 22 heures, la surprise passée, vous apprendrez que depuis des temps
immémoriaux, cette cloche de la grande tour qui est à quelques mètres de
vous sonne inexorablement les 100 coups afin de prévenir les habitants
que les portes de la cité vont fermer, à l’heure du couvre-feu. Les
portes ne ferment plus depuis longtemps mais l’incroyable volée de
cloches sidèrent toujours les touristes surpris de cette agréable
permanence du temps... Entretemps, une délicieuse crème de fèves
accompagne des écrevisses rouges de San Remo, un régal tant
l’association parvient à vous faire oublier le gong envoutant des
cloches qui ne terminent pas leurs envolées !
Un apéritif ou une collation
dans l’un des plus anciens Café
d’Italie !
.
(...) L’architecture néoclassique s’est mise au diapason
des monuments grandioses qui le bordent et c’est avec discrétion et bon goût que l’établissement propose
une carte variée de collations et de restauration à toute heure de la
journée et du soir. Il faut également découvrir la cave jalousement surveillée par
le propriétaire des lieux ! Des trésors, dont nous tairons les noms,
feraient tomber en pâmoison tout amateur de Bacchus qui se respectent.
Les lieux invitent à prendre un apéritif sur la terrasse à la tombée de la nuit,
lorsque la frénésie diurne des touristes s’estompe et que les reflets du
soleil jouent encore quelques tours avec le haut des édifices
séculaires.
1476, c’est la date de l’un des plus anciens
établissements d’Italie, le Caffè Del Tasso, nom qu’il emprunta au célèbre poète
à la Renaissance et à qui fut consacré la dédicace
de la statue toute proche. Le lieu est un endroit chargé d’Histoire et
c’est ici même qu’eut lieu la sédition des volontaires locaux qui
décidèrent dans ces murs de se rallier aux Mille de Garibaldi, lors du Risorgimento, dans la seconde moitié du XIX° siècle
Depuis cette époque, des nombreuses personnalités ont
fréquenté les lieux, perpétuant ainsi la tradition (...)
Après de délicieuses tagliolini aux œufs relevées par du crabe royal, une lotte préparée à la
catalana et légèrement parfumée à l’oignon de Tropea vous fait atteindre
des hauteurs gastronomiques propices à la géographie des lieux. Le
plaisir culinaire est atteint avec une cuisine fière et entière, pleine
de maturité et d’audaces. Vous n’oublierez pas de déguster la pâtisserie
inventive du chef Cerutti Matteo, suivie d’un vieux rhum dont les lieux
ont le secret, avant d’arpenter calmement les ruelles endormies de la
Cité haute, rasséréné par tant de découvertes...
Les gourmands s’attarderont sur les pâtisseries maison
dont les spécialités de Bergame, le dôme de polenta fourré de crème
pâtissière, un régal !
Ce sera également le lieu idéal pour des découvertes
œnophiles illimitées, la carte propose, entre autre, plus de 200
étiquettes des meilleurs crus d’Italie...
A noter d’ailleurs que les propriétaires ont lancé
depuis peu la production d’un vin local bergamasque plein de
promesse, un vin riche en tanin et qui a manifestement profité du soleil
généreux qui s’attarde longtemps sur ces collines fertiles de Bergame.
Tournoi de référence sur la planète polo, Deauville a pour habitude de
recevoir quelques-uns des meilleurs joueurs du monde à l’occasion de la
Coupe d’Or Lucien Barrière. L’assurance d’assister à un grand spectacle.
Cela fait plus d’un demi-siècle que ça dure : tous les grands noms du polo
mondial passent un jour par Deauville pour la Lucien Barrière Polo Cup. La
Coupe d’Or fait partie des trophées que ces grands joueurs veulent à tout
prix accrocher à leur palmarès. Cette année, quatre noms sortent du lot
d’un plateau déjà exceptionnel : deux anciens Champions d’Argentine et
handicaps 10, Lucas Monteverde et Milo Fernandez, un des surdoués de la
génération montante, Hilario Ulloa, handicap 9 aujourd’hui, mais un « 10 »
en puissance, et Pancho Bensadon, handicap 8, qui, depuis 3 ans qualifie
son équipe d’Allegria à Palermo pour l’Open d’Argentine.
A Deauville, Pancho jouera aux côtés d’Hilario Ulloa au sein de l’équipe
Royal Barrière tandis que Milo Fernandez Araujo aidera Lucas Monteverde et
Talandracas à conserver la Coupe d’Or. A côté de ces deux « grosses
cylindrées » trois autres solides équipes feront front avec vigueur à
commencer, et c’est une première, par une équipe entièrement composée de
joueurs professionnels, commanditée par un mécène indien.
Polo de Deauville, l’équipe si chère à son président de joueur, Alexandre
Sztarkman, tentera de renouveler son exploit de l’an passé où l’équipe,
menée par le handicap 7 Dario Musso, avait réussi, après avoir éliminé In
The Wings et Bautista Heguy, à atteindre la finale pour la première fois
de son histoire.
www.polodedeauville.com
Trois jours
à Rome !
ome
n’est jamais la même et pourtant si éternelle ! Comment lever ce paradoxe
et paraître cohérent lorsque les mots ne suffisent pas à circonscrire
aussi facilement le tour de la ville que ne le faisait l’antique
pomerium. Gare à celui qui prétendra impunément en violer le sillon
sacré tel Remus, il pourrait nous en coûter fort cher à l’exemple de
l’illustre fondateur de la cité. Il faut être persévérant et humble,
patiemment s’initier aux « couleurs de Rome », selon l’expression de
Valery Larbaud. Ces couleurs particulières semblent ici plus profondes,
plus denses et plus chargées - on n’ose prononcer le mot sans frémir -
d’Histoire. C’est au pluriel d’ailleurs que l’Histoire se décline à
l’image des déclinaisons latines. Le pluriel est à tout instant présent et
il est difficile de dire « la » ville tant ses collines multiples dressent
des étendards distincts impossibles à ignorer. Marco Lodoli, dans un
récent essai, a même imaginé une cartographie originale des « Îles » qui
émergent aux seuls yeux des clairvoyants… Ces îlots jouxtent parfois les
lieux incontournables, lieux qu’il ne faut pas pour autant bannir au
risque d’être damné des dieux. Mais la promenade doit être plurielle,
vagabonde certainement, féconde à coup sûr !
Rome se fissure parfois et offre un éventail d’émotions qui rompt
l’équilibre des cœurs les plus sûrs. Le sang afflue et les yeux s’embuent
à la vue d’une arche antique, d’une chapelle ignorée de la lumière ou d’un
escalier à la dérobée protégé par une voûte médiévale. Est-il encore
possible de parler d’Histoire dans ces lieux à jamais gravés par des
présents éternels ? Comment traduire autrement la fraîcheur de ces pierres
antiques pourtant brûlées par des siècles de soleil ? Même le barbare le
plus obtus à toute grandeur romaine fond en quelques minutes devant ce
Colisée édenté, mais toujours fier de son aura séculaire. Rome ne peut
être détruite, le capitalisme sauvage n’y parvient pas et pourtant ce
n’est pas faute d’essayer. Rome peut se parcourir à pied sans idée
préconçue, les Romains le savent bien et se rient de nos programmes qui
débordent de nos feuilles froissées. La patience, pour Tertullien, est une
vertu souveraine et il faudra garder cette sagesse antique à l’esprit dans
ces rues où chaque immeuble est source de curiosité. Tel Larbaud qui
n’avait pas hésité à consacrer une part appréciable de son temps au seul
examen des deux couleurs pourpre et jaune de la ville, nous pouvons
arrêter le temps à Rome. Il nous est loisible d’arrêter ce tempus fugit,
pourtant décrit par Virgile dans les Géorgiques, en fixant notre attention
sur ce qu’aucun guide ne décrit : la lumière, les sons, les odeurs, les
sensations d’un soleil de fin d’automne filtré par des chênes
éternellement verts…
Radisson Blue Hotel
Hotel Lord Byron
Grand Hotel Via Veneto
Le Radisson Blue Hotel est un hôtel de paradoxe. Véritable cathédrale de
verre, symbole de la modernité, il faut voir de nuit ses fenêtres de
toutes les couleurs. Et en même temps, votre cœur sursaute lorsque vous
découvrez à votre arrivée tout un espace d’archéologie romaine préservée
par des vitres de verre en plein hall d’accueil… Vous vous demandez alors
si vous avez débarqué sur une autre planète, le décor est digne des films
d’anticipation des années 70. Après s’être reposé quelques instants dans
un gros fauteuil qui ressemble à une bouée de sauvetage, un champignon
tout blanc éclairé de manière presque irréelle sert de plate-forme
d’accueil. Les formalités universelles étant accomplies, un choix
cornélien d’ascenseur vous emporte dans les airs, au cinquième étage ou
plus haut si vous le souhaitez. Après un long couloir digne du film 2001
l’Odyssée de l’espace, une vaste chambre s’ouvre à vous, et vous donne
l’impression d’aboutir sur un paquebot de luxe.
Une vaste fenêtre s’ouvre sur une grande passerelle en fer suspendue dans
le vide, les amoureux du vertige seront servis en raccrochant le regard
soit sur l’intérieur de la cour de l’hôtel qui a décidé de jouer au
kaléidoscope avec ses fenêtres de toutes les couleurs, soit vers les toits
de Rome où se profilent tant de flèches d’Eglises. Les surprises
continuent avec une salle de bain ouverte donnant directement sur la
chambre, toute parée de bois exotique. Pour les sportifs, un tapis de
course trône majestueusement aux côtés d’un long miroir équipé d’une barre
de danse, cinq ballerines pourraient sans difficulté y venir pratiquer
leurs échauffements…
Tout a été conçu pour le confort des hôtes de ce palace de verre avec un
luxe de détails dans les produits proposés et les petits objets qui
rendent le quotidien de l’hôte si agréable telle cette machine Nespresso
laissée à la libre discrétion avec un choix de capsules renouvelées chaque
jour. Si la toute proche gare Termini n’est pas le plus beau décor, si on
lui tourne le dos, ce que fait allègrement le Radisson Blue Hotel, s’ouvre
alors au promeneur impénitent un nombre incroyable de trésors de la ville
éternelle : la Basilique Santa Maria Maggiore est à quelques pas de là,
les termes de Dioclétien vous ouvrent leurs vastes voûtes, le musée
national de l’Antiquité, et tant d’autres richesses sont à découvrir à
pied en quelques minutes. Mais prenons notre temps et allons savourer un
cocktail au 7ième ciel de la cathédrale de verre, la vue en vaut la peine
et fait de cet espace ouvert l’une des terrasses les plus prisées de Rome.
Une belle piscine y a pris résidence avec tout au tour d’elle des petites
tables de bois pour un cocktail ou pour dîner. Cette impression de
paquebot que nous avions notée à notre arrivée se trouve confirmée, du
haut de cet immeuble, nous avons véritablement l’impression d’être sur la
passerelle supérieure d’un grand navire de croisière. C’est également là
où nous dînerons tout à l’heure…
Nous quittons l’Esquilino, la plus grande
colline de Rome pour nous diriger vers le quartier résidentiel du parc de
la Villa Borghèse. Les routes se font plus aérées, les arbres se
multiplient, le vert envahit l’horizon, allons-nous résider dans une forêt
? Au fur et à mesure que notre véhicule gravit la pente qui mène vers le
fameux parc, le regard ne sait où s’arrêter. Les belles demeures se
disputent avec les arbres séculaires pour avoir la prééminence. La
chlorophylle envahit les poumons, même à travers les vitres fermées de
notre voiture climatisée…
Après avoir gravi une dernière ruelle,
l’Hôtel Lord Byron apparaît fièrement au sommet d’une colline à quelques
pas de la Galleria Nazionale d’Arte Moderna. Notre chauffeur dépose nos
bagages au portier pendant que nous gravissons les quelques marches qui
nous mènent à l’intérieur de l’hôtel. Le Lord Byron, nous nous permettrons
cette familiarité, est le temple de l’excellence. Et si le temple
d’Esculape trône également à quelques envolées de là, l’hôtel réserve à
ses hôtes une belle expérience d’esthète en hommage au prestigieux poète
anglais. Depuis 1962, l’établissement de luxe sert ses clients les plus
distingués qui apprécient la décoration exceptionnelle art déco savamment
réunie par le maître des lieux, Amedeo Ottaviani, lui-même esthète au goût
sûr. Si l’édifice est déjà un plaisir pour les yeux de l’extérieur, à
l’intérieur, tout a été pensé, étudié et perfectionné pour satisfaire les
esprits les plus exigeants. Le service réunit cette qualité rare d’être à
la fois naturellement prévenant, professionnel et en même temps chaleureux
et sans affectation.
La petite taille de l’hôtel (une trentaine
de chambres) offre un cadre intimiste à quelques minutes en voiture du
centre de la ville. Loin du brouhaha, nous sommes là au cœur d’une
véritable bonbonnière où le bon goût opère pour votre plaisir exclusif.
C’est cette intimité servie par un service digne des plus grands
établissements qui vous fait irrémédiablement goûter aux charmes du Lord
Byron. Qu’il s’agisse de l’accueil où vous n’avez pas à demander deux fois
un de vos souhaits ou bien de la salle de petit-déjeuner où l’on vous
propose discrètement de vous préparer tout spécialement vos œufs à la
cuisson qui a vos habitudes, tout est grand dans ce petit cocon. De la
vaste suite avec vue panoramique sur le parc de la Villa Borghèse à la
chambre plus intime qui sera un parfait nid d’amour pour un couple en
vacances à Rome, chacun trouvera la formule qui répondra à ses vœux.
Chaque chambre est décorée avec une sûreté
de goût qui étonne et réjouit. De véritables pièces de collection sont là
à votre usage et pour le régal de vos yeux. Une belle salle de bains
rappelle celles de nos grands parents ou parents avec du marbre veiné de
blanc et de gris qui se disputent avec les robinetteries couleur argent…
La maison est habitée et ces lieux sont
tout sauf impersonnels. Il suffit de flâner dans le salon pour savoir
qu’ici, la beauté a donné rendez-vous au raffinement ! De très beaux
meubles se reflètent dans les miroirs, comble de l’intimité il y a même
des photos de famille dans la bibliothèque attenante… Mais il nous faut
descendre d’un étage car un dîner nous attend dans ces lieux enchanteurs
avec le grand chef Jean-Luc Fruneau qui nous a concocté un menu sur mesure
dans son restaurant Sapori, un étage au dessous !
Nous n’avons pas loin à faire pour nous
rendre dans la célèbre via Veneto de l’autre côté du parc de la Villa
Borghèse. C’est cependant pour nous le plaisir renouvelé de traverser ce
magnifique parc et ses alentours dont on comprend qu’il ait tant inspiré
écrivains et poètes, peintres et autres artistes depuis des siècles !
Notre véhicule nous arrête dans l’une des artères les plus réputées de la
ville au numéro 155, un chiffre à retenir tant ce jeune hôtel s’avère
prometteur et a su gagner en moins de deux ans le savoir-faire et
l’excellence des grands hôtels internationaux.
Du sous-sol qui abrite un SPA où nous nous
promettons de revenir pour apprécier le luxe et la profusion des soins
qu’il promet à la terrasse supérieure où il sera bientôt possible de
dîner, tout a été pensé pour faire du Grand Hotel Via Veneto un lieu où
l’on aime poser ses valises et goûter aux charmes de la ville.
Le vaste salon vous ouvre ses bras dès
votre arrivée où une boisson rafraîchissante ou un café vous est
immédiatement offert par un staff jeune et dynamique tout entier voué à
répondre à la moindre de vos questions. Vous gagnez ensuite votre chambre
en regrettant de ne pas avoir le courage d’emprunter le magnifique
escalier en fer forgé art déco qui trône au cœur de l’hôtel. Un ascenseur
vous emportera dans les étages où chaque chambre bénéficie d’une
décoration très sûre, déclinée dans des tons en camaïeu où des dominantes
marron glacés, beige et crème vous apportent immédiatement une certaine
sérénité.
Le palissandre souligne discrètement un
univers de luxe sans ostentation. Les lits d’un confort absolu, la qualité
de la salle de bain toute décorée par des marbres de Carrare et équipée
de produits Bulgari font de cet espace généreux un instant exceptionnel de
confort.
Le petit-déjeuner propose un buffet
remarquable où tout a été prévu pour débuter une journée sous les
meilleurs auspices romains ! Le Grand Hotel Via Veneto a acquis cette
marque des grandes maisons et tient constamment à remettre en question la
qualité de ses services et fait preuve d’une grande maturité. Ce soir,
nous nous promettons de goûter à la cuisine des lieux…
Radisson Blue Hotel,
Roma Via Filippo Turati, 171 - 00185, Rome, Italy
Tel. +39 06 444 841
Le restaurant Sette du Radisson Blue
Hotel vous fait gagner les hauteurs non seulement celles de la ville
avec une vue panoramique au 7ième étage mais également de la cuisine
italienne. L’esprit créatif du chef Alessandro Fabbri et du chef en second
Diego Corrao est à l’image du restaurant, à la fois moderne, mais avec une
touche classique, décontracté mais sans relâche excessive. Ce délicat
équilibre maintenu par un service irréprochable et professionnel vous
plonge immédiatement dans un cadre intimiste baigné par la lumière bleue
de la piscine tout proche, à quelques mètres de votre table. Les agapes
débutent par de fines pâtes vertes délicatement accompagnées de crabe et
de homard, de têtes d’asperges, de fines tomates et des fleurs de
courgettes…
Il faut également jeter
son dévolu sur un délicat consommé composé d’une crème de courgettes avec
de fines tranches de pain croustillant dorées avec du fromage. Le temps de
dévorer des yeux et du palais ce premier plat et d’avoir jeté un petit
regard circulaire sur les toits romains endormis en cette belle soirée et
un superbe tableau arrive dans votre assiette : un magnifique filet de
turbot est servi dans une cassolette de fruits de mer ! Est-ce une
réinterprétation de notre célèbre bouillabaisse ? Toujours est-il que
cette association est particulièrement inspirée, car elle procure au
convive le régal d’un vrai poisson servi avec une vraie soupe de poisson.
Les filets de sole panés et grillés avec des herbes et des graines de
sésame emporteront également le choix du gourmet romain. Ses tempuras de
courgettes ajoutent une note de couleur qui fait de ce tableau un plat
comblant de joie le convive rasséréné par cette belle cuisine. Quelques
douceurs romaines pour finir avec un millefeuille de meringue et une
mousse de chocolat avec son sorbet à la pomme ou bien un irrésistible
affogato de framboises accompagné de noisettes croustillantes.
Tout au
long du repas, le personnel avisé n’aura de cesse de vous conseiller sur
les vins à choisir : leurs avis s’avèrent juste et en diapason avec la
cuisine. Un excellent Cabernet, fruité et léger, a décidé d’accompagner
les plats, et un délicieux vin blanc sucré, spécialité de Sicile (Moscato
di Pantelleria), nous rejoindra en fin de repas afin de sublimer les
desserts ! Une Grappa bienvenue termine en beauté ce repas au Radisson Blue Hotel. Un petit tour autour de la piscine, un café servi avec des
mignardises que l’on regrettera de ne pas toucher et une belle nuit
sereine vous attend !
Au matin, à l’heure exacte du rendez-vous, notre berline nous attend au
pied de l’hôtel près pour le départ…
Nous n’avons en effet que quelques pas à faire parmi
les marbres, les belles consoles et autres objets de musée qui ornent
les murs avant de rejoindre la salle du restaurant Sapori à
l’intérieur de l’hôtel. Byron est décidément la figure
emblématique des lieux. L’auguste lord a tellement influencé ces lieux qu'il fallait un restaurant à l’image de cet écrin. Une fois arrivé, tout
est volupté : la décoration Art Déco de la salle réserve de belles
surprises aux amoureux des beaux objets. Le service sera également à la
hauteur des lieux : parfait ! Nicola Grieco, le sommelier, vous accueille
avec cette expérience des plus grands établissements. L’homme sait y faire
et vous recommande de se fier à lui, nous lui accordons immédiatement
notre confiance… Et elle ne sera pas trahie ! Le choix des vins est sûr et
il n’hésitera pas à vous faire part de sa difficulté à trouver un vin
blanc qui puisse s’accorder avec le délicat artichaut, une institution à
Rome… Ce sera un Serafini Vidotto, un Sauvignon blanc, qui
emportera ses suffrages ainsi que les nôtres.
La mise en bouche
préparée par le grand chef français Jean-Luc Fruneau nous avertit immédiatement : les saveurs déclinées avec les
meilleurs produits du terroir et de la saison font l’objet d’une recherche
à la fois inventive et en même temps dotée d’une certaine force, sûre
d’elle. Les petits artichauts dont on a subrepticement enlevé le cœur et
remplacé par une farce de pain et de fruits secs fondue au ragusano,
un délicieux fromage sicilien sont littéralement fondant de bonheur… Ce ne
sera que le début prometteur d’une longue série de découvertes culinaires
remarquables. Le maître des lieux sait marier le sucré et le salé sans
rupture possible. Un fondant de haricots borlotti et de crustacé est servi
avec une sauce iodée, la mer, on l’oublie trop souvent, n’est pas si loin
de Rome !
La soupe d’anchois
accompagne des raviolis de langoustines et d’artichauts pour une
association parfaite. Le festin se poursuit avec un risotto que nous
n’avions jamais rencontré jusqu’alors : châtaignes et homard faisant la
conversation avec de la marjolaine fraîche ! Si Byron avait été des nôtres
en cette soirée, il n’aurait pas renié la saveur et l’intelligence d’une
telle création… Comment oublier ce plat et être si infidèle avec les Paccheri (grosses pâtes cylindriques) aux fruits de mer accompagnés d’une
crème de carotte et poutargue ? Impossible de répondre et c’est là tout le
charme de la cuisine de Jean-Luc Fruneau. Le chef sait magnifier ces
produits frais au meilleur de leur expression. Et lorsque une lotte rôtie
arrive sur votre table avec une brandade de morue aux olives, câpres et
poires revêtue d’une sauce aux fèves sèches, nous abdiquons et rejoignons
les hauteurs célestes que les Antiques décrivaient déjà dans ces mêmes
lieux avec comme compagnon un superbe vin Anima Umbra Arnaldo Caprai
…
Une douceur romaine
achèvera ce tableau idyllique avec un délicat palet où l’amande et la
pistache tiennent compagnie avec de la crème de ricotta le tout servi avec
une poêlé de myrtille et de la glace pistache…
Il ne reste plus qu’à savourer un expresso bien serré comme seule
la ville de Rome sait en faire avant de faire quelque pas dans le quartier
résidentiel jouxtant le parc de la Villa Borghèse où les plus belles
maisons se disputent la position la plus élevée !
Une belle expérience hédoniste digne de notre
cher Lord Byron !
Le lendemain, c’est avec regret que nous faisons nos adieux au maître des
lieux, Amedeo Ottaviani auquel nous confions tout le bonheur de notre
agréable séjour dans ce si bel hôtel !
Notre chauffeur a déjà installé nos bagages dans le coffre de la berline,
les portes se referment et nous quittons ce petit coin de paradis que nous
nous promettons de visiter une nouvelle fois…
Nous descendons de notre chambre en début de soirée vers le restaurant
Magnolia. Près du salon, nous sommes immédiatement accueillis et
installés dans une ambiance très urbaine. C’est un lieu apprécié des
Romains qui prennent souvent une pause dans ce quartier d’affaires réputé.
Le monde de la banque, des finances et de la politique aime à venir goûter
une cuisine à la fois légère et en même temps savoureuse, déclinant dans
les meilleures variations, toutes les possibilités offertes par les
produits de la mer.
Voici un lieu où la qualité du service rejoint l’excellence culinaire
pratiquée jour après jour. David, l’un des serveurs, parle un très bon
français et aura soin de vous conseiller parmi les nombreux plats proposés
par la carte particulièrement alléchante. Nous suivrons ainsi les
suggestions du jour avec un carpaccio de daurade délicieusement caché sous
une fine salade d’artichauts.
Une entrée en matière plaisante pour
aborder des Fettucine qui avaient accepté la compagnie de scampi et
de grosses crevettes. Un délicieux pinot noir Hofstatter Barthenau Alto
Adige vint fort à propos et apporta une touche de fraîcheur idéale à ces
variations de la mer. Un superbe turbot fit une entrée triomphale, il
avait pris comme parure du citron et des câpres dans un harmonieux
mélange, le tout adouci par une purée de pommes de terre pour une parfaire
association !
Nous sommes à Rome en Italie et les
douceurs de la ville exigeaient que l’on y fasse honneur… Une fantaisie de
desserts traditionnels italiens prit ainsi place sur une belle assiette :
une Torta Miro, un délicieux millefeuille de chocolat et de fraises ainsi
qu’un savoureux sorbet de fruits des bois vinrent clore un repas léger et
recherché.
Ces agapes nous donnèrent l’envie d’admirer le Colisée la nuit avant
de nous reposer dans cet hôtel calme et si bien situé !
Le matin suivant, il sera temps de faire nos adieux à la ville qui a tant de
beautés à nous faire découvrir et l’on ne songe au nombre de visites qu’il
faudrait faire pour prétendre connaître cette capitale italienne ! Vaine
ambition, il suffira de lui promettre de revenir au plus vite, ce à quoi
ces hôtels et tables d’excellence invitent de la plus agréable manière.
Des livres pour voyager...
Valéry Larbaud "Aux couleurs de Rome"
Gallimard
Marco Lodoli "Îles, guide vagabond de Rome"
traduit de l'italien par Louise Boudonnat, La fosse aux ours Editions
Pierre Grimal
"Voyage à Rome" Bouquins, Robert Laffont
"Rome"
Encyclopédie du Voyage, Gallimard
ESCALE A LISBONNE
LISBOA
Camoes au début de ses Lusiades
prend à partie les nymphes du Tage qui sont, selon le poète, responsables
de ses transports lyriques en faveur des hauts faits héroïques des membres
les plus vaillants du royaume du Portugal. Tournant leur cœur et leur
vaillance vers des contrées éloignées, et très souvent inconnues du monde
lui-même, le grand écrivain regrette que ces hommes qui n’ont rien à
envier aux hérauts de l’Iliade soient trop souvent négligés au profit des
protagonistes de l’épopée homérique. Camoes préfère à la fable ou à la
légende, les véritables actions des hommes illustres de la nation
portugaise avec le premier d’entre eux, le célèbre Vasco de Gama !
Le décor est jeté et c’est dans cette ambiguïté paradoxale que le visiteur
de Lisbonne peut aborder les côtes de la ville blanche par mer comme le
suggérait Pessoa dans le texte « Lisbonne » qui lui est attribué ou plus
rapidement de nos jours par l’aéroport international de Portela, au nord
de la ville. Lisbonne est une ville qui a historiquement accueilli et
encouragé la réception de toutes les influences du monde extérieur, monde
extérieur dont elle a contribué à étendre les limites par une curiosité
insatiable digne des épopées antiques évoquées.
Mais de cette quête impossible, est-il possible de sortir indemne, sans
ébranlement ni fractures souvent plus meurtrières que celles du terrible
désastre de la ville en 1755 ? Rien n’est moins sûr lorsque nous entendons
résonner les vers du même Pessoa :
Plein de saudade je regarde ce futur
Où je serai plus jeune enfin que par la suite,
Alors cette saudade, où je me ressens deux,
M’encercle comme un océan ou comme un mur.
Pessoa « Oeuvres poétiques » édition Patrick
Quillier, La Pléiade, p. 1020.
Ces murs et cet océan sont perceptibles à celle ou à celui qui déambule
dans ces ruelles pavées de larmes lorsque les petites pierres mises bout à
bout rappellent les fragments de vie qui les ont polis. Qu’il vienne un
rayon de soleil sur le Tage ou que la cloche d’un clipper cinq mats amarré
pour quelques heures un matin, et disparu le soir, résonne et des
sentiments contradictoires surviennent. Ils sont souvent amplifiés par
cette ville décidément étrange pour celui qui la découvre ou la retrouve à
l’image du poète en quête d’une impossible renaissance de sa plus tendre
enfance. Cette saudade si difficile à traduire est familière à
celui dont le souvenir est à la fois agréable compagne, et en même temps
cruelle confidente. Ici, les amitiés peuvent s’étirer et, parfois «
Chaque moment est un corridor déserté… » (ibid p. 1021).
Il faut déambuler seul, si cela est possible, sur les créneaux de la tour
de Belem, cœur planté sur la rive du Tage où le vent de l’Atlantique
apporte chaque jour des nouvelles d’hier et de demain. L’Histoire
officielle la décrira défensive et chargée de faire respecter
l’emplacement stratégique des lieux, mais ses canons et ses murailles en
forme de proue de navire ne peuvent masquer bien longtemps cette échelle
dressée sur l’eau comme pour voir plus loin, sans savoir exactement où.
Non, décidément, le cœur du Portugal n’est pas aisé à saisir et ce ne sont
pas les canonnières des bons sentiments qui en viendront à bout. Peut-être
faut-il s’y résigner et alors, de retour à des milliers de kilomètres, un
souvenir, une couleur rappelleront à l’ordre celui qui aura trop vite jugé
et n’aura pas laissé le cours des choses se faire. Il repensera alors à ce
monastère de Jeronimos qui avait tant à dire et dont les touristes
toujours pressés font taire la prière et la méditation cristallisées dans
ces pierres. Leurs reflets ne sont à nul autre pareil comme si le soleil
des terres exotiques naguère découvertes était venu témoigner de
l’universalité de la foi.
La première année du seizième siècle voit débuter les travaux qui
s’étendront pendant tout le siècle pour parvenir à un édifice dont la
longueur n’est pas anodine. Ses 300 mètres sont autant d’horizontalités
propices à la dévotion du divin où nulle ombre ne vient inquiéter les
fidèles. Le calcaire local qui revêt l’édifice ajoute à la sérénité des
lieux. A peine entré, sur notre droite, l’église monumentale abrite non
seulement les tombeaux de deux gloires du pays, Vasco de Gama et Luis de
Camoens, mais aussi le cœur même de la nation portugaise. Le style
manuélin (du roi Manuel 1er), fruit d’une union entre le gothique final et
la Renaissance avec des influences locales, parvient à une profusion des
décors qui témoigne de l’ouverture vers le monde extérieur. L’influence
mauresque, par une heureuse alliance, n’a pas créé un être hybride, mais
un lieu chargé de manifester son soutien aux grandes expéditions qui
s’éloignaient de ses rives vers des lointains à imaginer. 1833 marqua la
fin de l’ordre des moines de Saint Jérôme. Est-ce l’imagination qui les
fait encore déambuler dans leur drap blanc fermé par une ceinture noire le
long de ce cloître à l’heure des Laudes ou de Tierce, ou bien ces
Hiéronymites ont-ils tant investi ces lieux que nous reproduisons sans le
savoir leur attitude même dans nos démarches les plus profanes ? La
réponse ne nous appartient pas, mais ce « Patrimoine Culturel de
l’Humanité » classé en 1984 par l’UNESCO n’est en rien un sanctuaire de
plus de la culture touristique, la directrice Isabel Cruz Almeida et les
responsables de ces lieux inspirants s’y emploient avec talent !
Lisbonne ne saurait être résumée par ces quelques lignes, quel orgueil !
Il faut marcher longtemps, relever la couleur des tramways qui
contrairement à ce que l’on pourrait conclure trop vite ne sont pas des
jouets échappés d’un musée, mais bien un moyen de transport utile dans
cette ville de collines ! Les pavés, toujours eux, accompagnent vos pas au
pied d’une église perchée en haut d’un promontoire et soulignée par un
belvédère comme l’Eglise Da Graça dans le quartier du même nom, au dessus
de l’Alfama. Le partage des styles (manuélin, baroque, classique,
pombalin…) qui s’exposent à l’œil du visiteur démontre le dialogue
harmonieux entretenu entre les temps. Les chapelles expriment parfois une
dévotion trop crue qui heurte l’œil non averti, mais un rosaire récité par
quelques vieilles Lisboètes démontre que tout cela est bien sincère et n’a
rien de la superstition…
Les grands édifices instruisent et éclairent le visiteur, mais les petites
ruelles si étroites de l’Alfama susurrent à l’oreille du marcheur éprouvé
par les pentes et la chaussée qu’il est au bon endroit s’il veut en
apprendre un peu plus de la ville. Les promoteurs n’ont pas encore tiré
leurs cordeaux et la seule rectiligne que connaisse ce quartier est celle
de l’alignement de ses magnifiques azulejos oubliés par les siècles
précédents… Ici, le rite initiatique est marqué par la lenteur des pas qui
gravissent les rues tortueuses. Si, par le plus grand des hasards, le
promeneur venait à se presser, le cœur battrait trop fort et empêcherait
de découvrir une petite esplanade isolée du monde avec à son dos encore
une église, en son milieu un olivier qui vous tend ses olives mûries par
l’été et devant vous, vous ouvre les portes de l’onde, avec le Tage riant
ou pleurant selon les heures du jour et du soleil. On s’interroge de
savoir si les vieilles bâtisses abritent des âmes vivantes ou bien n’ont
pas encore reçus congés des propriétaires des siècles passés… Le linge mis
à sécher entre deux façades d’une venelle large comme vos épaules est
propice aux conversations matinales, nous relevons la tête, nous ne voyons
rien d’autre que l’azur découpé par ces étendards de couleur battant au
vent et nous continuons notre chemin sans savoir où aller. Puis,
soudainement, un tramway jaune vient interrompre vos songes avec sa petite
sonnerie inimitable, la vie reprend, les Lisboètes vont-ils eux-mêmes
quelque part ? Nul ne le sait.
Rien de ce que je suis ne m’intéresse.
S’il existe au fond de mon cœur
Un je-ne-sais-quoi de pressé
C’est bien en vain que ça se hâte.
Pessoa « Oeuvres poétiques » édition Patrick
Quillier, La Pléiade, p. 807.
Renseignements pratiques
Mosteiro dos Jeronimos / Museo Nacional de Arquelogia, Praça do Império,
Tél . 21 362 0034 Mardi – Dimanche 10h-18h
www.mosteirojeronimos.pt
Torre de Belem, Avenida de Brasilia, Tél. 21 362 0034
http://templar.ipt.pt/~belem
Igreja da Graça, Largo da Graça, 1170-165, Tél. 21 887 3943
Le Palacio Belmonte
Songe d'un Palacio...
En haut d’un promontoire, une curieuse surprise attend le visiteur. Il
pensait découvrir une résidence hôtelière de luxe, il va entrer dans un
univers à nul autre pareil, véritable lieu digne de l’Athénien Dédale et
qui porte le nom de Palacio Belmonte. A l’image du célèbre
architecte et sculpteur antique, le maître des lieux Frédéric Coustols et
sa femme Maria ont littéralement ciselé une pierre héritée des méandres de
l’Histoire pour en perpétuer la mémoire et la léguer aux siècles
incertains, témoin que la modernité peut encore rimer avec beauté,
esthétisme et respect de l’environnement. Dans cet univers labyrinthique,
on peut se perdre, car la force des éléments du site conjuguée à l’esprit
de la ville a vite fait de vous emporter là où vous ne pensiez pas aller
et peut-être même au-delà… Il faut garder raison tout en laissant son cœur
chavirer sur les reflets des azulejos polis par les regards des siècles.
Le Tage n’est jamais loin, d’une terrasse jusqu’aux hauteurs de la tour
romaine surplombant le palais, cette force aquatique attire invariablement
l’œil qui se pensait bien loin de ses charmes, si haut perché ! Les
marches mènent à des salons, des petits espaces puis de plus grands qui
abritent comme ici une salle à manger qui fait regretter de n’avoir pas
une cinquantaine de convives sous la main pour s’y asseoir… Au détour d’un
couloir, une fenêtre donne sur le jardin chéri par Maria et qui lui rend
bien tant l’on y découvre des agrumes qui la remercient en rougissant de
fruits. L’alchimie doit être une science qui a pris ses quartiers dans ces
murs millénaires (le Palacio possède encore ses murs de l’époque
romaine ainsi que de nombreux vestiges de l’époque maure). Comment
expliquer autrement qu’une peinture moderne posée par la maîtresse des
lieux, elle-même peintre, puisse si bien accepter la présence des vieux
parquets et des pierres respectueuses ? Nous ne connaîtrons pas ces
secrets certainement protégés, mais peut-être résident-ils dans une
générosité à l’égard de la vie, un certain recul par rapport à ses vanités
et le souhait à peine suggéré de faire du beau pour laisser un souffle
d’espoir pour les générations à venir.
Les hôtes de cette demeure incroyable sont l’objet de multiples soins
dignes des meilleurs hôtels internationaux. Ils vous accueillent avec
discrétion, vous font entendre plus rapidement le cœur de la ville grâce à
cet emplacement qui en recueille tous les échos... Le soir, lorsque vous
n’avez pas prévu de rentrer avant l’heure où les carrosses, même les plus
beaux de Lisbonne, subissent des transformations inattendues, on vous
remet la clé du beau portail et de la lourde porte qu’il faut pousser avec
cœur sous peine de rester dehors. Vous pouvez déambuler tout seul la nuit
venue dans ces couloirs à la recherche des bruits des siècles, vous pouvez
aussi y noyer vos peines avec le bar toujours laissé à la libre
disposition des hôtes ! Vous souhaitez un petit-déjeuner dans votre
chambre, deux femmes de chambre viennent dresser une belle nappe sur la
table de votre choix (il n’en manque pas dans votre suite…) ou bien sur la
terrasse que votre envie a retenue. Vous n’êtes jamais condamné à la
promiscuité au Palacio Belmonte, les propriétaires tiennent
eux-mêmes à leur tranquillité et souhaitent la faire partager à leurs
hôtes : il n’y a pas une seule télévision dans ce lieu de charme, mais un
accès Internet sans fil vous rattachera au monde numérique si vous le
souhaitez !
L’été, une petite piscine et un jacuzzi en plein air ont décidé de
refléter le ciel azuréen jusqu’au premier bain de celui qui osera briser
ce tableau idyllique. Ces lieux sont faits pour se chercher et se
retrouver, interroger l’âme du monde et les tréfonds de notre esprit. Le
Palacio Belmonte est l’atelier de travail des nombreux artistes,
écrivains, poètes qui aiment y trouver l’inspiration nécessaire à leur
création et comme on les comprend !
A l’ombre de ces murs, seule l’harmonie a droit de cité, une harmonie des
éléments puisés dans le respect d’une écologie sincère, une quête
d’esthète des temps modernes ayant pied sur terre et cœur dans
l’improbable. Séjourner au Palacio Belmonte est une expérience
inoubliable qui se mérite, il faut y vivre avec humilité en sachant que
ces murs existaient des siècles avant vous et qu’ils seront là pour
témoigner de votre présence de nombreux siècles après notre passage !
Renseignements pratiques
Palacio Belmonte - Páteo Dom Fradique, 14, 1100 - 624 Lisboa, Portugal Tel
: +351 21 881 66 00 - Fax : +351 21 881 66 09 -
LEXNEWS : « Voulez-vous nous conter
l'histoire de la restauration du Palacio Belmonte ? »
Frédéric COUSTOLS : « Nous avons découvert des archives qui étaient
restées dans une salle murée enfermées dans un coffre encore recouvert
d'une peau brute et qui n'avait jamais été ouvert depuis. Nous en avons
fait l'inventaire et nous y avons découvert de nombreuses lettres du roi
et de la reine du Portugal, des contrats passés avec des sociétés
françaises pour les égouts de Lisbonne, etc. Ces précieux documents ont
non seulement permis de refaire l'histoire de cette vénérable bâtisse,
mais également de contribuer à compléter certains pans de l'histoire même
du Portugal. Je les ai bien entendu amenés tout de suite aux archives
nationales. »
LEXNEWS : « Comment avez-vous conduit les travaux de restauration d'un
tel édifice classé ? »
Frédéric COUSTOLS : « Le Palacio Belmonte est classé
monument national et monument d'intérêt international pour certaines
parties depuis 1996. La condition sine qua non pour que je restaure
ce palais était de ne pas avoir à déposer de permis de construire, cela
aurait entraîné toutes les lourdeurs administratives que vous pouvez
imaginer. Il y a donc eu un accord avec la ville selon lequel tous les
travaux seraient supervisés par le directeur général des bâtiments
historiques. Cela a été une aventure extraordinaire pendant cinq ans avec
Pierre Quirino da Fonseca, le directeur des bâtiments historiques qui a
été présent sept jours sur sept pendant cette restauration ! J'ai réalisé
les travaux selon les principes de la Charte de Venise en utilisant des
matériaux de l'époque tout en associant à cette dimension historique une
dimension écologique. Nous avons par exemple établi des moyens de
ventilation ancestraux notamment pour les espaces ne bénéficiant pas d'un
ensoleillement. Avec un système de couloirs de ventilation associé à des
petites fenêtres doubles qui n'existaient pas à l'origine, l'air est ainsi
naturellement renouvelé avec une température constante. Il n'y a aucune
ventilation artificielle ni bien entendu de climatisation, le véritable
luxe pour nous est d'avoir de l'air frais naturel ! Nous avons analysé
l'architecture vernaculaire pour retrouver tous ces principes grâce à de
nombreuses recherches personnelles. Il faut avouer que c'était un
véritable challenge parce que les travaux réalisés aux différentes époques
ont souvent été faits à l'économie : aucun des murs, aucune des parois
n'était reliée à la phase précédente. Nous avions ainsi différentes
strates qui n'étaient pas rattachées les unes aux autres. Il a donc fallu
donner une cohérence à cet ensemble. Le fameux tremblement de terre de
1755 a globalement épargné l'ensemble de l'édifice (seuls les communs se
sont effondrés et ont été reconstruits au XIXe siècle) même si nous avons
pu constater en le restaurant des fissures et autres dégâts témoignant de
l'importance de cet événement. Le véritable défi a donc été de retrouver
l'état correspondant aux différentes étapes de la construction tout en le
conciliant avec les impératifs de la modernité et du confort. Nous avons
donc eu recours soit à des matériaux anciens lorsqu'ils étaient
disponibles ou bien à des matériaux modernes faits à l’ancienne, c'est le
cas par exemple des tomettes que vous pouvez voir qui ont été refaites
exactement comme elles étaient fabriquées à l'époque ! Toutes les liaisons
des murs ont été faites selon les principes de la charte de Venise comme
je vous l'ai indiqué précédemment, c'est-à-dire en utilisant des épingles
métalliques ; nous avons même retrouvé la formule de la chaux de Vitruve
ce qui nous a demandé deux ans de travaux... Il faut que vous sachiez que
nous ne pouvions pas avoir d'accord, car le recours à la chaux était
interdit. Il a donc fallu demander à ce que la législation soit modifiée
en démontrant l'intérêt de cette formule que nous avions pu retrouver et
tester. Depuis, cette chaux a été largement plébiscitée par de nombreuses
entreprises, nous avons même édité un livre là-dessus. Nous avons essayé
de restituer la manière de vivre telle qu'elle était pratiquée au XVIIe
siècle avec de nombreux espaces privés qui correspondent aux différentes
suites que nous proposons, ainsi qu'un grand espace commun tout en
préservant l'intimité de chacun, car vous constaterez que même cet espace
commun est lui-même divisé en tant de recoins que si une personne ne
souhaite pas rencontrer d'autres personnes, cela est tout à fait possible
ici même ! »
LEXNEWS : « Et vos hôtes constateront immédiatement que la télévision
est bannie ici ! »
Frédéric COUSTOLS : « Je suis en effet totalement opposé à cette
télévision qui détruit tout, c'est pour cette raison qu'elle n'est pas
présente au Palacio… Vous savez, nous avons beaucoup d'écrivains, de
musiciens, des peintres et autres artistes qui aiment à venir ici. Il y a
aussi beaucoup de personnes qui viennent faire la fête ici, pour des
événements particuliers, les mariages, les anniversaires, les occasions ne
manquent pas ! Nous tenons à préserver cet espace privé et leur conserver
cet aspect familial. Nous avons, dans cet esprit, également individualisé
chaque suite avec par exemple des marbres spécifiques pour chacune d'entre
elles, véritable cartographie des marbres du Portugal. Vous ne pouvez pas
imaginer les difficultés qu'il a fallu pour cela. Nous avons également 59
panneaux d’Azulejos qui datent tous de 1725. Nous les avons tous déposés,
c'était un véritable puzzle. Ils étaient en effet tombés au fil des temps
et avaient été reposés n'importent comment. Nous avons mis deux ans à les
reconstituer à l'aide de quatre personnes, et ce, grâce à l’informatique…
Nous avons par ailleurs conservé l'ensemble des parquets, car ils étaient
indissociables des Azulejos. Ils ont tous été également démontés, et nous
en avons profité pour passer des isolants et les circuits électroniques
modernes. De manière générale, cette restauration est un peu à l'image de
notre époque moderne. Il est particulièrement difficile de changer de
paradigme, et j'ai tenté de donner une autre dimension à cette
restauration que celle du retour sur investissement et de la rentabilité
immédiate. Certains critiqueront peut-être cette vision, peut-être
sommes-nous trop en avance sur notre temps, mais toujours est-il, que nous
nous y sentons bien et cela est très important. Je pourrais me dire à
moi-même que je n'aurais pas abîmé ce quartier, et si l'on me pose la
question : à quoi cela sert-il ? Je pourrais répondre qu’en plus de ce que
je viens de vous dire, cette entreprise a pu servir et servira - je
l’espère - encore de modèles pour d'autres démarches du même genre dans
l'avenir. Il faut savoir que de nombreuses thèses de doctorat ont été
faites sur ce que nous venons de réaliser depuis 10 ans.»
un endroit mythique de Lisbonne
Le restaurant TAVARES
La chronique du promeneur gourmand...
Le Tavares
Casa fundada em 1784 –Lisboa
Dans le quartier du Chiado, rue de la Miséricorde, à deux pas d’A
Brasileira hantée par l’ombre de Pessoa, une jeune femme oublie sa
pantoufle de vair dans un décor de conte de fées. Glaces immenses,
feuilles d’or à foison, lustres, appliques, on est ébloui par les
reflets, émerveillé par le rococo, la splendeur de cette salle du
restaurant Tavares. Elle date du règne de Marie la pieuse, dite aussi
Marie la folle, de cette réaction royale à la rigueur,
l’encyclopédisme du Marquis de Pombal. Or, faste de ce miroir, où la
noblesse se mire et le miracle est que le miroir est toujours là, tel
quel, qu’on vient y déjeuner, y dîner en complet, en robe ou plus
décontracté, et si l’on éteint son portable c’est qu’on a plaisir à se
livrer à cet « Il était une fois ».
Voilà le plus vieux restaurant de Lisbonne, voilà le plus beau, le
plus étrange qui ressemble à cette ville tant il mêle joie de vivre et
fantôme. On pense aussi à Cocteau, à La Belle et la bête. Jose
Avillez en est le jeune chef, il n’a pas plus de trente ans, il a rêvé
de l’endroit quelques mois avant de s’y retrouver. Il met en exergue
cette phrase exigeante d’Eça de Queiroz, le grand écrivain portugais
du dix-neuvième siècle qui vint souvent manger des huîtres au Tavares
: « Pour un homme, être perdant ou mis en échec dans la vie dépend non
de la réalité évidente à laquelle il est arrivé — mais de l’idéal
auquel il aspirait. » Mettons-nous donc à table et savourons en
amuse-bouche après un potage frais de châtaigne, fenouil et homard, un
clin d’œil moderniste à la cuisine moléculaire sous la forme de trois
olives délicieuses sur une bûche, dont une sphérique, remplie d’un air
comprimé se dilatant dans la bouche avec une profonde saveur d’olive
comme si vous mangiez l’olive sous l’olivier, ou comme si, cosmonaute
de la Nasa, vous faisiez une expérience d’avant-garde gustative.
C’est cette fantaisie dont est capable Jose Avillez qui
décline classiquement de légères palourdes à la portugaise et un œuf
cuit à basse température aux arômes de la terre. Techniques de
cuisson, ancrage dans la tradition, aventure et recherche. Il marie la
lecture des vieux livres de recettes, des bouquins de chimie, la
curiosité de l’explorateur portugais et les innovations dans les
façons de faire, les fours tournants mirobolants. Prenez son agneau de
lait à deux cuissons, ragoût de petits pois en purée, petits pois
sautés : l’agneau et les petits pois ont deux vies dans votre assiette
selon la manière de les préparer et il vous offre, cette variété de
saveurs en même temps. Et la morue, le bacalao, ce plat portugais
entre tous, si fameux qu’on finit par croire qu’on le pêche dans le
Tage, Jose Avillez rappelle avec justesse qu’on le pêche dans les mers
du Nord, qu’il traduit ce goût lusitanien du lointain. On le retrouve
évidemment à la carte : « Morue pochée dans de l’huile d’olive
accompagnée d’une purée de tomate et de « migas » croquantes, parfumée
aux feuilles de menthe du ruisseau et avec des figues de l’Algarve. »
Une délicieuse excursion géographique pour un promeneur gourmand.
Et le Tavares qui s’endormait dans ses beaux miroirs,
ses dorures, l’ombre de Marie la pieuse, dite Marie la folle se
réveille enfin, il a trouvé son prince charmant et la jeune femme a
plaisir à y oublier sa pantoufle de vair.
Andrea de Lauris
Interview
de José Avillez, chef du Tavares
LEXNEWS : « quel a été
votre parcours, celui qui vous a amené à être un grand chef ? »
José Avillez : « Quand j'avais six
ans, je rêvais de devenir un charpentier ! On m'a répondu que je ne
gagnerai pas ma vie ainsi, qu'il me faudrait mieux devenir avocat ou
architecte. Comme j'aimais dessiner, je me suis dit alors que je
deviendrais architecte... Finalement, je me suis orienté vers des
études de marketing et de communication. Dans ce contexte, j'ai été
amené à réfléchir sur les rapports entre dégustation de vins et
cuisine. Il n'existait pas à l'époque de formation alliant ces deux
aspects. En travaillant sur la question, j'ai réalisé que j'avais
profondément envie de devenir un chef cuisinier. Je pensais qu'on me
dissuaderait d’aller dans cette voie ; or, bien au contraire, j’ai
plutôt reçu de nombreux encouragements. À cette époque, j'avais 20
ans. »
LEXNEWS : « Aviez-vous, avant d'aller dans
cette voie, l'habitude de cuisiner étant adolescent ? »
José Avillez : « Tout à fait !
Quand j'avais 10 ans, avec mes soeurs, nous avions fait tout un petit
business qui consistait à faire des gâteaux et à les vendre au
voisinage. Je cuisinais régulièrement pour ma famille, mes amis, etc.
C'est pour toutes ces raisons que je suis rentré un jour à la maison
et j'ai dit à ma mère : je vais devenir chef cuisinier. Elle m'a dit
que j'étais complètement fou, et je lui ai répondu que j’allais
terminer ma dernière année de marketing tout en réalisant une
formation dans le cadre de la cuisine avec des cours du soir. Le
premier mois de ma formation, j'ai appris avant tout que je ne
connaissais en fait rien du tout à la cuisine ! Après une formation
approfondie, j'ai ouvert mon premier restaurant à Cascais. J'ai eu un
parcours très rapide certainement aidé en cela par ma formation en
marketing. Dans la gestion de mon restaurant, dans le développement de
mes affaires, il est clair que tout cela a une grande importance. J'ai
eu également la chance d'avoir de précieux conseils de nombreuses
personnes compétentes en la matière. Je suis fermement convaincu que
nous récoltons ce que nous avons semé, et que nous sommes responsables
de ce que nous avons été.»
LEXNEWS : « Le restaurant Tavares est un lieu
mythique à Lisbonne. Comment en êtes-vous devenu le chef ? »
José Avillez : « Le propriétaire
m'a contacté, car le précédent chef devait quitter les lieux. Il faut
savoir que ce restaurant est l'un des plus anciens de Lisbonne
puisqu’il a aujourd’hui 226 ans. Les dernières années n’avaient pas
été une réussite, de nombreux chefs s’étaient succédé, il manquait une
continuité. On m’avait déconseillé de prendre cette nouvelle
responsabilité, car il y avait trop de défis à surmonter. J'ai tout de
même accepté la proposition !
LEXNEWS : « Connaissiez-vous ces lieux
auparavant et pensiez-vous un jour en devenir le chef ? »
José Avillez : « Oui, je
connaissais déjà les lieux auparavant, j'y étais venu quelques fois,
et bien entendu je rêvais d'en être le chef. Mais, c'était de l'ordre
du rêve ! Je dois vous avouer que deux semaines avant d'être contacté
par le propriétaire, j'ai fait un rêve très précis en ce sens… Le
restaurant a fermé pendant deux mois pour rénovation, et dès la
réouverture j'ai pu officier en tant que chef dans ce superbe lieu.
Dans les semaines qui ont suivi, la fréquentation a augmenté de 40 %.
Toutes les soirées étaient complètes ! Mais, il faut savoir que mon
activité ne se résume pas à la cuisine, il faut également penser à
cette cuisine, planifier tout ce qui a trait au marketing quant à
cette cuisine, penser à de nouvelles recettes... Ainsi, cette
profession est une véritable passion, mais également ma vie. J'estime
que je suis heureux de pouvoir gagner ma vie en faisant quelque chose
qui est en même temps un réel plaisir (...)"
Rua da
Misericórdia 35, Lisboa 1200-270
Téléphone:+351 213421112
(...)
LEXNEWS : « D'une certaine manière, vous
associez les deux caractéristiques de votre parcours à savoir la
création et le management. »
José Avillez : « Absolument ! Vous avez raison de souligner
cette part artistique qui était très présente lorsque j'étais enfant,
et qui joue encore un rôle déterminant dans ma cuisine aujourd'hui.
Par la cuisine, que j'ai pu également exprimer mes talents de
marketing et de management. Cela ne m'empêche pas d'aimer faire de la
cuisine traditionnelle ; en fait, qu'il s'agisse d'une haute cuisine,
ou d'un plat traditionnel, j'éprouve toujours un plaisir immense à
cuisiner. »
LEXNEWS : « Quelle est l'influence majeure
qui inspire votre cuisine ? »
José Avillez : « Je suis encore très jeune (30 ans) et mon
identité peut encore évoluer, mais, pour répondre à votre question,
j'estime que la cuisine portugaise est très fortement influencée par
la nature. Les paysages, la terre m'inspirent énormément dans la
création de nouvelles recettes. Je crois qu'il est très important de
constater qu'il y a encore 10 ans lorsque vous alliez dans les
principaux restaurants internationaux plus de 90 % d'entre eux
présentaient les mêmes cartes avec des plats très similaires. Cela
grâce à Dieu a commencé ces dernières années, et les chefs des grands
restaurants commencent à comprendre qu'il faut revenir aux racines
afin de ne pas être coupé de nos origines. Cela ne nous empêche pas
bien entendu de faire des recherches, ce que nous faisons
quotidiennement avec mon équipe en réfléchissant à de nouvelles
associations. Il ne faut pas oublier que l'un de nos plats les plus
traditionnels est composé d'un poisson, la morue, qui ne vient pas de
nos mers, mais de celle du nord ! C'est bien là le signe que nous
sommes des voyageurs mêmes dans notre cuisine… Je crois qu'il est très
important pour nous de comprendre et de garder à l'esprit cette
dimension historique et culturelle. Nous ne sommes pas pour autant
emprisonnés dans la tradition, même si cet après-midi encore,
j'étudiais des livres anciens de recettes portugaises. Il est évident
que nous ne souhaitons plus faire cuire aussi longtemps certains
coquillages ou poissons au risque de dénaturer la richesse des goûts
et des saveurs qu'ont ces éléments. Il nous faut faire la part des
choses et ne retenir que le meilleur ! Vous savez les Romains avaient
l'habitude d'associer les huîtres et le foie gras, et je suis sûr qu'à
cette époque ses huîtres et le foie gras avaient très certainement un
autre goût que celui qu'ils peuvent avoir aujourd'hui. Qui plus est,
les goûts des consommateurs ont eux-mêmes profondément changé.
Certaines associations peuvent paraître bonnes ou d'autres sont
mauvaises, et cela y compris dans une dimension historique. D’autre
part, dans notre restaurant nous cuisinons à la fois pour les
Portugais, mais également pour nos hôtes étrangers (65%). Cela
complique les choses même si bien entendu ces personnes viennent
goûter la cuisine traditionnelle lors de leur séjour au Portugal.
C'est un challenge tous les jours que de satisfaire la curiosité de
Japonais, d'Australiens, d'Américains avec notre cuisine. Nous
renouvelons régulièrement notre carte sans pour autant rester
prisonniers des recettes liées aux saisons. Certains plats sont
particulièrement demandés depuis que je suis chef ici. Il n'est
évidemment pas question de décevoir notre clientèle en les faisant
disparaître de la carte. En fait, l'une des choses les plus
importantes, outre la qualité de notre cuisine, c'est l’écoute de nos
clients. Nous attachons une très grande importance à leurs impressions
et réactions quant à ce que nous leur proposons. Pour cela, je viens
parfois dans la salle et je parle avec nos clients ; nous avons
d’ailleurs mis en place des cartes qui sont remises à la fin du repas
pour laisser leur impression.»
LEXNEWS : « Vous êtes d'une certaine manière
l'ambassadeur de votre patrimoine
culinaire. »
José Avillez : « Nous pensons en effet que Tavares peut
être l'ambassadeur de la cuisine contemporaine portugaise. Nous tenons
à ce que les plats traditionnels de la cuisine portugaise soient
présents dans la carte tout en offrant des interprétations libres à
partir de cette tradition. Mais, vous savez notre clientèle portugaise
préfèrent souvent les choses simples ! Il faut savoir que la plupart
de nos clients viennent ici pour fêter un grand événement et je suis
fier de pouvoir être associé à cela. Il faut se souvenir aussi que les
principaux courants poétiques et littéraires se sont réunis dans ces
murs prestigieux. Tout cela exige beaucoup de moi et de mon équipe,
mais pour rien au monde je ne changerai cela. Je crois que Tavares est
un lieu qui est non seulement un lieu de mémoire, mais également une
adresse représentative de la haute cuisine portugaise, un lieu où les
gens aiment se réunir. »
Dans le Bairro Alto, après avoir gravi la côte qui nous mène sur
l'admirable belvédère Sao Pedro de Alcantara, il existe au 35 de la Rua do
Texeira, un restaurant qui joue sur les mots, mais pas sur la cuisine !
Nous entrons dans un restaurant intimiste où les boiseries peintes dans un
doux blanc crème reflètent une lumière tamisée annonciatrice des meilleurs
augures.
Ce cadre chaleureux accueille la cuisine d'un des plus talentueux chefs de
Lisbonne, Ljubomir Stanisic, d'origine yougoslave et valeur reconnue des
Lisboètes à la recherche d'une cuisine inventive et pleine de ressources.
L'accueil est immédiatement spontané, sans affectation, mais avec
professionnalisme. Le service suit de près les besoins des clients sans
accaparer leur attention. Les réjouissances gustatives ne vont pas tarder
à satisfaire la curiosité des convives. Le concept de 100 Maneiras est de
composer un programme culinaire avec avant-propos, introduction, chapitre
et conclusion. Ce livre ouvert voit défiler une à une ses pages culinaires
à un rythme ni trop rapide, ni trop lent, suivant lequel va se développer
des thématiques surprenantes, mais jamais choquantes. Et là, réside le
secret du grand chef Stanisic : pousser l'audace jusqu'aux limites de la
créativité sans rompre l'équilibre fragile de ce que le palais peut
accepter.
La séduction opère sans réserve. Qu'il s'agisse des fines lanières de
morue séchée étendues avec de mini pinces à linge sur un séchoir composé
d’un fil de fer tendu sur un demi-cylindre, ou de la soupe de melon en
terrine accompagnée d'un bonbon de foie gras associé à du chocolat posé
sur une petite cuillère...
L'appétit est aiguisé et est prêt à attendre la suite de la lecture de cet
essai des plus réussis. Un tartare de saumon vient à point nommé et il
n'est pas seul ! Il est accompagné d'une crème de fleurs de sureau, d'un
pesto de sésame avec de l'ananas. Le plat suivant est une surprise pour
les yeux autant que pour les papilles gustatives : des clams d'un beau
jaune reposent sur un nid de vermicelles noirs colorés par l'encre de
seiche et rehaussés par la couleur rouge du chili déshydraté, une
véritable réussite !
Nous poursuivons notre découverte avec un excellent turbot rôti à souhait
entouré de chips de manioc, de pommes de terre, des tomates et des olives
afin de nous rappeler que nous sommes au Portugal et que la ville se plaît
à se refléter dans l'eau. Une petite pause avec un trou normand lisboète
qui prend les couleurs d'un peu de champagne dans lequel une bille de
sorbet au basilic affûte l'appétit pour la suite du programme, une idée
originale...
Mais, nous laissons le lecteur découvrir la suite, car raconter tout ce
livre culinaire dénaturerait la curiosité indissociable de cette cuisine
inventive. Notons que le sommelier est redoutable pour amener avec
diplomatie (une main de fer dans un gant de velours) à la conclusion selon
laquelle vous gagneriez à découvrir les vins du Portugal en dînant à
Lisbonne... Et il a raison ! Ces choix sûrs suggérés avec
professionnalisme et discrétion ajoutent à la cuisine et au service
remarquable une note de bon goût avec un magnifique Monte Cascas, un vin
blanc du Doc Douro, cuvée 2009 à la robe couleur citron avec une texture
crémeuse et un équilibre remarquable pour un vin aussi jeune.
Il faut découvrir cette table au coeur même de la ville historique de
Lisbonne et la faire partager au plus grand nombre dans le même esprit de
générosité qui anime ce jeune chef et son équipe dynamique !
Le restaurant Casa da Comida se découvre au nord de Lisbonne, près d'une
merveilleuse place portant le nom de Amoreiras où l’Aqueduto construit
dans la première moitié du XVIIIe siècle sur les ordres de Dom Joao V
étend puissamment ses arches. Le soir, alors que la douceur de cette fin
d'octobre ne cesse d'étonner le visiteur habitué à la fraîcheur de
l'automne hexagonal, c'est un régal que de se préparer à retrouver un haut
lieu de la cuisine de Lisbonne. C'est là où officie le talentueux chef
Bertillo Gomez, dans un cadre agréable et raffiné, disposé tout autour
d'un patio inspirant où trône un magnifique palmier au pied duquel il est
possible de dîner à la belle saison...
La décoration est soignée avec de belles vitrines abritant de la vaisselle
d'Asie, les murs d'un vert délicat donnent un caractère à la fois
intimiste et raffiné à ce lieu où on l'on vous accueille agréablement. Si
vous le souhaitez, vous prenez place dans l'un des confortables fauteuils
des petits salons qui entourent la salle, afin de prendre un verre et
manger quelques amuse-bouches pour découvrir la carte du menu,
tranquillement faire votre choix et de passer à table que lorsque tout est
prêt !
Différentes formules sont à la disposition du convive : un menu tradition,
un menu dégustation ou, bien sûr, une carte particulièrement bien fournie
où va se développer toute la créativité du maître des lieux. Parmi les
nombreuses bonnes idées suggérées, une très agréable soupe de poisson
permet de déguster la richesse des produits de la mer de la côte
portugaise. Les esthètes plus terriens jetteront leur dévolu sur un
sublime foie gras fait maison qui n'a rien à envier au Sud-ouest français
! Servi sur une fine pâte de figues relevée de chocolat, l'association,
après avoir étonné, séduit immédiatement. Pour accompagner cette cuisine à
la fois raffinée et en même temps sûre d’elle, le sommelier nous fait
découvrir un vin rouge du Portugal particulièrement délicieux, « T »
Quinta da Terrugem cuvée 2001 dont la robe attire l'oeil par son rouge
profond nourri au soleil lusitanien...
Faisons honneur à l’un des plats les plus traditionnels du Portugal, le
fameux Bacalhau, préparé de main de maître par le chef Bertillo Gomez. Le
résultat est surprenant. La morue devient goûteuse et tendre grâce à une
habile préparation, les pommes de terre rôties s'harmonisent avec les
jeunes pousses de brocoli pour former un trio réjouissant. C'est bien là
une démonstration convaincante qu'il est possible de reprendre les
recettes traditionnelles de la cuisine du patrimoine, tout en les
proposant dans une interprétation raffinée à la manière de ces airs
populaires repris dans les meilleures musiques classiques.
Le service se déroule selon un rythme calme qui permet d'apprécier la
douceur des lieux et le sommelier suggère de découvrir un porto vintage,
une idée remarquable tant ce vin goûteux réserve une pause hédoniste
permettant d'apprécier ce que nous avons découvert de l’art du brillant
chef opérant dans ces lieux.
La carte des desserts satisfera les gourmets et les gourmands ! Il faut
avoir dégusté ce chaud-froid de meringue de citron avec un granité de
fruits rouges particulièrement savoureux. Les amoureux de cuisine
traditionnelle jetteront leur dévolu sur un grand classique de la cuisine
portugaise avec le Sericaia, gâteau accompagné d'une surprenante jelly de
fraises et d'une boule de glace de fromage de chèvre !
Au final, on se dit que le chef Bertillo Gomez est un magicien : il vous
propose une cuisine à la fois inventive et en même temps assise sur de
grands classiques, savoureuse et audacieuse, mais toujours rattachée à des
fondations rassurantes. La Casa da Comida parvient à réunir tout cela avec
harmonie dans un cadre inspirant propice à l'évasion, une adresse à
retenir dans sa découverte de la ville !
Casa da Comida
Travessa das Amoreiras, Nº 1
1250-025 - Lisboa
Telefones: 21 388 53 76 / 21 386 08 89
Fax: 21 387 51 32
E-mail: geral@casadacomida.pt
www.casadacomida.pt
LES "LETTRES DE
LISBONNE"
de
Bertrand GALIMARD FLAVIGNY
(extraits)
I. - SAUTER PAR-DESSUS LE TAGE
(...) Il pleut sur Lisbonne comme pour faire mentir Fernando Pessoa
qui récitait : « il n’y a pas pour moi, de fleurs qui vaillent le
miroitement de Lisbonne sous le soleil ». Nous irons, malgré tout
sans lui tenir rigueur, nous asseoir derrière l’une des tables de
marbre – recouverte par une nappe blanche - où il aimait
s’installer, en sortant de son bureau, au café Marthino da Arcada
sur la place du Commerce. La devanture affirme que l’établissement
date de 1782. Nous voulons bien le croire, les boiseries en
témoignent. Un peu moins de trente ans auparavant tout ce qui se
dressait ici, y compris le palais royal, a été rasé lors du
tremblement de terre qui effraya l’Europe entière et fit pleurer
Voltaire. L’histoire ne dit pas si les gazettes dépêchèrent sur les
lieux MM. Paris et Pedegache, mais ces deux illustrateurs
publièrent, deux ans après les faits, chez Jacques Philippe Lebas,
un Recueil des plus belles ruines de Lisbonne. Le marquis de Pombal
dont le nom complet était Sebastiano de Carvalho e Mello (1699-1782)
en possédait un exemplaire. C’est sans doute la raison pour
laquelle, sous la houlette de son roi José Ier, il rebattit la ville
selon un modèle géométrique qui n’avait plus rien à voir avec les
sinuosités anciennes. Celles-là avaient leur avantage, mais sur les
collines, car les deux quartiers qui dominent, ce que l’on nomme
Baixa, l’Alfama et le Bairro Alto, les dégâts furent négligeables.
La Plaça do Comércio autrefois Terreiro de paço est ainsi devenue le
forum des Lisboètes, là où l’on vendait – encore – des œillets et
tant pis si José Ier caracole en son centre comme s’il s’apprêtait à
sauter par-dessus le Tage.
« Lisbonne est proche, écrivait Jacques Chardonne. Lisbonne, un
carrefour du monde, ville rose et qui se déploie ou se replie selon
les points de vue ; les rues populeuses et commerçantes scintillent,
il y a des surprises partout ». Justement dans la rua do Comércio,
tandis que passe dans un fracas de ferraille, le tramway n° 28,
celui qui rejoint les deux quartiers en hauteur comme dans un
gigantesque toboggan, nous avons l’œil attiré par une petite
boutique. Des centaines, des milliers de boutons y brillent comme
autant de petites fleurs chères à Pessoa. Nous en choisissons une
paire dorée, monogrammée et couronnée qui, montées pour les
manchettes, feront le plus bel effet (…)
(…) Instinctivement, nous resserrons les bras et manquons de louper
notre arrêt devant la cathédrale Sé. Celle-là, à mi-pente, ressemble
à un château fort. Elle a été construite en 1147 sur l’emplacement
d’une mosquée après le départ des Maures chassés par Dom Alfonso
Henriques. Nous sommes plus touchés par la petite église consacrée à
saint Antoine, le patron de Lisbonne. En levant les yeux, nous
apercevons les murailles du château, le Castelo de Sao Jorge, un
balcon posé au-dessus de la ville et du Tage. Il n’y a plus de roi
au Portugal depuis que l’on a assassiné en 1908, près de la grande
poste, Carlos Ier et le prince héritier. Les jardins du château
abritent désormais des paons et des pélicans. Ceux-là servent de
modèles aux azulejos, ces mosaïques bleues qui décorent même les
panneaux indicateurs de ce quartier. Au palais de Quéluz, une jolie
dame, dans son jardin semble avoir revêtu une robe en forme de
plumage de paon.
En redescendant par la rua das Pedras Negras, nous découvrons un
bouquiniste. Quel trésor découvrir dans la boîte débordant à
l’extérieur de la boutique ? Sinon, une édition commune des Lusiades
de Luis de Camōes.
II. - L’HYMNE A LA MORUE
Nous n’allons quand même pas emprunter l’ascenseur pour gagner le
Bairro Alto. Laissons les curieux et les Lisboètes chargés de
paquets faire la queue devant cet étrange champignon métallique,
coincé dans une rue étroite. Celui-là se nomme Santa Justa. Les gens
disent qu’il a été conçu par Gustave Eiffel. Pas du tout, il date de
1902 et ses plans ont été dressés par Raoul Mesnier de Ponsard, un
élève d’Eiffel, il est vrai. Son architecture est naturellement
métallique et d’influence néo-gothique. Nous pourrions le comparer à
un campanile mais sans cloche ni
église voisine. Cette tour est tout de même haute de
32 mètres. Dans les cabines recouvertes de boiseries, un conducteur,
très conscient de sa position, dirige la manœuvre. Valery Larbaud
qui passa l’hiver 1926, à Lisbonne, considérait cet ascenseur comme
« une machine à visiter la Lune ».
Le père de Barnabooth n’a jamais avoué qu’il empruntait le petit
escalier métallique en colimaçon qui permet d’atteindre le
belvédère, dans lequel est installé un café. Est-ce là qu’il
commença à rédiger 200 chambres, 200 salles de bains ? Larbaud
s’amusait de tout ici, les tramways étaient pour lui des curieux
jouets ; il eut même la chance d’assister à une mini-révolution avec
bombardements. « Cela ressembla à un orage d’été ». Paul Morand
avait raison de souligner que pour Larbaud, ce fut à Lisbonne que
les vacances commencèrent. Et il devint amoureux du Portugal. « La
gaieté portugaise est une légende ; mais la politesse portugaise, la
douceur des mœurs portugaises sont une réalité. Le Portugal est un
pays où on est heureux », écrivait-il dans sa Lettre de Lisbonne à
un groupe d’amis que l’on peut lire dans Jaune bleu blanc.
Contrairement à Larbaud, nous sommes seuls autour de notre table,
pour déjeuner dans la Casa do Alentejo sur le Rosso (...)
III. - LA FATIGUE D’UNE ÂME FORTE
(…) Nous aimerions croire le vers de José Saramago : « Lisbonne
n’est qu’un grand silence qui murmure ».
Ce soir, chacun se prépare à la fête. Les airs de fado sautent des
fenêtres et bruissent dans les cafés. Une nouvelle année va jaillir
à travers ces chants qui ne sont ni gais ni tristes mais racontent,
comme le dit la chanteuse Mísia, « la vie dans ce qu’elle a de
sublime et de tragique ». Derrière le Théâtre nacional Dona Maria II,
si Italien depuis 1840, si refait après l’incendie de 1964, la rua
Portas de Santo Antāo s’ouvre sur le Gambrinus. « Nous rêvons tous
d’y dîner, une fois dans l’année », assure Manoël, un poète Lisboète
qui ne conçoit pas que l’on ne puisse pas considérer sa ville comme
« un songe permanent où vie rêvée et vécue se rejoignent sans cesse
». Il est encore tôt, ce qui nous permet d’obtenir une table dans le
fond de la salle, un peu en hauteur contre la rambarde en fer forgé,
comme si nous étions dans un cabinet particulier. Le porto blanc
mérite un salut profond ; la chair des poissons, une révérence. Les
dames sont belles et les hommes ne peuvent se détacher de leur
regard. Ce n’est pas encore l’heure d’être nostalgique et de se
laisser envahir par la saudade. Les bougies illuminent nos rêves.
Que sont devenus les palais que les grandes familles édifiaient
devant les petites places, dans le Bairo Alto ? Ils ont disparu sous
de nouvelles maisons d’où s’échappent, le jour, les sons des outils
des artisans, les cris des mères appelant leurs enfants et les rires
de ces derniers ; et d’où glissent le soir, les chants et les
accords des guitares et des vihuela. C’est là que s’ouvrent
directement sur les rues étroites, ces taberna encombrées de lourdes
tables en bois, de tonneaux mis en perce, décorées parfois
d’azulejos, pour les plus anciennes. Manoël nous entraîne dans l’une
d’elles, déjà envahi par de nombreux convives. Chacun semble se
retrouver ici, amis de toujours, prêts à communier dans une même
ferveur, celle du fado bien sûr. Adossés au mur ou appuyés sur nos
mains, les coudes sur la table, un verre de margarita devant nous,
nous laissons la musique nous pénétrer. Les chanteurs se succèdent,
chantent trois ou quatre poèmes puis laissent la place à un autre.
Celle-là, la tête en arrière, les yeux fermés, les poings crispés
contre son ventre, lance sa « fatigue d’une âme forte », selon le
mot de Pessoa. Manoël traduit en chuchotant, contre mon oreille, les
paroles du poème Cor de luna : « Je marche immobile dans la rue. Je
ne suis qu’une toile obscure couleur de lune ». Un homme âgé, les
yeux fermés, oscille de la tête au rythme des sanglots. Les flammes
des grosses bougies posées çà et là, tremblent aussi. Dehors, le
temps est humide, mais nous avons chauds. Soudain, une note plus
aiguë déchire notre bien-être. C’est fait. Minuit vient de sonner.
Les embrassades achevées, nous retournons, comme vient de nous le
dire la chanteuse, dans « la présence des choses qui ont eu
tellement de vie qu’elles ne peuvent pas mourir »(...)
La première compagnie portugaise créée en 1945, forte d’une flotte
de plus de 70 appareils et couvrant 64 destinations dans 31 pays, est
non seulement la compagnie de référence pour se rendre au Portugal,
mais est de plus devenue ces dernières années une institution sur laquelle
compter pour les vols en direction du Brésil et de l’Afrique.
La Classe Executive de la TAP Portugal réserve un espace approprié aux
voyageurs qui aiment trouver quelques instants de répit dans la
cohue habituelle des grands aéroports et leurs cortèges de contrôles
sans cesse accrus par ces temps incertains. La TAP Portugal a ainsi conçu un espace réservé à ses hôtes de marque, le
Premium Lounge (500 m²), afin de leur offrir un lieu à l’abri des
regards et où patienter le plus agréablement l’heure de l’envol. De
petites collations fines, sandwichs et boissons sont proposés à
volonté
dans de confortables canapés ou
autour de petites tables bien espacées les unes des autres. Une
cabine de douche privée, un espace TV (trois écrans Télé avec 55
chaînes), un grand choix de journaux nationaux et internationaux
ainsi qu’un Business Center
équipé de fax, imprimantes, téléphones et du WI FI complètent cet
espace unique en son genre. Le départ de chaque vol est annoncé pour
les visiteurs de ce Lounge remarquable.
Autre point très appréciable, les nombreux guichets
d’enregistrement réservés à la classe Executive ainsi que le nouveau
système passe file prévu à l’aéroport de Lisbonne qui permet
d’éviter les queues au contrôle de sécurité et un passage avec moins
de monde pour ces formalités. L’accueil individualisé se poursuit
également en vol avec une classe réservant un espace en tête d’avion
avec des repas conçus avec soin par un traiteur spécialisé. Au
final, un vol avec la TAP Portugal donne une autre expérience des
transports aériens avec un stress réduit au maximum grâce aux
nombreuses procédures et espaces prévus pour faciliter un voyage le
plus agréable possible !
Fiche Pratique Vols France - Lisbonne
6 vols quotidiens au départ de Paris - Orly Ouest
3 vols quotidiens au départ de Lyon
2 vols quotidiens au départ de Marseille - Nice et Toulouse
En classe Economique
Prix à partir de : 167 € (toutes taxes comprises hors frais
d’émission)
En classe Affaires
Prix à partir de : 971 € (toutes taxes comprises hors frais
d’émission)
Du Lac Majeur à Milan :
la Lombardie, une destination de charme
Première étape : Le lac majeur et
le Grand Hôtel des Îles Borromées
Le Grand Hôtel des Îles Borromées est
à l’image d’une dame vénérable. Fier, altier, il porte haut l’expérience
d’une vie riche et célébrée par les meilleurs auspices. Cette institution
est née en 1861 de la rencontre d’éléments naturels exceptionnels, un lac
majestueux lové entre de délicates montagnes… Le tableau inspirera de
nombreux écrivains et artistes qui très tôt reconnaîtront la beauté
suggérée par une couleur tamisée par les reflets de l’eau, une brume qui
estompe les traits qui seraient trop accentués et une sensation de
légèreté où nulle contrainte tellurique ne vient charger l’atmosphère.
Ce lieu de prédilection est devenu un
lieu de villégiature par la volonté des hommes qui l’ont habité et qui ont
su mettre en valeur ces paysages enchanteurs. Ces contrées sont en effet à
la frontière de la Suisse que l’on aperçoit au loin, mais également de la
France tout en étant en terre italienne. Il n’en fallait pas plus pour que
l’aristocratie européenne et les têtes couronnées en fassent leur terre
d’élection à la fin du XIX° siècle.
Le Grand Hôtel des Iles Borromées a
profité de l’extension des voies de communication modernes qui ont
facilité le développement touristique de la région. La route riveraine du
Simplon créée en 1807 bouleversa l’accès à la ville de Stresa, jusqu’alors
bourg isolé remontant au XV° siècle. Quelques années plus tard, en 1826,
le premier bateau à vapeur rendra également les lieux de cette partie du
lac accessibles par voie maritime. La création d’une ligne ferroviaire en
1855 achèvera la parfaite accessibilité des îles et de Stresa.La noblesse
ne s’y trompa pas, et en 1855, la princesse Elisabetta de Saxony, la
duchesse de Gênes et mère de la future reine d’Italie Margherita de
Savoie, acheta la fameuse villa Bolongaro datant du XVII° siècle où vécut
le philosophe italien Antonio Rosmini.C’était dès lors le début d’une
nouvelle conception de la villégiature fondée plus sur la beauté de
l’environnement que sur un fonds rural.
La ville de Stresa est réputée pour
les trois îles Borromées qui lui font face,
vestiges élégants d’un rêve fou qui, à l’approche de la nuit, donne
l’impression d’une flottille sur le Lac majeur… Ces trois îles plus
connues sous le nom de la célèbre famille qui les a créées à partir de
quelques îlots sont devenues le symbole de ce que le pouvoir et la
démesure de l’homme peuvent imposer à la nature à l’image d’un Versailles
sorti des marais à la même époque…
C’est dans sa section la plus large
que le lac ouvre sur la baie Borromée et permet de découvrir ses célèbres
îles. L’Isola Bella est la plus fantasque. Son palais et ses jardins
datent du XVII° siècle et sont le fruit de la volonté du comte Charles III
Borromée en l’honneur de sa femme Isabella. Il s’agit d’un véritable
jardin baroque composé de dix terrasses où la pierre semble fleurir de la
terre apportée de la côte tout spécialement pour les travaux. L’Isola
Madre abrite quant à elle un jardin botanique datant du XIX° siècle après
avoir été successivement un verger, une oliveraie et une plantation
d’agrumes. Ces lieux célébrés par Flaubert entourent un superbe palais que
l’on aperçoit au loin la nuit tombée, comme par enchantement. La dernière
des îles est l’Isola dei Pescatori, l’île des pécheurs. Plus modeste, elle
n’en est pas moins charmante avec ses petites ruelles si étroites que la
lumière peine à les traverser. Simple comme le travail de la pêche, elle
est un lieu apprécié pour ses maisons qui sont restées authentiques malgré
les tentations du tourisme.
Voici le cadre d’un palace
définitivement associé à l’idée de beauté et de luxe depuis sa création,
il y a plus d’un siècle et demi. Dès l’arrivée, le charme opère ! Les
quelques pas qui séparent l’entrée dans le vaste vestibule où le verre et
le cristal partagent les ors et les tapisseries troublent le regard qui
hésite quant à la direction sur laquelle fixer son attention. Le bar
rappelle le souvenir d’un grand personnage qui fréquenta ces lieux, Ernest
Hemingway, qui évoqua ce faste dans son fameux roman « L’adieu aux armes »
où le Grand Hôtel est expressément décrit. Les vieilles boiseries de la
réception sont les témoins de cette époque glorieuse. L’accueil est
chaleureux et sans affectation avec un personnel de l’hôtel habitué aux
exigences d’une clientèle internationale. Deux ascenseurs dont les portes
sont elles-mêmes décorées de fresques mènent aux couloirs des différents
étages.
La surprise est de taille lorsque le visiteur réalise que ces
longs couloirs habituellement impersonnels abritent une véritable
collection de mobiliers de valeurs et autres objets de décorations rares.
Véritables petits musés à thème, chaque étage célèbre un style ou une
période pour le plus grand plaisir des hôtes. L’émerveillement n’est pas
terminé, car une fois la porte de la chambre ouverte, une véritable baie
de lumière inonde les lourds rideaux et la riche décoration des lieux. La
lumière du lac est omniprésente et de la terrasse privée de la chambre, un
spectacle enchanteur comble de bonheur l’heureux visiteur du Grand Hôtel
des Iles Borromées : il a l’impression de posséder du regard l’ensemble de
la baie du lac avec, légèrement à sa gauche les fameuses îles qui attirent
le regard comme par magie.
Décorées avec goût, les chambres offrent le
confort et le plaisir digne des plus grandes maisons. Les couleurs
choisies avec soin s’harmonisent avec les éléments naturels sans les
dénaturer grâce au travail remarquable de l’architecte décorateur Statilio
Ubiali qui a créé en exclusivité la plupart des décorations de l’hôtel.
Les différents salons du rez-de-chaussée soulignent la richesse des lieux
non seulement du passé, mais également de l’époque moderne, le Grand Hôtel
des Iles Borromées continuant à recevoir des hôtes illustres ainsi que les
plus grandes manifestations internationales. Le restaurant propose une
belle terrasse abritée par un grand store aux belles journées sans quitter
des yeux le lac face aux convives. Lorsque la nuit descend sur les eaux
qui s’assombrissent, dîner dans ces lieux est une expérience d’esthète
qu’il faut absolument avoir vécue. Les lumières tamisées disputent aux
bougies l’éclairage le plus discret. La vaisselle impeccable servie sur
des nappes d’un blanc immaculé est un régal pour l’oeil bien avant les
agapes ! Le personnel sait traduire à l’avance l’excellence des mets qui
seront présentés avec professionnalisme dans des plats plus étincelants
les uns que les autres et qui seront découverts avec élégance laissant
apercevoir leurs contenus alléchants… Les papilles s’éveillent à la vue
des plats si joliment disposés et cette cuisine inventive célèbre les
saveurs de la région avec des associations délicates.
Une vaste piscine bien abritée des
regards par des arbres majestueux ainsi qu’un parc aux arbres centenaires
et aux massifs à thèmes complètent ce tableau idyllique où la perfection
est devenue la règle.
Interview Enrico G. Meazza –
directeur des ventes & marketing, Grand Hotel des Iles Borromées
LEXNEWS : “Comment conciliez-vous la préservation stricte de ces lieux
historiques et les impératifs d’un confort moderne d’un grand hôtel de
luxe ? »
Enrico G. Meazza : « Nous avons complètement refait l'intérieur de
l'hôtel depuis 1980, tout en gardant la structure extérieure inchangée. Il
faut savoir que tout l'établissement est classé monument historique en
raison de son architecture et de son histoire. Nous avons ainsi modernisé
l'hôtel en préservant son riche patrimoine. Pour ces immenses travaux,
nous avons eu recours à un architecte décorateur qui a su à la fois
choisir les éléments de décoration moderne compatibles avec l'époque de la
création de l'hôtel. C'est cette alchimie entre confort moderne et respect
de l'architecture qui nous anime. Nous avons beaucoup investi en gardant à
l'esprit le soin de chaque détail : ainsi, les ampoules des candélabres,
les boutons de porte en cristal de Swarovski, les bains d'or faits pour
durer cinquante ans… »
LEXNEWS : « Vous avez une suite fameuse dans votre hôtel qui porte le
nom d’Ernest Hemingway. »
Enrico G. Meazza : « Oui c'est une suite qui nous est régulièrement
demandée. La disposition est exactement la même qu’à l'époque où le
célèbre écrivain résidait dans nos murs et nous l'avons décorée avec notre
architecte décorateur Statilio Ubiali. Vous savez qu’Ernest Hemingway a écrit
son fameux roman, l'Adieu aux armes, dans cette suite ! Il a laissé
sur notre livre d'or sa signature et nous avons de nombreuses
photographies de lui au bar de notre hôtel ainsi que sur une barque devant
l'embarcadère. »
LEXNEWS : “ Quelles sont les caractéristiques des services que vous
proposez aujourd’hui à vos clients ?”
Enrico G. Meazza : “ L'accueil est une de nos priorités. Il nous
apparaît indispensable que nos hôtes aient le sentiment immédiat de se
sentir bien accueillis. Cela passe par des choses très concrètes comme le
fait d'enlever immédiatement les bagages, d'accompagner nos hôtes dans
leur chambre en leur expliquant ce qui est important de savoir tout en
répondant à leurs questions. Le deuxième point sur lequel nous travaillons
toujours concerne l'excellence du restaurant. Nos clients ont plaisir à
déjeuner et à dîner dans notre restaurant qui propose une excellente
cuisine servie dans un cadre de choix. C'est une cuisine que nous
décrivons comme régionale sans que cela ne soit péjoratif. Nous mettons en
avant les produits de la région, tout frais, il n'y a pas de congélation
chez nous. Nous avons 18 cuisiniers et tous les jours les plats sont
renouvelés. Notre table est appréciée des grandes cérémonies.
Parallèlement, notre SPA Center est de plus en plus choisi par notre
clientèle. C’est un établissement important où 16 personnes travaillent en
collaboration avec deux médecins en permanence tous les jours. Nous avons
un diététicien qui élabore des menus spécifiques pour les cures
recherchées (amaigrissement, stress…) et cela est immédiatement relayé au
niveau du restaurant individuellement. Nous avons une clientèle
internationale avec les Japonais, les Américains et nous accueillons
également des meetings politiques. Il ne faut pas oublier que notre hôtel
a accueilli les participants de la fameuse conférence de Stresa ! Notre
livre d'or est rempli d'illustres signatures des reines et les rois, des
comédiens tels Clark Gable ou encore du fameux Hemingway dont la suite est
réputée pour être la plus luxueuse de toute l'Italie d'après ce qu'en
disent nos clients…
Nous avons parallèlement 15 salles de réunion pour tous types de
conférence. C'est une activité très importante pour notre hôtel, nous
avons reçu au début du mois de juillet le président de la République
tchèque. Nous sommes capables de proposer tous les services modernes pour
ce type de réunion à l’image d’un ministère (visioconférence, traduction
simultanée…). »
LEXNEWS : « Quelle est la journée type de vos clients ? »
Enrico G. Meazza : « Habituellement, nos hôtes restent deux ou trois
jours voire une semaine dans le cadre du SPA Center. Très souvent, après
avoir pris le petit déjeuner dans nos salons ou sur la terrasse selon le
temps, la visite des trois îles Borromées est programmée en priorité. Ces
trois îles sont à quelques minutes en bateau face à notre hôtel. Elles
offrent de magnifiques jardins et de riches palais à visiter dans un cadre
majestueux. Certains poussent plus loin et vont faire des excursions
jusqu'en Suisse par le bateau ou bien en prenant un petit train qui
traverse toutes les montagnes que vous voyez au loin avant de reprendre le
soir un bateau qui rejoint notre hôtel. Nous avons également derrière
l'hôtel une montagne dont le sommet culmine à 1400 m et qui peut être
atteinte par un téléphérique proche de l'hôtel ou bien en voiture et d'où
l'on aperçoit tout le lac ! Cela fait également une très belle promenade…
Nous avons deux grands golfs réputés et le lac d’Orta est également
proche, comme vous le voyez les choix de promenade ne manquent pas ! »
Si Milan est la
première ville économique du pays, elle ne saurait pour autant renier le
riche passé culturel qui a marqué définitivement ses églises, ses palais
et ses murs couverts de fresques renaissance…
Pas un lieu où l’on ne découvre niché entre deux piliers ou fenêtres, des
peintures laissées pour l’avenir comme un témoignage indélébile de la
beauté qui ne saurait passer. À côté de ces témoins discrets, le regard
tombe parfois sur des feux d’artifice de pierre, tel le Duomo,
véritable défi aux lois de la pesanteur, trait d’union entre la démesure
des hommes et la transcendance divine qu’il évoque. Les flèches élancées
et la blancheur exceptionnelle de la pierre contrastent avec la pénombre
de l’intérieur de l’église. Ce qui est élan vers le ciel à l’extérieur
n’est qu’introspection et repli vers les profondeurs de l’âme à l’abri des
hautes voûtes. Même les visiteurs les plus extérieurs à la foi sont
visiblement touchés non pas par le faste des tableaux et des décorations,
mais par l’impression de force irrésistible qui a inspiré l’édification
d’un tel témoignage à l’invisible. Milan est une ville pleine d’églises et
comme le soulignait la poétesse Marcelline Desbordes-Valmore dans ses
carnets de voyage : « C’est là que j’use surtout de la liberté
mélancolique d’errer, de parler, de pleurer, le long de ces rues désertes,
de ces maisons inconnues, de ces églises hospitalières où je me précipite
comme si j’entrais par une porte dérobée dans la maison de mon père.
»*
Milan est également une ville d’art dont les célèbres musées ravissent
l’amoureux des fameux siècles qui ont rendu célèbre toute cette partie
nord de l’Italie. Les pas du flâneur curieux iront vers les riches
collections de la Pinacoteca de Brera, véritable palais dédié aux trésors
laissés par les plus grands peintres tels Bellini (la Pieta et les
deux Vierges à l’Enfant) Mantegna et son impressionnant Christ
mort, ou encore cette représentation émouvante du souper d’Emmaüs
du Caravage… L’arpenteur infatigable de la ville lombarde curieux de ses
trésors artistiques se dirigera également vers les riches musées du
château Sforzesco où il aura le bonheur, dans de vastes salles
particulièrement bien aménagées, de découvrir de magnifiques polyptyques
des plus grands maîtres lombards du XV° siècle, de très beaux tableaux de
Mantegna, Bellini, Lippi, mais aussi les délicates peintures de Vincenzo
Foppa, Bernardino Luini…et bien entendu la fameuse Pietà Rondanini
inachevée de Michel-Ange, dernière œuvre en cours au moment de la mort de
l’artiste à 88 ans.
C’est dans ce cadre culturel que notre parcours nous mène dans un haut
lieu de l’hôtellerie internationale avec le palace Four Seasons abrité
dans un couvent du XV° siècle dans le quartier de la mode à Milan. Nous
sommes au cœur de l’excellence avec un service exceptionnel d’efficacité
et de discrétion, les clients étant les sujets de toutes les attentions.
L’ancien cloître, les fresques d’époque, les piliers de l’église encore
visibles ajoutent au charme d’un lieu unique et à nul autre pareil. Les
chambres sont à l’image du hall et des petits salons à la décoration sûre.
Décorées selon une ligne urbaine à la fois moderne et classique, les
chambres de l’Hôtel Four Seasons offrent un rare havre de paix en pleine
capitale en raison de la via Gesù, calme ruelle où seules les boutiques de
luxe ont droit de cité… Les salles de bain sont également de véritables
invitations au farniente et au soin tant leur équipement est
complet et luxueux avec des produits de la célèbre marque La Prairie,
exclusivité du Four Seasons de Milan… Que l’on souhaite prendre un verre à
l’intérieur des nombreux salons privés dont certains révèlent encore les
fresques de l’ancienne église du couvent ou bien à l’extérieur dans le
cloître sous de vastes parasols abritant de l’ardent soleil de la ville,
tout est soigné jusqu’au moindre de détail pour le plaisir des hôtes de
cet hôtel d’exception !
*( Les Yeux pleins d’églises Edition La Bibliothèque, 2010, p. 67)
Interview Olivier Gerber -
directeur des ventes & marketing - Hôtel Four Seasons Milano.
LEXNEWS : « Votre hôtel bénéficie d’une vieille histoire, car avant
d’être un haut lieu du tourisme, il s’agissait d’un ancien couvent du XV°
siècle. »
Olivier Gerber : “ les origines du bâtiment remontent à 1472 ! C'est
en effet un témoin très ancien de notre ville et nous avons la chance
d'avoir encore des fresques et des voûtes visibles directement dans le
lobby de l'hôtel et dans certaines suites. Lorsque l'occupation du couvent
par ses moines a pris fin, différents propriétaires se sont succédé. Comme
vous le savez, le nord de l'Italie a été occupé par les Autrichiens, puis
une riche famille a habité dans ces lieux avant qu'ils ne soient
transformés en appartements. Lorsque les travaux d'aménagement ont été
faits pour aménager le bâtiment en hôtel, ils se sont rendu compte qu'il
s'agissait d'un couvent historique nécessitant ainsi une supervision de la
part des affaires culturelles de l'État. Il y a bien évidemment eu un
cahier des charges très strict pour aménager les nouveaux espaces. »
LEXNEWS : « Que reste-t-il de cette ancienne destination des lieux et
quelle a été votre action pour leur conservation et leur mise en valeur
auprès de vos clients ? »
Olivier Gerber : “ En fait, le lobby est à la place de l'ancienne
église, le cloître ainsi que les deux côtés du rez-de-chaussée et une
partie du premier étage datent de l'époque du couvent. Les recherches
quant à la restauration des fresques ne sont jamais parvenues à établir le
véritable auteur de ces oeuvres. Les restaurateurs ont pu par contre
identifier un certain nombre de personnages importants de l'époque du
couvent par recoupement avec d'autres oeuvres. Il est établi que ces
fresques appartiennent à l'école de Bramante. Ce qui est intéressant c'est
que tous ces détails ne sont pas immédiatement perceptibles de
l'extérieur. C'est petit à petit qu'ils se révèlent à nos hôtes au fur et
à mesure de leur découverte des lieux. »
LEXNEWS : « Vous bénéficiez également d’une situation géographique
exceptionnelle. »
Olivier Gerber : “ Nous ne sommes en effet qu'à cinq minutes à pied du
Duomo et de la Scala, donc du centre historique de Milan. Notre
hôtel est en plein coeur du quartier de la mode puisque la via Gesù
est entre les deux rues les plus connues pour le shopping : la via
Montenapoleone et la via della Spiga. Nous sommes très proches
également des quartiers financiers et économiques de Milan. Nous avons
cette grande chance d'être en plein coeur de la ville tout en profitant
d'un calme exceptionnel puisqu'il n'y a pas de routes importantes autour
de l'hôtel. Certains de nos clients dorment même les fenêtres ouvertes ! »
LEXNEWS : « La beauté des lieux exigeait une décoration haut de gamme,
vous avez décidé de collaborer avec la fameuse maison Brioni pour la
décoration d’une de vos plus belles suites. Vous avez décidé d’allier à la
fois une esthétique classique tout en intégrant les dernières nouveautés
technologiques pour le confort de vos clients. »
Olivier Gerber : “ Il faut d'abord savoir que notre hôtel a bénéficié
des plus hauts standards en termes de qualité d'architecture et
d'aménagement lors de sa création à l'origine en 1987. Il a en effet pu
profiter des mêmes niveaux de qualité que le Four Seasons de New York et
de Bali. Les matériaux sont très exclusifs et le style n'a pas vieilli
depuis. Nous avons en effet la suite Designer qui a été élaborée
par les architectes de Brioni et qui a un aspect très moderne. Cela
correspond bien à l'image design et fashion de Milan et au
même niveau nous avons la suite Renaissance dont les plafonds sont en stuc
avec un aspect beaucoup plus classique. C'est un peu la synthèse des deux
aspects de notre maison, nous avons tenu à respecter le classique des
lieux d'origine tout en garantissant un confort le plus moderne à nos
hôtes. »
LEXNEWS : « De combien de chambres disposez-vous et quels sont vos
clients ? »
Olivier Gerber : “A l'origine, il y avait 98 chambres, et depuis 2001
nous avons augmenté de 20 chambres et suites avec un bâtiment relié au
reste de l'hôtel. Les États-Unis représentent le plus grand nombre de nos
hôtes suivis par le Moyen-Orient et la Russie. Après cela viennent
l'Italie, l’Angleterre, la France, la Suisse… 70 % de nos clients sont des
professionnels dans la finance, les salons… Nous avons 600 m² de salles de
réunion divisés en six salles différentes, ce qui place notre hôtel parmi
ceux disposant du plus grand espace d'accueil de conférences. Mais nous
tenons à préserver un équilibre quant à la répartition des chambres en
évitant de dépasser plus de 40 chambres pour les réunions professionnelles
afin de ne pas occasionner de gênes pour nos clients privés tout en
garantissant aux clients professionnels le même niveau de qualité que pour
les individuels. »
LEXNEWS : « Votre liste de services est impressionnante : Restauration,
Fitness, soins… Quels sont ceux qui sont le plus demandés? »
Olivier Gerber : “ nous avons une salle de fitness, une salle de
massage et un SPA qui est en cours de construction et devrait ouvrir d'ici
juin de l'année prochaine. Nous avons sélectionné les meilleurs
architectes pour élaborer les aménagements intérieurs du SPA. La partie
restauration est certainement celle qui rencontre le plus grand succès en
raison de la qualité de nos deux restaurants. L'espace professionnel
réservé aux conférences et réunions est également un argument très
important dans les services que nous proposons. Tous nos services sont 24h
sur 24h y compris le Room service et la blanchisserie ! Nous sommes
le seul hôtel à Milan à proposer de tels services. Nous avons la chance
d'avoir les murs les plus anciens de la ville pour un hôtel tout en
proposant les services les plus modernes au XXIe siècle. »
Le restaurant La Veranda
Hôtel Four Seasons - Milan
Interview Sebastiano
Spriveri
chef en second du restaurant La Veranda
Hôtel Four Seasons - Milan
Milan, c’est le Duomo,
« Deux mille cinq cents — on dit cinq mille— statues lancées en l’air
comme un peuple qui s’y promène et converse éternellement, tant les
aiguilles de marbre qui leur servent d’appui sont légères et effilées.
»*
Milan, c’est la Lombardie, le lac de Côme, le lac Majeur, les Borromée,
les Sforza, les Visconti, c’est Stendhal croisant les belles Milanaises et
se précipitant comme un maniaque à la Scala où l’on joue Cimarosa, le pays
du bonheur, Milan, c’est cette guirlande d’églises sublimes, ces fresques,
le peintre Bernardino Luini reconstituant le déluge en une bande dessinée
haletante, Milan, c’est…, comment finir cette énumération…,
Et c’est aussi …. La Veranda.
Si l’on ne peut visiter l’Italie, même mécréant, sans entrer dans les
églises, il ne faut pas oublier la ou les cuisines italiennes, ses vins,
ses douceurs, ses Parme, ses ricote, ses gelati, cette
dolce vita que le visiteur ingrat feint d’ignorer dans la fraîcheur
d’une chapelle, devant un carton de Raphaël ou une statue de Michel-Ange,
cette gastronomie heureuse, ce mille feuille de plaisirs dont la Veranda
est un des temples à Milan.
Le restaurant s’ouvre sur un cloître à fine colonnade de granit. Un jardin
carré, à arbustes géométriques, presque zen, invite à la paix de l’âme que
la salle recueille par ses baies vitrées. La lumière du soir, les lustres
vénitiens brillent, le couvert chatoie sur les nappes, on éprouve une
sensation de terrasse, de bel été.
Sise Via Gesù, petite rue tranquille, dans cette précieuse coquille
du couvent Santa Maria de Gésù datant du quinzième siècle, transformée au
dix-huitième en Palazzo d’Ada, la Veranda est le restaurant de l’hôtel
Four Seasons, fleuron de la chaîne. Il s’y est installé il y a quelques
années avec le souci d’exprimer le génie du lieu.
Beau souci que partagent Sergio Mei et Sebastiano Spriveri, les deux chefs
qui recherchent les produits frais du marché, animés par ce goût du
terroir, de la proximité, de cette Lombardie, de ce Piémont, de cette rue
adjacente. Ils sourient, Milanais d’adoption, de la monotonie de la
cuisine internationale et insistent sur le fait que c’est rien du tout ce
bric-à-brac ! L’assiette a un devoir de franchise, de vitalité, elle ne
doit pas s’embrouiller dans les voiles des sauces compliquées, se perdre
dans les sophistications. Elle a juste le droit du masque, de la fantaisie
d’Arlequino et de Pulcinella qui sont du cru**!
On s’essaiera à la combinaison d’un jambon d’Aoste, d’une fleur
d’aubergine, d’une figue et d’un melon.
Et cette soupe froide de tomates avec de la ricota tendre comme une
crème fouettée et savoureuse. On accompagne cette simplicité et ce
foisonnement d’un vin de Lombardie léger, boisé et subtil. Puis on passera
au chaud. Je me souviens de ces spaghettis aux courgettes naines à l’aneth
bordées de coques. Et d’un rizotto jaune comme un flan marié à un osso
bucco moelleux. La dernière note de cette suite italienne sera une mousse
aérienne de panacota mangue.
A Milan, on se donne l’adresse de la Veranda comme un billet doux.
Andrea de Lauris
*. Marceline Desbordes-Valmore
**. Bergame
LEXNEWS : « Quel a été votre parcours qui vous a
amené à être le chef en second au Four Seasons ? »
Sebastiano Spriveri : « Je suis originaire de Sicile et j'ai été formé
par le chef Sergio Mei, puis je suis devenu son assistant. Sergio Mei est
natif de Sardaigne, donc une certaine complicité nous unit quant à la
cuisine italienne... J'ai tout appris de Sergio Mei et je dois vous avouer
que c'est un peu comme un mariage avec lui !
Une véritable philosophie nous unit et le plus souvent, il n'y a même pas
besoin de mots pour l'exprimer, un regard sur une décision à prendre
suffit pour régler la question. Autrement, il n'y aurait pas de place pour
deux conceptions différentes dans une même cuisine... »
LEXNEWS : «Quelle est la philosophie de votre cuisine ? »
Sebastiano Spriveri : « La philosophie de Sergio Mei, et à laquelle
j'adhère totalement, c'est un retour de la cuisine au goût. Cela a l'air
simple à dire, mais de trop nombreux chefs internationaux ont oublié cela.
Le client devant son menu ne sait pas ce qui va lui arriver ! Il ne
comprend pas le nom des plats, n'a aucune idée de l'association des mets,
ni quel goût cela va avoir. Cela entraîne trop souvent des déceptions, et
on ne peut pas accepter cela en cuisine. Sergio Mei et moi-même insistons
pour que les plats parlent à ceux qui vont les manger. Cela doit
directement être évocateur et aller droit au coeur. Nous disons souvent :
« retournons aux racines de notre art ! », il faut cesser cette
intellectualisation de la cuisine qui conduit à de trop grands dérapages.
La meilleure preuve, c'est que nos clients, pour un grand nombre d'entre
eux habitués aux grandes tables internationales, reviennent très souvent,
parfois même deux fois par semaine, parce qu'ils sont heureux et ont le
plaisir de retrouver une cuisine sensuelle et accessible. Cela ne veut pas
dire qu'il s'agisse d'une cuisine facile : il y a un tour de main, une
connaissance technique, un choix exigeant des bons ingrédients, leurs
associations habiles... Tout cela demande du temps et un grand savoir et
c'est à cela que nous croyons. Comme je vous le disais tout à l'heure,
Sergio Mei a une véritable philosophie qui s'exprime par une cuisine
humaniste. »
LEXNEWS : « Comment caractériseriez-vous la cuisine que vous pratiquez
avec Sergio Mei dans les restaurants du Four Seasons ? »
Sebastiano Spriveri : « Nous sommes très exigeants quant au choix des
ingrédients, leur provenance, leurs associations. Nous travaillons avec
des fournisseurs depuis de nombreuses années, ce qui est un signe de la
régularité de la qualité de leurs produits. Nous avons plaisir à proposer
des plats traditionnels italiens dont nos clients raffolent : un
osso-buco, un risotto traditionnel, et même des spaghettis cuisinés dans
les règles de l'art ! Ne vous y trompez pas, cela demande un travail
souvent ignoré, une connaissance de la cuisson des ingrédients qui a
tendance à se perdre aujourd'hui. Nous pouvons beaucoup apprendre des
classiques d'autrefois et à partir de là à improviser et créer sur cette
base solide. Pour nous, il ne saurait y avoir d'improvisations sans
fondations !"
LECTURES
ET
GUIDES
- Top 10 Milan et
les lacs, Hachette
- Milan Turin
Lombardie, guide Petit fûté, 2010-2011
- Milan Caroville, 5°
ed. Guide Gallimard.
Le guide des îles
Borromées Silvana Editoriale
- Stendhal
Voyages en Italie La Pléiade, Gallimard.
- Stendhal La
Chartreuse de Parme Folio, Gallimard.
Il est des lieux
bénis par la nature. Tel, ce promontoire de Bellagio au bord du Lac de
Côme où niche l’un des plus beaux hôtels légendaires : la Villa
Serbelloni. Tout concourt à l’effusion d’un esthétisme raffiné, et en
premier lieu, cet environnement minéral omniprésent. L’eau et la pierre
des montagnes ont ici conclu un pacte secret, une alliance qui tient à la
fois du défi et de l’insouciance, comment juger autrement ces reflets
insensés qui rapidement troublent l’œil le plus endurci ! Le lac et les
montagnes alpines ont œuvré pour donner un berceau enchanteur à une maison
célèbre dans toute l’Europe au XIX° siècle et dans le monde entier de nos
jours…
Gianfranco Bucher, le propriétaire de cet illustre établissement cinq
étoiles, n’hésite pas à rappeler combien il reste à chaque fois ému par le
caractère unique de ces lieux. Dans chaque espace de cette villa, il y a
une partie de lui et de sa famille qui a eu soin de cette vénérable grande
dame depuis plus d’un siècle !
C’est cette tradition d’hospitalité et de bon goût qui demeure au cœur du
Grand Hôtel en ce début de XXI° siècle effréné.
Les lieux étaient déjà le choix des grands de l’Italie antique puisque
Pline l’ancien et son neveu y séjournèrent. Ce ne sera qu’une longue suite
de reconnaissance pour ces lieux où tous les grands de ce monde vinrent
séjourner et admirer la beauté des lieux. La végétation luxuriante se
nourrit à la douceur du climat en toutes les saisons. C’est une luxueuse
villa de vacances qui fut souhaitée par une noble famille milanaise au
milieu du XIX° siècle. Elle deviendra en 1873 le Grand Hôtel Villa
Serbelloni où des générations de visiteurs viendront admirer la profusion
des fresques et des peintures qui ornent les murs et les plafonds de cette
incroyable demeure. La « salle à manger » ravira les grands de ce monde
avec ses lustres en bronze et cristal, ses grands miroirs renvoyant
indéfiniment la lumière qui se perd dans la nuit estivale.
Les Souverains d'Espagne, de Roumanie, d’Albanie, d’Égypte ; la noblesse,
surtout russe et anglaise ; sir Winston Churchill, Roosevelt, les
Rothschild, J. F. Kennedy; Mary Pickford, Douglas Fairbanks, Maria Schell,
Clarck Gable, Robert Mitchum, Al Pacino sont parmi les prestigieux hôtes
qui ont goûté aux charmes d’un luxe sans cesse renouvelé.
Il faut
découvrir la Villa Serbelloni après avoir débarqué du petit bateau qui
traverse le lac de Côme et remonter les quelques mètres qui séparent
l’embarcadère de l’entrée de l’hôtel qui ravira les yeux les plus blasés.
La piscine et le lac sur la gauche bordent l’entrée prestigieuse dont tant
de célébrités franchirent le seuil… L’accueil chaleureux et en aucun cas
obséquieux guide l’hôte dans les méandres de couloirs où chaque chambre se
fait la promesse du repos du visiteur. Il faut se promener dans les grands
salons en imaginant Liszt trouver l’inspiration de ses fameuses études
d’exécution transcendante ou sa si belle « Après une lecture du Dante ».
Avec un peu de persévérance, il pourra même y apercevoir le piano sur
lequel le musicien joua.
Tout est prévu pour le repos et la détente des clients : piscine en plein
air ou couverte, Spa, saunas, salle de gym, tennis,… 73 chambres et 22
suites offrent un éventail complet d’hébergement ainsi qu’une restauration
haut de gamme avec deux restaurants, le Terrazza Serbelloni et le Mistral,
ce dernier étant le seul restaurant italien proposant une cuisine
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Le voyage dans
ce temple historique est une expérience inoubliable nous offrant de faire
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GRAND HOTEL VILLA SERBELLONI - BELLAGIO
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www.villaserbelloni.com
Les Origènes de
Meknès
Exposition
Evénement de Claude-Charles Mollard
Institut Français
de Meknès
25 mars – 30
avril 2009
A LA RECHERCHE DES
ORIGENES DE MEKNES…
Meknès, l’inexpugnable avec ses hauts
remparts, et Meknès cœur offert au soleil avec son éternelle médina, telles
sont les premières images qui frappent l’Européen découvrant pour la
première fois cette ville impériale trop longtemps restée dans l’ombre de
ses sœurs aînées. Cette ville nourrie par les contrastes ne cesse d’étonner
à la fois par sa diversité et en même temps par cette pulsion rythmique
ressentie dès que le soleil décline et que ses habitants se réunissent aux
terrasses des cafés dans la rue… ou sur la si belle place…
Car Meknès étonne l’Occidental habitué au
tourisme envahissant, dénaturant tout sur son passage. Certes, il ne s’agit
pas de faire de cette ville située au cœur des circuits organisés, un lieu
vierge de toute concession au dieu tourisme, mais ses rues, ses places, ses
maisons tout au moins pour la vieille ville et surtout ses habitants ont su
préservé quelque chose d’irremplaçable, encore peu altéré, à savoir la
spontanéité léguée par le passé. Si le marchandage règne pour tout achat, il
donne lieu à des palabres que l’acheteur se surprend à rechercher rapidement
et qui deviennent vite un mode de communication bien plus vivant que celui
des caisses enregistreuses. C’est en fait la vie qui règne dans la ville de
Meknès, une vie scandée par l’ineffable appel du muezzin plusieurs fois dans
la journée, un appel qui fera fondre le cœur le plus endurci à toute
transcendance, une vie sublimée par les couleurs et les odeurs qui
rappellent au promeneur que notre espace est fait de ces éléments, parfois
attirants, parfois repoussants, mais jamais indifférents…
Les regards se croisent dans les petites
ruelles de la médina, des regards toujours discrets et fiers à la fois,
l’Oriental ne toise pas, mais recueille discrètement l’attention qui lui est
portée. Tout est nuance dans ces multiples salam alikoum adressés
tout au long de la journée et dont les ruelles portent l’écho sans fin à
celui qui sait l’entendre. Meknès étonne et surprend l’Occidental
« habitué » à l’indifférence et suspect de toute attention portée sur lui.
Mais, s’il sait lui faire confiance et ouvrir son cœur, le promeneur
redécouvrira quelque chose qu’il porte en lui et qui ne demandera qu’à
refleurir : son humanité…
L’exposition des Origènes de Meknès a été
rendue possible grâce à l’Institut Français de Meknès. Trois expositions
resituent l’œuvre du grand photographe au cœur même de la ville qui a fait
naître ces créations artistiques.
Aux portes de la si belle médina de
Meknès, ces images fugaces et presque fantomatiques ont accepté, grâce à
l’art de Claude-Charles Mollard, d’être couchées sur papier photo pour la
plus grande surprise des habitants de la ville, particulièrement réceptifs à
ce qui est l’essence même de leur quotidien. Les nombreux curieux visitant
chaque jour la galerie de la fameuse porte Bab Mansour mais également les
nombreux promeneurs s’arrêtant devant les bannières disposées au sein de la
ville sont les témoins que les racines de l’homme sont toujours plus fortes
que les dispersions de la vie moderne…
Marie-Annick Duhard, la très dynamique
directrice de l’Institut Français, reconnaît que « ces manifestations
–qui n’en forment qu’une sont à leur tour emblématiques de l’esprit que nous
voulons donner à la programmation de l’Institut Français de Meknès : une
programmation dans et hors les murs, dans et avec la cité, accessible à
tous, exigeante aussi et racontant une histoire particulière et universelle.
Nous avons demandé à Claude-Charles Mollard de partir à la recherche des
traces qu’il identifie à Volubilis, dans la médina de Meknès, chez les
tanneurs, dans les oliviers, au Mausolée ou dans les Greniers de Moulay
Ismaïl, dans la médersa…
Son regard d’artiste a fait émerger une expression originale de l’Esprit de
la ville dans sa durée, le rendant ainsi proche du plus grand nombre. »
C’est bien là tout le talent du
photographe qui « révèle » au sens propre et figuré ce qui, en des
termes jungiens, pourrait relever de l’inconscient collectif. Tel un
anthropologue ou un historien des religions, Claude-Charles Mollard a
accepté cette invitation de l’Institut Français de Meknès à l’occasion de
deux résidences en octobre 2008 et en janvier 2009. C’est dans les ruelles
étroites de la médina, au pied des remparts majestueux de la vielle
impériale qu’il a effectué ses recherches, qu’il a tout d’abord apprivoisé
les éléments organiques de la ville pour mieux en découvrir le langage
symbolique caché à nos yeux dociles. Et c’est près de 250 « Origènes » qui
ont accepté de livrer leur image, toujours fugace et difficile à saisir.
Pour cela, des milliers de clichés ont été pris, de longues heures de marche
et de rencontre avec les habitants ont été nécessaires (lire notre interview
de l’artiste)…
Le résultat est saisissant, avons-nous
dit, et il est particulièrement pédagogique. Claude-Charles Mollard a, en
effet, tenu à ce que son travail artistique soit partagé avec le plus grand
nombre. Les Meknassi, mais aussi les élèves du Cours de langue de l’Institut
Français, se familiarisent avec cet univers jusqu’alors inconnu de leur
ville. Des classes « jeunes adolescents » vont même préparer une exposition
présentant les « Origènes » qu’ils auront eux-mêmes trouvés, bel exemple
d’initiative culturelle qui saura très certainement susciter des vocations
artistiques !
C’est tout l’esprit de l’Institut Français
qui se trouve concentré dans cette exposition à vocation rhizomique : une
initiative en fait naître de nouvelles, toutes tissées de liens communs,
mais donnant lieu à des initiatives spécifiques.
Claude-Charles Mollard
nous décrit son parcours des Origènes de la porte Bab Mansour à la médina de
la ville de Meknès
Les « Origènes de la nature » de Meknès
Les
oeuvres de Claude-Charles Mollard affichées dans la ville
"Sans doute la Médina est-elle un espace urbain plus minéral que végétal –
encore qu’on y rencontre au gré de la promenade de très vieux et beaux
mûriers.
Mais, l’espace qui sépare la vieille ville de la ville moderne a
heureusement été conservé en jardins et espaces verts. Il est comme un
poumon de la ville. Il donne à la vieille ville son caractère monumental.
Les « Origènes de la nature » font donc partie intégrante de la ville : ses
oliviers bien entendu, mais aussi ses mûriers et ses palmiers. Trois types
d’arbres qui ont du caractère : l’écorce de l’olivier, surtout si elle est
centenaire, est un vrai nid d’Origènes ; celle des mûriers renferme des
infractuosités pleines de surprises ; et celle des palmiers, noble et
architecturée, est une invitation permanente à la contemplation.
Depuis l’origine des temps, les hommes n’ont-ils pas eu tendance à honorer
l’esprit des arbres ? "
Les « Origènes antiques » de Volubilis
La
grande cité antique de Volubilis près de Meknès
"Les « Origènes antiques » expriment l’ancienneté de la ville et de ses
environs, et aussi sa richesse économique. Les Romains, qui s’y
connaissaient en qualité de terre, n’avaient pas choisi ce lieu par hasard :
la région de Meknès a su conserver et faire fructifier son capital agricole
; ville d’histoire, elle possède un capital touristique et culturel unique
au Maroc.
Et comment ne pas percevoir le parallélisme frappant entre le décor de
mosaïque des palais de la ville et celui de certaines mosaïques romaines ?
La taille de la pierre antique n’anticipe-t-elle pas celle entreprise en son
temps par Moulay Ismaïl qui a construit le Versailles Meknassi ? Les ombres
des Romains ne continuent-elles pas de planer sur la ville ? Les « Origènes
» de la ville antique de Volubilis sont comme les fantômes des êtres qui y
ont vécu…"
Les « Origènes » de la tradition ornementale de
Meknès
Les
Origènes dans la quotidien de la ville
"L’art arabo-musulman fait une large place au décor, à l’écriture, aux
formes abstraites. Il croise ainsi le sens et la forme.
Le regard peut aussi découvrir dans ces formes d’autres signes, des clins
d’œil, des connivences. Ainsi de cette ressemblance frappante entre un
élément de décor de la Médersa et des gâteaux du marché couvert, comme si la
pâtissière avait intégré au plus profond de sa vie cet art de faire sculpté
voici des centaines d’années…
Le Meknassi est ainsi beaucoup plus ancré dans la tradition de sa ville
qu’il n’y paraît. Les écritures du Coran dévoilent leur richesse évocatrice,
le travail de marqueterie ou de mosaïque prend un sens contemporain. Le
passé se vit au présent. L’ « Origène » ne délaisse pas les lieux du culte
et de la culture Meknassi."
Les « Origènes des tanneurs » de Meknès
"J’ai choisi de faire un sort privilégié
aux « Origènes des tanneurs ». J’aurais pu également m’intéresser à ceux de
la céramique, de l’extraction de l’huile d’olive ou encore du façonnage du
métal ou du bois. Mais le travail du cuir est fascinant, car il met en
marche toute une chaîne de transformation qui va de la peau de la bête à
peine équarrie jusqu’au sac artisanal le plus raffiné.
Nulle part mieux qu’à Meknès, ne se découvre l’âpreté de la naissance du
cuir, à travers une relation quasi charnelle entre l’homme et la bête, entre
la peau encore ensanglantée et le cuir soumis aux soins préalables, aux
bains successifs, aux séchages et découpages… Autant de travaux
spectaculaires intégrés dans une tradition et un art de vivre et de faire.
La vision de ces peaux en voie de transformation est riche d’ « Origènes »
qui parfois semblent se réjouir d’accéder à un nouvel état, comme on renaît
à une nouvelle vie. Parfois, au contraire, ils expriment la souffrance de la
bête qui fait partie du paysage de l’homme, tout en étant condamnée à le
servir… "
Les « Origènes quotidiens » de Meknès
"J’ai longuement arpenté les rues de la
ville. Je me suis fait accompagner par certains de ses habitants qui m’ont
guidé dans ses dédales. Je m’y sens observé par les myriades de petits êtres
qui en peuplent les murs…
J’ai rencontré ainsi des « Origènes » à l’angle de murs chaulés, sur des
portes restaurées, derrière des grilles, sur des plaques de métal, des
rideaux métalliques… partout.
Souvent les Meknassi me regardent intrigués, car le photographe d’ «
Origènes » qui prend des photos de très près, ne passe pas inaperçu !
Alors, chemin faisant, je montre à mes témoins l’image que je viens de
capter sur mon écran photo-numérique. Ils sourient souvent, m’encourageant
dans ma chasse aux « Origènes » en m’apportant ainsi leur approbation
complice et faisant preuve de cette hospitalité qui fait l’esprit et le
charme de la ville."
Interview Claude-Charles Mollard
Paris, jeudi 8 avril 2009.
LEXNEWS : « Vous avez fait carrière dans les plus
hautes administrations de l’Etat, comment caractériseriez-vous votre
parcours qui vous a mené très tôt vers l’art ? »
Claude-Charles Mollard : « un goût personnel, une appétence qui m'est propre,
ainsi que des éléments familiaux m’ont conduit à ce rapprochement vers
l'art. Il est vrai qu'au départ, je me dirigeais plutôt vers la politique et
les finances. Si j'ai en effet commencé à la direction du budget, très
rapidement au bout deux ou trois ans, je me suis retrouvé secrétaire général
du centre Pompidou. J'ai eu très tôt une orientation politique en militant
au PSU avec Michel Rocard, après avoir été secrétaire de Pierre
Mendès-France, mais parallèlement j'ai toujours fait de la photo. Cependant,
tant que j'avais des responsabilités, je me suis toujours interdit de
montrer mes photos…
J'ai une conception de la chose publique qui me porte à penser
qu'aujourd'hui nous agissons moins sur les structures économiques que sur la
culture, les comportements, les idées... Ce qui me distingue du point de vue
marxiste sur cette question. Après deux ans d'expérience, François
Mitterrand et le gouvernement de gauche ont dû choisir le marché contre le
plan. Lorsque nous faisons le bilan, que reste-t-il de ces années Mitterrand
? Essentiellement une politique culturelle… Il y a là un certain
renversement des valeurs, et ce qui dure le plus, c'est la culture ! Être
citoyen, c'est pouvoir se livrer à sa propre créativité. Je pense que
potentiellement, nous sommes tous plus ou moins artistes et que la société
nous interdit de l’être. Pour moi une politique de gauche, c'est une
politique culturelle de gauche. C'est ma motivation principale. J'ai donc
choisi après mai 68 de ne plus militer dans les partis politiques de gauche,
mais de militer dans les institutions, au coeur même de la République, qui
me paraissaient compatibles avec mes idées. Ce fut le centre Pompidou,
l'Union centrale des arts déco… Il me semble que tout ce que j'ai fait est
cohérent avec cette idée. »
LEXNEWS : « Quel décalage avez-vous pu constater
entre cet idéal et les impératifs économiques que vous connaissez
certainement mieux que quiconque ? »
Claude-Charles Mollard : « Il y a en effet beaucoup de freins dans un système
institutionnel français spécialement compliqué. Il y a toujours une
multiplicité d'acteurs pour le moindre projet avec une décentralisation qui
n'est pas menée jusqu'au bout et un État qui ne délègue pas complètement.
Dans le domaine de la culture, il suffit de peu d'argent pour que cela
représente paradoxalement beaucoup d'argent ! Les expositions aujourd'hui
attirent un grand nombre de personnes. En période de crise, les Français
sont plus attirés par la culture qu'en période d'opulence. Pour quelle
raison ? Il y a un besoin de sécurité, de contemplation, un mélange de fuite
et en même temps de confrontation à la réalité. Ce n'est donc pas le moment
de couper les budgets de la culture surtout lorsque vous les comparez aux
centaines de milliards que l'on voit jongler au-dessus de nos têtes. Il
s'agit que de quelques millions par-ci ou par-là. Par exemple, je travaille
actuellement avec Jack Lang et les responsables de l’IMEC au transfert et au
sauvetage de l'atelier typographique de l'Imprimerie nationale qui est un
trésor national français avec 500 000 caractères classés monuments
historiques, cette opération n'est qu'une affaire de 20 millions d'euros !
Vous allez me dire que c'est beaucoup, mais en même temps 20 millions
d'euros, qu'est-ce ? Je m'occupais des finances chez Jack Lang en 1981. J’ai
eu la responsabilité de doubler le budget du ministère de la culture. Il
s'agissait de passer à l'époque de 3 milliards à 6 milliards de francs, ce
fut certes une révolution, mais bien modeste par rapport aux budgets de
l'économie nationale. La capacité d'entraînement, la mobilisation, la
motivation d'initiative que représente un euro dans le domaine culturel est
beaucoup plus forte qu'un euro dans le domaine industriel ou commercial ! »
LEXNEWS : « Comment avez-vous connu la photographie
? »
Claude-Charles Mollard : « Cela remonte à très loin. J’ai vécu, jeune, dans
une chambre qui était fermée par des rideaux qui laissaient passer la
lumière par de petits interstices. J'avais ainsi sur le mur opposé les
images inversées du paysage, si bien que j’aime à dire que je suis né dans
une « camera oscura », une chambre obscure ! J'ai reçu mon premier appareil
photo vers 13 ans et depuis, j'ai toujours fait des photos. J'ai été attiré
pendant très longtemps par les aspects matiéristes de la nature ou de la
ville, des images très « art brut », si vous voulez. J'étais proche de Jean
Dubuffet, je retrouvais dans le domaine de la photo ce que lui faisait avec
des textures et de la peinture. J'ai ainsi photographié beaucoup d'objets de
nature jusqu'au jour où l'idée de visage s'est emparée de moi. J'ai fait
partie du club des 30-40 dans le domaine de la photo, j'ai exposé avec
Cartier-Bresson, Boubat et quelques autres en 1969 à la Maison pour tous de
la rue Mouffetard. Je me suis arrêté de montrer ma photographie très vite,
en 1971, dès la construction du centre Pompidou, pour les questions de
déontologie que j'évoquais tout à l'heure. Je ne pouvais pas être à la fois
artiste et dirigeant de l’administration de la culture ! Il y aurait eu
conflit d’intérêts.
Mon travail est fondé sur l’usage conjoint du réalisme et du sur-réalisme.
Je vise toujours le réalisme le plus grand dans les détails pour mieux faire
voir l’imaginaire. Je me dois d'être réaliste pour montrer que les visages
que je vois sont issus de cette réalité. C'est une question de regard !
C'est pour ces raisons que je ne retouche pas mes photos alors même que tout
est possible aujourd'hui avec la technologie numérique. On estime que je
fais de la photographie plasticienne. Jean-Luc Monterosso, directeur de la
Maison européenne de la photographie, considère que j’appartiens à la
catégorie des photographes plasticiens. »
LEXNEWS : « Vous
avez fait vôtre une quête photographique des Origènes. Ce vocable évoque à
la fois les aborigènes, les origines, les gènes… »
Claude-Charles Mollard : « Origènes, au sens étymologique du mot, veut dire «
êtres des origines ». Effectivement mon travail est fondé sur l'idée de
mimétisme. Ce que René Girard fait sur un plan littéraire, je le fais sur un
plan visuel. Je m'efforce de reconstituer ce qu'a pu être le mimétisme de
l'homme primitif dans sa relation avec la nature, au moment où il n'avait
pas encore conscience qu'il était l'homme qui allait dominer la nature. Il
est encore issu de la nature, il en fait partie à part entière. Ce mot
renvoie à cette idée des origines de l'homme et donc de la Préhistoire.
L'homme primitif n'a pas encore dominé le feu, néanmoins une intelligence
visuelle existe déjà en lui. Je pense qu'une partie importante du
développement de la conscience de l'homme vient de cette intelligence
visuelle. Le regard qu'il a pu jeter alors sur la nature est un regard
imaginaire dans la mesure où il produit des images, des images sur
lesquelles l'homme va parler, va fonder des légendes et qui sont à l'origine
de la culture. René Girard fonde l'origine de la culture sur le meurtre
symbolique de la victime expiatoire. Mais, avant même qu'il y ait une
victime expiatoire, il y a le regard mimétique dont il parle d'ailleurs. Je
ne suis pas nécessairement dans le narcissisme, mais l'homme peut tout de
même se reconnaître dans la nature. De ce point de vue, mon regard est
animiste. Effectivement, Christine Bucci-Glucksmann, dans l'ouvrage qu'elle
m'a consacré, parle des « visages d'avant les dieux », c'est-à-dire des
visages perçus par l'homme dans la nature avant même qu'ils aient été
rationalisés dans un système religieux ou philosophique. C'est cette
situation qui m'intéresse et que j'essaye de reconstituer d'une certaine
manière en me posant cette question : si cet homme-là, il y a 1 million
d'années, avait disposé de mon Leica, quelles photos aurait-il prises ? Je
pense qu'elles auraient été très peu différentes de celles que je propose. »
LEXNEWS : «
Comment cette rencontre a-t-elle eu lieu ? »
Claude-Charles Mollard : « Cela s'est fait progressivement. J'ai retrouvé
récemment certaines de mes photos anciennes, l’une datait de 1973, et
représentait déjà des visages dans des rochers ! Et pourtant, à cette
époque, je n'avais pas consciemment mis en oeuvre cette recherche. Cela
s'est surtout développé à Petra et à Stromboli au début des années 2000.
Petra offre une nature très travaillée par l'érosion, ce qui est également
le cas pour l'île de Stromboli. Il y a des lieux qui sont plus riches en
Origènes que d'autres. À la suite de cela, j'ai recherché des lieux forts.
Il s'agit de lieux où l'homme rencontre le feu des volcans. Cela m'a amené à
présenter à Meknès la relation entre les Origènes naturels du volcan et les
Origènes culturels de Pompéi. Cela a été l’occasion de réfléchir à la
disparition des reliefs et des images sous l’effet de l'érosion, et à la
réapparition de nouvelles images, de nouveaux visages, grâce à mon appareil
photo, donnant ainsi une ultime vie à cette peinture qui est vouée à
disparaître de nouveau. Je recherche donc des lieux extrêmes, très porteurs
en images et qui sont d'ailleurs porteurs d'une partie de la mythologie
grecque. J'irai en septembre au Machu Picchu, au Pérou, pour observer les
traces de la disparition des Incas. Je suis allé beaucoup au Brésil où je
trouve une nature très puissante et très forte. Mon ami Frans Krajcberg, le
plus grand sculpteur brésilien contemporain, m'a encouragé à faire ce
travail là-bas. Lui-même réalise un magnifique travail artistique sur des
arbres brûlés de l'Amazonie en leur donnant une nouvelle vie grâce à ses
sculptures. De ce point de vue là, il y a des natures plus sacrées que
d'autres. »
LEXNEWS : « Vous avez dit : « celui qui n’est pas
observé n’existe pas. » Comment abordez-vous ces Origènes et se laissent-ils
apercevoir facilement ? »
Claude-Charles Mollard : « Chaque fois que l'on est seul dans une nature
forte, on se sent observé. C'est une des raisons pour lesquelles les visages
que je photographie sont des visages frontaux. Il s'agit toujours d'un
face-à-face. Mais ce face-à-face me permet aussi d’éviter un autre
face-à-face avec les humains ! Photographier dans la ville est très
différent de photographier dans la nature. J'ai appris à connaître à Meknès
que mon face-à-face avec les choses me permettait de mieux voir les visages
humains : c’est paradoxal, mais comme les femmes sont voilées et que les
hommes n'aiment pas non plus être photographiés par un Européen -ce que l'on
peut certes comprendre- je me suis rendu compte qu'en photographiant les
choses, je pouvais en fait retrouver les êtres ! Je transfère ainsi ma
recherche d'identité d'un lieu et d'identité d'un groupe social sur les
choses qui les environnent. Ainsi naissent les « Origènes urbains ». Par la
suite, je montre aux vraies personnes dont j’ai photographié les à-côtés,
mes visages d’Origènes et ils se reconnaissent ! C'est une réaction
extraordinaire. Maintenant, lorsque je me rends dans la médina, je suis
Monsieur Claude parce que j'ai passé du temps à leur expliquer ma démarche
et à leur montrer mes tentatives grâce au numérique. Leur regard change
immédiatement ! Un autre exemple est également significatif : j'ai pris une
photo de pâtisserie dans la médina où j’avais vu un visage. Ces pâtisseries
reproduisaient en fait des formes structurelles de bas-reliefs de la médersa
de Meknès du XVIIe siècle : sans s'en rendre compte les pâtissières avaient
reproduit des signes qui sont dans leurs gènes puisque les artisans qui les
avaient précédés avaient répété ces gestes pendant des siècles. Je vois là
un signe fort d’appartenance à une culture. Je vais alors généraliser la
démarche et travailler sur les Origènes des quartiers de Meknès où les gens
vont retrouver dans la rue mes photos qui renvoient à leur vie et à leur
histoire. Je vais procéder de la même manière pour les Origènes de la ville
de Lille que j’ai en projet. C'est également avec les habitants que je vais
faire cela, en leur montrant qu'il y a des signes qu'ils ne voient pas, mais
qu’ils peuvent reconnaître. »
LEXNEWS : « Ne redécouvrez-vous pas une certaine
forme originelle de sacré en acceptant de regarder humblement ce qui n’est
plus guère regardé aujourd’hui dans nos sociétés occidentales ? »
Claude Mollard-Charles : « Découvrir le visage de l'homme dans la nature,
c'est se contraindre à accepter que l'on descend de la nature, dit autrement
: que l’homme descend de l’arbre ! Ce cheminement est très important
aujourd'hui, car il s'oppose à celui hérité du christianisme. Il ne s'agit
pas de faire acte d'une soumission primaire à la nature, mais plutôt de se
mettre dans une position de modestie par rapport à un ordre qui nous domine.
Il faut d'ailleurs accepter qu'il nous domine puisque nous n'avons pas
encore compris toutes les subtilités qui le composent. Il s'agit en effet
d'une démarche philosophique, c'est-à-dire d'une prise de distance par
rapport aux choses et une modestie par rapport aux entreprises de l'homme.
S'agit-il du sacré ? Le sacré n'est pas nécessairement le religieux. Pour
René Girard, c'est ce qui est lié au meurtre fondateur. Pour moi, il s'agit
plutôt du mouvement de retranchement de la vie quotidienne. C'est franchir
le cercle et se mettre dans un ailleurs que l'on crée soi-même. Cela peut
être autour d'un arbre, d'une forêt, d'un lieu… Les romantiques ont beaucoup
développé cette idée. Victor Hugo pratique également beaucoup ce sens du
sacré. Je suis assez porté vers cette dimension qui redonne sa place à la
spontanéité et remet en cause les systèmes religieux avec la monstruosité
dont l’histoire nous a montré qu’ils étaient capables. »
LEXNEWS : « Merci
Claude-Charles Mollard pour ce beau témoignage qui devrait très certainement
inciter plus d'une personne à regarder autrement notre quotidien pour y
redécouvrir ce qui nous a donné naissance !"
"Origènes : Les visages d'avant les
dieux" de Claude-Charles Mollard et Christine Buci-Glucksmann Edition du
Cercle d'Art
" Le peuple des Origènes se niche partout : dans les pierres du chemin,
les nœuds des troncs d'arbres, les buissons de ronces, les lichens des
rochers... Depuis des millions d'années ils regardent en silence les hommes
qui ne les voient pas. J'ai photographié le premier Origène dans les
carrières antiques de marbre de l'île de Paros, dans les Cyclades, où les
sculpteurs firent surgir de la pierre le visage de l'homme, à moins que ce
ne soit sur les flancs du volcan Stromboli né des noces du feu et de la mer
parmi les îles Eoliennes, ou encore dans les ruines de Pompéi, ou dans la
nature exubérante du Brésil... Depuis lors, je les vois partout : ils
crient, ils rient, ils pleurent, ils se moquent, ils éprouvent des
sentiments comme des humains. " Tout vit, tout est plein d'âmes " : Victor
Hugo n'était pas loin de penser que Dieu se cachait dans les coins et
recoins de la nature. Monstres, fantômes ou dieux, ils sont arrivés sur
terre bien avant nous. Ces Origènes, cousins des Aborigènes, sont devenus
mes compagnons de voyage, ils jouent à me faire rire ou à me faire peur. Ils
peuvent paraître froids comme le marbre, impassibles comme le bois. Mais à
force de les regarder derrière mon objectif, j'ai pris goût à les
fréquenter. Peut-être ai-je commencé à les apprivoiser. J'ai même surpris
l'un d'entre eux me
jeter un clin d'ail ! Faites comme moi : ouvrez l'œil. Vous les verrez, ils
vous regarderont, ils vous feront rêver, vous vivrez mieux. " C.-C. M
Biographie de l'auteur
Christine Buci-Glucksmann, philosophe, Professeur émérite de l'Université de
Paris 8 (Arts plastiques), est l'auteur de nombreux livres et catalogues
parus en France et à l'étranger. Parmi ses dernières publications, on peut
citer : L'esthétique du temps au Japon, Du zen au virtuel, Galilée 2001 ;
Esthétique de l'éphémère, Galilée, 2003 ; Au-delà de la mélancolie, Galilée,
2005.
"Pompéi : métamorphose du portrait"
Photographies de Claude-Charles Mollard Textes de Pascale Lismonde, Claude
Mollard et Michel Sicard Editions du Très Grand Véda, 2008 (commande sur le
site de C.C. Mollard :
www.claudemollard.fr )
" Les “Origènes” aident à donner forme à ce heurt titanesque entre les
forces de la nature et celles de la culture. Les “Origènes” de la nature, du
volcan, des forces telluriques de la terre, n'ont-ils pas eu raison, en 79
de notre ère, des oeuvres d'art et de culture, de la ville, de sa
civilisation ? Mais la destruction, par son caractère total, par
l'enfermement des hommes et des choses qui en a résulté, pendant dix-sept
siècles, n'a-t-elle pas fait de la ville un immense tombeau et un
conservatoire inespéré d'une époque antique reluisante ? Cette destruction
qui paraissait absolue ne s'avère-t-elle pas en réalité illusoire, puisque
l'archéologie nous donne à voir les traces quasi-intactes laissées par les
victimes et leur environnement familier immédiat?
De là, ce désir de découvrir ou recomposer les traits précis de leurs
visages, ce qui peut sembler possible si l'on admet qu'il y a mimétisme
entre l'art, les fresques, les objets personnels et leurs auteurs ou usagers
antiques : pourquoi ne pas retrouver les portraits des victimes sous forme
d'“Origènes” de la peinture ?" (Extrait)"Pompéi : métamorphose du portrait"
Photographies de Claude-Charles Mollard Textes de Pascale Lismonde, Claude
Mollard et Michel Sicard Editions du Très Grand Véda, 2008
"Les “Origènes” aident à donner forme à ce heurt titanesque entre les forces
de la nature et celles de la culture. Les “Origènes” de la nature, du
volcan, des forces telluriques de la terre, n'ont-ils pas eu raison, en 79
de notre ère, des oeuvres d'art et de culture, de la ville, de sa
civilisation ? Mais la destruction, par son caractère total, par
l'enfermement des hommes et des choses qui en a résulté, pendant dix-sept
siècles, n'a-t-elle pas fait de la ville un immense tombeau et un
conservatoire inespéré d'une époque antique reluisante ? Cette destruction
qui paraissait absolue ne s'avère-t-elle pas en réalité illusoire, puisque
l'archéologie nous donne à voir les traces quasi-intactes laissées par les
victimes et leur environnement familier immédiat?
De là, ce désir de découvrir ou recomposer les traits précis de leurs
visages, ce qui peut sembler possible si l'on admet qu'il y a mimétisme
entre l'art, les fresques, les objets personnels et leurs auteurs ou usagers
antiques : pourquoi ne pas retrouver les portraits des victimes sous forme
d'“Origènes” de la peinture ? " (Extrait)
L'Institut Français de Meknès
Calendrier de l’événement : Les Origènes de
Claude-Charles Mollard à Meknès
Expositions :
- Mercredi 4 mars – vendredi 17 avril 2009 : Le peuple des Origènes
Institut Français de Meknès : Hall, Théâtre, Cours de langue, Cafétéria
- Mercredi 25 mars – jeudi 30 avril 2009 : Les Origènes de Meknès
Carrefour de l’Institut Français
Place Administrative
Avenue Moulay Ismaïl
Bab Bou Ameïr
Bab Bardaïn
Bab Jdid
Bab L’Khmiss
Bassin de l’Agdal
Avenue Zine El Abidine
Place Lalla Aouda
Galerie Bab Mansour
- Mercredi 3 – mardi 30 juin 2009 : Les Origènes des enfants du cours de
langue
Institut Français de Meknès : Hall, Théâtre, Cours de langue, Cafétéria
Conférences :
Mercredi 4 mars 2009 : Les Origènes
Médiathèque de l’Institut Français de Meknès
Jeudi 26 mars 2009 : L’ingénierie culturelle
Université Moulay Ismaïl
Marie-Annick DUHARD, directrice de l’Institut Français de Meknès
remercie pour leur soutien :
- Monsieur Mohamed FAOUZI, Wali de la Région Meknès – Tafilalet
- Monsieur Mohamed BOURHIM, Président de la Commune Urbaine
- Monsieur Maati DABAJ, Pacha Machouar Stinia
Institut Français de Meknès, Rue Fehrat Hachad,
B.P. 337 – 50 000 Meknès
Tél. : 00212 5 35.51.65.00 – Fax: 00212 5 35.51.01.70 –
contact@ifmeknes.ma
Un message de Claude-Charles Mollard
adressé tout spécialement